Le concours " Monte-Carlo Music Masters" fête ses 30 ans

par

Le "Concours des Concours", imaginé par Jean-Marie et Chantal Fournier, a comme particularité que les participants sont uniquement des premiers prix de concours internationaux. A l'instar des Masters de Tennis, il n'y a qu'un seul vainqueur. Le concours est consacré cette année à la voix, en alternance avec le violon en 2023 et le piano en 2024.

La finale a lieu à l'Opéra de Monte-Carlo, dans la célèbre Salle Garnier. L'excellente acoustique et le cadre magique de la salle sont un écrin qui met en valeur toutes les qualités artistiques des musiciens les plus éminents. La soprano ukrainienne Ekaterina Sannikova et la basse coréenne Jeong Inho s'affrontent pour obtenir la place du vainqueur. L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo est placé sous la direction étincelante du chef d'orchestre autrichien Sascha Goetzel. 

Sannikova a une voix de velours. Elle touche le public au fond du coeur avec l'air de "l'Invocation de la lune" de l'opéra Rusalka de Dvořák. Son phrasé immaculé et le contrôle de sa respiration donnent à cet air un pouvoir émotionnel intense. Le merveilleux timbre de sa voix et sa présence scénique compensent largement sa prononciation approximative en allemand dans l'aria "Einsam in trüben tagen" extrait de Lohengrin de Wagner. Elle incarne le rôle de la Princesse Elsa. Sa belle robe en lamé or fait rêver.

C'est au tour de Jeong Inho de monter sur scène. Il impressionne par sa voix de basse puissante et lumineuse. Une voix de stentor qui fait beaucoup d'effet. Sa diction en italien est parfaite et sa présence physique est impressionnante, et on l'imagine très bien sur scène et en costume, il a des qualités d'acteur évidentes.

Son goût est parfois discutable, il a tendance à en faire trop, surtout dans l'air de Méphisto du Faust de Gounod. Sous la direction d'un metteur en scène, tout pourra être ajusté.  Jeong Inho est moins convaincant dans "L'Air de la calomnie" du Barbier de Séville de  Rossini.

Ekaterina Sannikova revient sur scène après la pause. Elle porte à présent une robe noire pour terminer sa prestation et incarner deux airs dramatiques. Dans "Suicidio" de l'opéra La Gioconda de Ponchielli, elle exprime de façon magique la poésie et le drame du dilemme de ce personnage. Sa voix est idéale pour ce rôle. Elle parvient à nous faire écouter un pianissimo splendide, un phrasé et une diction propres et parfaits, des accents et des basses pleins de couleurs. Sannikova arrive à pousser l'air "Sola, perduta, abbandonata" de Manon Lescaut de Puccini à son paroxysme. Sa voix captive et bouleverse l'auditoire, cette chanteuse est déjà une grande artiste et c’est tout naturellement qu’elle remporte cette édition des Voices Masters 2022. Jeong Inho n'a pas gagné de prix, mais en revanche il repart immédiatement avec quelques engagements. Il n’y a pas tant de belles voix de basse, et ces dernières sont toujours très recherchées. 

Monte Carlo, Opéra Garnier, 18 juin 2022

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : DR

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.