Jean Roger Ducasse, 150 ans

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Le compositeur français Jean Jules Aimable Roger Ducasse est né le  à Bordeaux et décédé le  au Taillan-Médoc (Gironde).

Son père est assureur maritime. Il grandit au Taillan, près de Bordeaux, dans la propriété de Pichebouc. Il va à l'école de musique de la Société Sainte-Cécile, fondée en 1843 par Costard de Mézeray, qui deviendra le Conservatoire de Bordeaux.

En 1889, son père meurt et il est obligé de prendre un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille. En 1891, il réussit le Concours du Conservatoire de Paris et s'installe dans le XVIIe arrondissement.

Au Conservatoire de Paris, il devient l’élève de Charles-Auguste de Bériot, d'Émile Pessard, André Gedalge et Gabriel Fauré, Maurice Ravel, Charles Koechlin, Florent Schmitt, Raoul Laparra et Georges Enesco dont il demeurera en quelque sorte l’héritier spirituel et l’ami très cher. Il se lie aussi à Marie Fauré-Frémiet ainsi qu'aux enfants du couple, Emmanuel Fauré-Frémiet et Philippe Fauré-Frémiet.

Il fait jouer à la Société Nationale de Musique sa Petite suite pour piano en 1898 et Deux Rondels en 1899. En 1901, il tente le Concours du Prix de Rome mais il ne le remporte qu'en 1902 où il obtient le Premier Second Prix de Rome. Il le retente en 1903 mais ne le remporte pas. Son premier Quatuor à cordes, sa Romance pour violoncelle et piano, son Allegro appasionato et ses œuvres symphoniques traduisent sa personnalité.

En parallèle, Gabriel Fauré lui confie la réduction pour piano et chant de son Requiem op. 48, de son Pelléas et Mélisande op. 80, et la révision du poème symphonique Prométhée.
Il écrit de 1901 à 1905 Au Jardin de Marguerite où il fait passer l’essentiel de la poésie de Goethe, et un poème symphonique pour chœur mixte et orchestre : la Sarabande. En 1909, la Suite française triomphe aux Concerts Colonne. La même année, il commence à mettre en musique La Ville morte de Gabriele d'Annunzio, sans savoir que ce dernier a demandé la partition à Raoul Pugno et Nadia Boulanger.

En 1910, il crée la Pastorale pour orgue lors du concert inaugural de la Société Musicale Indépendante. Seule pièce pour orgue, elle est rarement jouée en France de nos jours, à cause, entre autres, de sa difficulté : écrite en 1909, elle est une des pièces de virtuosité du début du xxe siècle. D'autre part, elle a été éclipsée par d'autres styles d'écriture plus récents. Cette œuvre jouit néanmoins d'une grande popularité aux États-Unis et elle est éditée chez Durand. La même année, il dirige Sur quelques vers de Virgile au Trocadéro

En 1911, son Prélude pour un ballet est créé et attire l'attention de Sergei Diaghilev et Michel Fokine.
L'année 1911 voit aussi la mort de sa mère, lui laissant ses sœurs Marguerite et Yvonne à charge -sa sœur Jeanne est alors mariée et son frère Daniel est mort prématurément en 1908.

Gabriele d'Annunzio lui demande alors d'écrire une partition pour son drame Le Martyre de saint Sébastien, mais Roger-Ducasse refuse et le projet échoit à Claude Debussy.

Roger Ducasse reçoit la demande d'Alexandre Ziloti, chef d'orchestre à Saint-Pétersbourg, qui lui commande une pièce sur le mythe d'Orphée. Il commence donc à écrire Orphée, sur un livret écrit par lui-même et qui suit fort bien le mythe. Mais la pièce sera mise de côté durant la Première Guerre mondiale. Des fragments symphoniques seront cependant joués aux Concerts Lamoureux le 9 janvier 1914. Ce mimodrame est monté par Léo Staats et interprété par Ida Rubinstein en . L’œuvre sera jouée à Hanovre en 1929 où elle aura un grand succès.

Il se lie aussi d'amitié avec Marguerite Long qui crée en 1917 les Variations sur un choral. Il l'accueillera  Taillan dès son veuvage.

L'année 1918 voit aussi la mort de Lili Boulanger et de Claude Debussy. Il terminera la Rapsodie pour saxophone en hommage posthume et comme engagement auprès d'Emma Debussy, mais aussi le ballet La Boite à joujoux et les Proses lyriques dont il termine l'orchestration esquissée par Claude Debussy.

À partir de cette année là, la vie musicale reprend autour du Groupe des Six. Entre 1918 et 1920, il compose son Nocturne de printemps, dédié à « ma chère maison des champs » au Taillan-Médoc et qui est créé aux Concerts Pasdeloup le 13 janvier sous la direction de Rhené-Baton. En 1919, il compose une Marche française où l’on peut entendre un chant funéraire d’une rare émotion. Il travaille aussi à une Symphonie sur la cathédrale de Reims qui s'inspire de la cathédrale que les bombardements ont très largement abimée. Cette symphonie sera écrite pendant plusieurs années et on en trouve des traces dans sa correspondance avec André Lambinet. Il écrit aussi les Barcarolles, une Romance et un Impromptu pendant ces années-là.

En 1922 est créé, aux Concerts Colonne et sous la direction de Gabriel Pierné, Epithalame, commande de Walter Damrosch, chef d'orchestre américain, proche de Nadia Boulanger et fondateur de l'École de musique de Fontainebleau. La même année, il compose, d'après commande de Henry Prunières, un Poème symphonique sur le nom de Gabriel Fauré. L’œuvre sera créée en 1923 aux Concerts Pasdeloup.

Cantegril (personnage représentatif du Midi, entouré d’un monde extrêmement vivant) fut une œuvre moins heureuse car elle demandait beaucoup d’interprètes (32) dont les rôles sont écrits avec beaucoup d’exigences. Il en fait son véritable chef-d’œuvre, qui est représenté le  à l’Opéra-Comique.

En 1928, il devient Inspecteur principal de l'enseignement du chant dans les écoles de la Ville de Paris, succédant à Auguste Chapuis. L'année suivante, il entre comme professeur de la classe d'accompagnement où Nadia Boulanger lui succédera. L'année suivante, il reçoit le Prix Lasserre, récompensant l'ouvrage le plus brillant de l'année, pour son opéra-comique Cantegril. Il compose alors Deux Choeurs pour voix mixtes et Madrigals créés en 1925 aux Concerts Pasdeloup sous la direction de Rhené-Baton.

Il écrit le poème symphonique avec chœurs Ulysse et les Sirènes en 1937, dirigé aux Concerts Lamoureux en 1938 par Eugène Bigot. L’œuvre tout entière est d’une poésie pénétrante avec, au fond, les voix du chœur dans l’orchestre. Un deuxième Quatuor à cordes -son testament musical- est créé à Bordeaux le , au Château de la Brède.

Il succède en 1935 à Paul Dukas comme professeur de composition au Conservatoire de Paris (Tony Aubin lui succédera en 1946). Il a eu pour élèves Jehan Alain, André Lavagne.

Il aura exercé son art simplement avec franchise. Pour certains, il pratiquait le « culte de l’impopularité ». En effet, il ne cherchait pas à plaire mais il était très scrupuleux, n’hésitant pas à détruire des œuvres qui ne lui convenaient pas.

 

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