Une autre Missa Solemnis

par
Missa solemnis

Ludwig van BEETHOVEN
(1770 - 1827)
Missa Solemnis, Op. 123
Cappella Amsterdam, Orchestra of the Eighteenth Century, Daniel Reuss, direction – Carolyn Sampson, soprano – Marianne Beate Kielland, alto – Thomas Walker, ténor – David Wilson-Johnson, basse
2017-DDD-75’03-Textes de présentation en anglais, allemand, néerlandais et français-Glossa-GCD921124

Plus que pour n’importe quelle œuvre, il aura fallu environ cinq ans à Beethoven (corrections comprises) pour terminer la gigantesque Missa Solemnis, dont le travail et les recherches préalables sur le chant grégorien et les œuvres chorales de Haendel auront permis au compositeur de coucher sur papier « une musique sacrée authentique ». Accompagnée d’une analyse de l’œuvre et d’un regard sur le degré de piété de Beethoven particulièrement intéressants de Bas van Putten, la présente parution offre une lecture dont la vision historiquement informée permet de mieux cerner tant le matériau musical que l’architecture complexe de l’œuvre. Avec clairvoyance, Daniel Reuss conduit ses effectifs avec le dramatisme qui découle, pas nécessairement naturel à la première lecture de la partition, des cinq grandes parties. On saluera notamment l’énergie inépuisable de l’orchestre, la clarté de la polyphonie du chœur et de manière générale, la transparence et l’efficacité de la baguette. L’Orchestra of the Eighteenth Century démontre à nouveau sa capacité à accompagner, tant le chœur que les solistes, avec attention tout en se permettant de temps à autres quelques envolées presque théâtrales que le matériau musical n’empêche pas de proposer. Daniel Reuss s’entoure d’un quatuor de solistes aux voix solides, sensibles dont l’ensemble homogène se greffe à la direction prise par le chef, qui semble être ici volontairement dans l’urgence – et non dans la précipitation comme l’attestent les sections plus apaisées –, dans la franchise conférant un état d’esprit sensiblement plus terrestre, et de fait poignant. C’est bien évidemment au chœur que revient le mérite d’avoir su apporter à l’œuvre, grâce à un texte clair, un ensemble homogène et un degré sensible toujours juste, tout le sens dramatique et poétique qu’elle requiert. C’est aussi le choix d’effectifs réduits qui permet à l’écoute de bien déceler au sein des masses chaque instrument, chaque voix et tous les détails dynamiques que détient la partition. Une vision intéressante qui vient compléter la longue liste d’enregistrements consacrés à la Missa Solemnis.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 8 – Interprétation 9

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