De mai à juin 2018, Revopera.com a mené une enquête visant à décrire le public de la musique classique en France. Les premiers résultats sont déjà publiés mais ils donneront lieu à d’autres analyses thématiques : freins d’accès à la musique classique, autres sorties culturelles, portrait du public du classique par goûts musicaux,...
Que sait-on déjà aujourd'hui ?
Parmi les personnes de 15 ans ou plus résidant en France (52 millions de personnes), 82% de la population n’ont aucun lien avec la musique classique : ils n'en écoutent jamais et n’ont assisté à aucun concert de musique classique au cours de l’année.
À l’inverse, plus de 9 millions de personnes ont un lien plus ou moins fort avec la musique classique. Et 42% de ce public de la musique classique déclarent que la musique classique est leur genre musical préféré (contre 10% de l’ensemble de la population).
A partir des données relatives à la fréquence d’écoute de la musique classique (tous les jours ou presque, quelques fois dans l’année, rarement) et du nombre de sorties à des concerts de musique classique au cours de l’année, 5 catégories de public de la musique classiquese distinguent :
Les occasionnels (1,2 million de personnes, 3% de la population) ont un lien ténu et épisodique avec la musique classique : 90% de ce public n’écoute de la musique classique que quelques fois dans l’année, et 50% n’assiste à aucun concert classique dans l’année (les 50% restant n’assistant qu’à un seul concert). Ils écoutent souvent d’autres types de musique, et le classique n’est leur genre musical préféré que dans 12% des cas.
Les amateurs (3,2 millions de personnes, 6% de la population) vont au concert classique plus régulièrement (65% au moins une fois dans l’année et 30% au moins trois fois) et écoutent dans 50% des cas de la musique classique tous les jours ou presque. Le classique est le genre de musique préféré de 25% des amateurs.
Les amoureux (2,7 millions de personnes, 5% de la population) constituent la catégorie médiane du public de la musique classique (fréquentation des concerts, écoute dans le niveau moyen de l’ensemble du public classique). Ils écoutent très fréquemment de la musique classique (90% tous les jours ou presque) et vont au concert au moins une fois par an (dont 67% plus de 3 fois dans l’année). Le classique est le genre de musique préféré de 44% d’entre eux.
Les passionnés (1,5 million de personnes, 3% de la population) ont un lien très fort avec la musique classique : plus de 80% écoutent du classique tous les jours -un peu moins que les amoureux, mais ils vont beaucoup plus fréquemment au concert (plus de 5 concerts classiques dans l’année, et 10 pour la moitié d’entre eux). Plus de 80% d’entre eux déclarent que la musique classique est leur genre de musique préféré (près de deux fois plus que chez les amoureux).
Les aficionados (0,5 million de personnes, 1% de la population), les mordus du classique qui écoutent de la musique tous les jours et vont au concert classique au moins 10 fois dans l’année. Le classique est, pour 97% d’entre eux, leur genre musical préféré.
Le public de la musique classique compte une proportion plus importante de femmes (55%) que le public hors musique classique (51%) avec de fortes disparités : 64% chez les amoureux, puis la part féminine diminue et le public des aficionados est masculin à 57%. d’hommes).
Le public de la musique classique est plutôt âgé, celà n'étonnera personne : 47% a 60 ans ou plus (contre 33% hors musique classique. Avec à nouveau de forts écarts : les 60+ sont majoritaires chez les amateurs (50%) et les amoureux (55%), mais leur part diminue ensuite pour arriver à 28% chez les aficionados.
La part des jeunes de moins de 30 ans suit, de façon liée, une évolution inverse, mais avec moins de disparités : la part des moins de 30 ans est de 20% chez les aficionados, supérieure à celle observée au sein du public hors musique classique.
Par ailleurs, la proportion de personnes vivant seules ou sans enfant est plus importante dans le public de la musique classique que hors musique classique, en particulier chez les plus passionnés : elle est de 33% pour le public classique en moyenne et monte à 52% chez les aficionados. À l’inverse, la part des personnes vivant en couple avec enfant(s) n’est que de 15% dans l'ensemble, et extrêmement faible chez les aficionados (4%).
La démocratisation de l’accès à la musique classique a encore du chemin à faire : il y a toujours de très fortes disparités sociales entre la population aimant le classique et le reste de la population. La part des salariés, cadres ou professions intermédiaires qui est de 17% pour le public hors musique classique, atteint 28% en moyenne au sein du public de la musique classique et on compte 26% de cadres chez les amoureux, 31% chez les passionnés et 44% chez les aficionados.
Plus le public aime le classique, plus la part des "très diplômés" y est importante. La part des Bac+2 et davantage est de 47% pour le public de la musique classique (22% hors musique classique) avec une évolution de 26% (les occasionnels) à 61% (les passionnés) et même et 72% chez les aficionados.
L’offre pléthorique à Paris y suscite une forte concentration du public de la musique classique : 27% du public de la musique classique habite en Île-de-France (dont 11% à Paris intra-muros). Et la part des "Parisiens" augmente avec l'intensité de l'attachement : de 18% d'amoureux à 56% d'aficionados.
Selon l'enquête, le public de la musique classique qui assiste à au moins 10 concerts dans l’année réside dans 40% des cas à Paris mais cette concentration parisienne se manifeste surtout sur les concerts car, parmi les personnes qui écoutent du classique tous les jours, 12% seulement résident à Paris.
A suivre...