Lalo à l'honneur à Saint-Etienne

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L’Opéra de Saint-Etienne a remis Le Roi d’Ys d’Edouard Lalo à l’affiche, dans la production de Jean-Louis Pichon (décors d’Alexandre Heyraud, costumes de Frédéric Pineau, lumières de Michel Theuil) qui était présentée la première fois en 2007 en coproduction avec l’Opéra de Wallonie. C’est une occasion de redécouvrir cette « légende bretonne en 3 actes et 5 tableaux» d’Edouard Blau qui fut créé avec grand succès à l’Opéra Comique de Paris en 1888 et connut une belle trajectoire avant de disparaître des scènes. Seuls l’ouverture symphonique et les airs de Margared (De tous côtés j’aperçois dans la plaine) et de Mylio (Vainement, ma bien aimée) semblaient survivre. Mais grâce à l’Opéra de Saint-Etienne, les mélomanes peuvent à nouveau découvrir l’opéra considéré comme le chef-d’œuvre de Lalo.
Sous la direction du chef d’orchestre chilien José Luis Dominguez Mondragon, l’Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire s’engage à fond pour évoquer le sort dramatique d’Ys, les scènes de joie, de violence et de panique quand la mer menace d’engloutir la ville. Les moments plus lyriques et tendres auraient pu avoir plus de souffle et de subtilité. Les chœurs se défendent vaillamment vocalement mais sont réduits par la mise en scène à des évolutions peu convaincantes, affublés en outre de costumes hétéroclites. Cela vaut aussi pour les solistes qui se promènent dans le décor unique de falaises de granit avec, au centre, l’écluse qui défend la ville. Quelques éléments ajoutés évoquent le palais et l’église, mais la chapelle dédiée à Saint Corentin se perd dans les fumigènes. L’inondation de la ville au tableau final est provoquée par la pluie plutôt que par la mer !
Christian Tréguier qui, en 2007, incarnait le Roi d’Ys offre cette fois sa voix sonore à Saint Corentin dans sa brève apparition. Le rôle du Roi est interprété avec beaucoup de dignité, de noblesse et d’ampleur vocale par Nicolas Courjal. Ses deux filles ont les silhouettes gracieuses (malgré les costumes encombrants !) de Marie Kalinine et Aurélie Ligerot. Marie Kalinine confère du tempérament à Margared, mais son interprétation dramatique pourrait être plus nuancée et sa voix de mezzo assez claire n’était pas assez charnue pour le rôle. Aurélie Ligot était une Rozenn menue et gentille à la voix fraîche et au timbre lumineux. Sébastien Guèze campe un vaillant Mylio mais il se bat avec les exigences vocales du rôle : émission souvent forcée, manque d’homogénéité et timbre terne. Karnac trouve un interprète de taille en Régis Mengus grâce à son baryton ample et mordant. Le Jahel de Marc Scoffoni est excellent.
Erna Metdepenninghen
Saint-Etienne, Opera Théâtre, le 4 mars 2016

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