Gielen et Das Klagende Lied
Gustav Mahler (1860-1911) : Das Klagende Lied. Brigitte Poschner-Klebel, soprano ; Marjana Lipovšek, mezzo-soprano ; David Rendall, ténor ; Manfred Hemm, baryton. Wiener Singakademie, ORF Vienna Radio Symphony Orchestra, Michael Gielen. 1990. Livret en anglais et allemand. Orfeo. C 210021.
Le label Orfeo semble amorcer une série de parutions documentées en hommage au chef d’orchestre Michael Gielen au pupitre de l’Orchestre radio-symphonique de Vienne dont il fut un invité régulier. Venant après une intéressante Missa Solemnis de Beethoven, cette nouvelle parution propose le Klagende Lied de Mahler dans la version révisée de 1899.
Oeuvre hybride et assez mal aimée du corpus mahlérien, ce Klagende Lied n’a jamais connu la popularité des grandes fresques chorales et instrumentales. Il faut dire que cette version révisée de 1899 requiert outre un orchestre en tutti, un choeur mixte et quatre solistes vocaux, un orchestre de coulisse composé d’une bonne douzaine de musiciens. Une partition qui nécessite un gros engagement interprétatif mais peu spectaculaire par rapport aux autres partitions du compositeur : elle ne paye pas au concert ! A l’inverse d’une symphonie ou d’un Lied von der Erde.
Mahlérien émérite, Michael Gielen n’avait pas laissé de gravure de cette oeuvre lors de son mandat auprès de l’Orchestre de la SWR de Baden-Baden et Freiburg, c’est donc avec intérêt que l’on découvre cette captation de concert au Konzerthaus de Vienne qui complète sa discographie.
La direction de Gielen est à la fois précise et narrative. Son expérience de chef lyrique lui permet de cerner la partition en évitant de s’enliser alors que sa maîtrise des grandes oeuvres du XXe siècle l’aide à galvaniser les forces musicales avec concentration. La distribution est solide, sans plus, alors que les chœurs et l’orchestre sont attentifs et vaillants.
La captation radiophonique n’est pas des plus flatteuses et semble assez lointaine et assez pauvre en couleurs. Dans un contexte discographique très qualitatif, on préfèrera les versions Boulez (Sony), Tilson-Thomas (Sony), Chailly (Decca), Rattle (Warner). Ce document est intéressant mais à réserver aux archivistes mahlériens.
Son : 7 Notice : 8 Répertoire : 9 Interprétation : 8
Pierre-Jean Tribot