La Messe des morts de Verdi par Gianandrea Noseda

par
Requiem Noseda

Guiseppe VERDI
(1813 - 1901)
Requiem
London Symphony Orchestra, Gianandrea Noseda, direction – London Symphony chorus, Simon Halsey, chef de chœur – Erika Grimaldi, soprano – Daniel Barcellona, mezzo-soprano – Francesco Meli, ténor – Michele Pertusi, basse
2016-SACD-77’55-Textes de présentation en anglais, français et allemand-LSO Live-LSO0800

Il ne faudra que quelques mesures et plus particulièrement ce début sotto voce presque inaudible pour saisir le ton donné à cette proposition du Requiem de Verdi par le London Symphony Orchestra. Très vite apaisé par la majorisation du matériau musical, le climat laisse entrapercevoir le chemin que va mener et conduire le chef et nouveau directeur musical du National Symphony Orchestra (Washington), Gianandrea Noseda, dans cette messe des morts imaginée en 1874 en hommage au romancier et poète italien, Alessandro Manzoni. Premier point fort : la noblesse des chœurs que l’on a déjà pu voir briller dans Scriabine, Brahms, Schumann ou encore Szymanowski. Du murmure initial découle une présence vocale hors-pairs qui déploie de manière intelligible le texte et les nombreux contrastes, tantôt calmes et apaisés, tantôt frappés par la douleur et la peine. Entre chuchotements et tutti magistraux, à cappella ou accompagnés, jamais la clarté du propos n’est mise en défaut. Il suffira d’écouter ce long « Dies irae » caractérisé par les quatre accords du Jugement dernier pour s’en convaincre. Le génie de Noseda réside ici dans la manière dont il parvient à créer une balance homogène entre l’orchestration brillante du compositeur de Don Carlos, toujours à l’affut du plus petit détail, et la place importante que prennent solistes et chœur. En ce sens, rien n’est oublié, même s’il s’agit d’une version live avec les risques naturels du direct. On doit aussi au quatuor de solistes la capacité à rentrer dans les atmosphères insufflées par le chef en apportant ce qu’il faut de dramatisme tout en évitant, même si cela n’est pas interdit compte tenu du texte, un aspect opératique. La soprano Erika Grimaldi avance avec douceur, justesse de ton grâce à son legato bouleversant tandis que le timbre de la mezzo Daniel Barcellona se distingue par des graves dosés et aigus éclairés. Le ténor Francesco Meli gagne en rondeur expressive tout comme son collègue basse, Michele Pertusi, dont on ne soulignera pas assez la présence magistrale que sa voix dégage dans cette œuvre. Que ce soit de manière soliste ou lors d’ensembles, jamais une voix ne se désolidarise du projet artistique, démontrant ainsi l’étendue de l’écoute et de l’intelligence musicale. A la tête d’un tel écrin, Gianandrea Noseda n’a plus qu’à sculpter selon son idéal Verdien les différents paramètres musicaux, les climats, les masses sonores qui peuvent vite noyer le tout… Entre urgence et recueillement, ce Requiem possède toujours en lui de quoi faire vibrer lorsqu’il est pris à bras-le-corps, comme c’est le cas ici. Autre point fort : l’excellente notice du musicologue, David Cairns.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 8 – Interprétation 10

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