Le Journal

Le Concours Hamamatsu

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C'est le jeune pianiste turc Can CAKMUR (20 ans) qui a remporté la 10e édition du Concours de piano Hamamatsu qui, depuis 1991, se déroule tous les trois ans à Sapporo (Japon).
Le 2e Prix et le Prix du Public vont à USHIDA Tomoharu (Japon, 19 ans).
Le 3e Prix est attribué au pianiste coréen LEE Hyuk Korea (18 ans).
Les 4e, 5e et 6e Prix vont à IMADA Atsushi (Japon, 28 ans), MUKAWA Keigo (Japon, 25 ans) et YASUNAMI Takashi (Japon, 26 ans).
UMEDA Tomaya (Japon, 27 ans) reçoit le Prix de la meilleure interprétation d'une oeuvre d'un compositeur japonais et Andrei ILLUSHUKIN (Russie, 23 ans) une reconnaissance de mérite exceptionnel.

L'Heure exquise, projet pluri-disciplinaire

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L’heure exquise, c'est une promenade musicale et poétique autour de l'oeuvre de Paul Verlaine sur des mélodies de R. Hahn, G. Fauré, C. Debussy, I. Poldowski, C. Bordes...

Il s'agit d'un projet pluri-disciplinaire porté par Elise Gäbele, Vincent Dujardin et Mathias Lecomte, avec les étudiants de Master de la classe de chant classique, de B2 de diction et de Master en piano d’accompagnement à l'IMEP.

En guise d’introduction…
Ce qui frappe d’emblée la conscience à l’évocation de la vie de Paul Verlaine, c’est le sentiment assez prégnant que cette existence fut vécue sous le signe d’une espèce d’écartèlement permanent, d’une impossibilité chronique à s’arrêter quelque part, pour vivre sereinement.
Pris dans un perpétuel entre-deux, hors des frontières reconnaissables d’un ordre et d’une loi, Verlaine dira lui-même être gouverné par Saturne, la « mauvaise planète ». Marié à Mathilde Mauté et amant d’Arthur Rimbaud, partagé entre ville et campagne, entre ivresse et sagesse, apostat assumé puis croyant revendiqué, mêlant le blasphème au repentir, le poète apparaît encore aujourd’hui comme une figure trouble et encline au vertige existentiel.
Mais sans doute est-ce cela qui le rend si intéressant ?
Car, malgré ce manque d’ancrage, malgré cette absence de cadre fixe et délimité, Verlaine livre une œuvre riche en de nombreux points, saisissante et, à sa manière, s’érigeant en véritable miroir d’une âme en fuite constante.
Encore marquée du sceau du romantisme (c’est à Victor Hugo que le jeune Verlaine adresse son premier poème, écrit en 1858 : La Mort !), lorgnant volontairement du côté du mouvement symboliste (la filiation baudelairienne n’est pas à expliquer tant elle est visible souvent), mâtinée ça et là de réalisme cru, parnassienne et élue telle par les partenaires en poésie (Coppée, Gautier, de Banville, …), l’écriture de Verlaine rend compte d’un talent immense, multiple et reconnaissable malgré tout.
De nombreux musiciens ne s’y sont pas trompés, qui ont alors vu quelle pouvait être la portée de ces vers éminemment suggestifs. Et, de Fauré à Debussy, de Bordes à Poldowski et Boulanger, hommes et femmes, tous ont compris comment la musique, leur musique, pouvait elle aussi traduire le pur et l’impur, le rêve et l’action, la retenue et l’abandon…
Vincent Dujardin

Lundi 10 décembre à 20:00 en la Salle de Concert de l’IMEP
Tarif : 15€ - 10€ (60+) - Gratuit (→ 26 ans)
Pas de réservation.

Mais avant cela, vous êtes déjà conviés ce week end (*) au Concert symphonique proposé l'Orchestre symphonique de l’IMEP sous la baguette de Patrick Davin.
Au programme : La Mer de Claude Debussy et la Symphone n°1 en mi mineur de Jean Sibelius.

Œuvre ambitieuse, moderne et originale, La Mer peine à se faire admettre au moment de sa création mais elle est aujourd'hui régulièrement proposée en concert.
C’est en Bourgogne, loin des vagues et de l’océan, que Debussy entreprend l’écriture de La Mer, Trois esquisses symphoniques à l’été 1903. Et l'oeuvre est achevée en à peine deux ans alors que Debussy en a mis cinq pour finir ses Nocturnes et sept pour ses Images ! Créée le 15 octobre 1905 à Paris, elle déchaîne une critique partagée entre incompréhension et curiosité. Aucune œuvre de Debussy n’a peut-être souffert autant que La Mer du décalage entre l’originalité des conceptions musicales et l’accueil qui lui a été réservé. Et c'est peut-être aussi la plus secrète : pas la moindre confidence de l’auteur dans sa correspondance ou ses écrits.
En 1905, La Mer était une œuvre déroutante, beaucoup plus que son Pelléas.
Turner et Hokusai faisaient partie de l’univers iconographique de Debussy, passionné aussi par les objets et estampes d’Extrême-Orient : voilà qui explique le choix de La grande vague de Kanagawa pour la couverture de la partition.
L’œuvre a incontestablement un aspect pictural. Si le compositeur affirme qu'il ne voulait pas une description musicale de la mer, il admet que la musique a cela de supérieur à la peinture, qu’elle peut centraliser les variations de couleur et de lumière d’un même aspect.
Même si Debussy ne la définit pas comme telle, La Mer ressemble fort à une symphonie. L’œuvre est en trois parties.De l’aube à midi sur la mer s’apparente à un premier mouvement traditionnel avec une introduction lente, deux thèmes principaux et une coda. Jeux de vagues emprunte sa forme à un scherzo et Dialogue du vent et de la nuit prend l’allure d’un rondo. Pour Debussy, il s'agit de rendre compte d'émotions éprouvées dans le passé, tout en innovant sur le plan musical. On y retrouve ses recherches sur la forme, la texture orchestrale et l'harmonie.

(*) Samedi 1er (20:00) et dimanche 2 décembre (17:00) en la Salle de Concert de l’IMEP. Tarif : 15€ - 10€ (60+) - Gratuit (→ 26 ans) - Réservations souhaitées

L'oeuf de Colomb !

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Beethoven appartient à tout le monde !

Partant de ce principe martelé par Veronica Kaup-Hasler, conseillère municipale (SPÖ) en charge de la culture à Vienne, la capitale autrichienne vient de créer son propre bureau de coordination des célébrations qui, en 2020, marqueront le 250e anniversaire du compositeur.
Le bureau ne fait pas mystère de sa mission : centraliser et contrôler tous les événements prévus et toutes les activités de marketing. Et le parti de la conseillère souligne le statut de Vienne comme "capitale mondiale de la musique", et l'importance du compositeur.
Ce centre de mise en réseau qualitative (sic !) est chargé de  "rendre justice au grand événement international" et de toucher le plus de gens possible.
Outre la gestion des manifestations viennoises, la coopération avec les projets étrangers de commémorations est aussi à l'ordre du jour. Et il devra également travailler avec des institutions comme le Donauinselfest ou les clubs de football... dont on peut tout de même se demander ce qu'ils ont en commun avec Beethoven.
Les célébrations débuteront le 16 décembre 2019 et se termineront le même jour de l'année suivante.

L'âme du voyageur, musique et cinéma en concert de lancement

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Ce dimanche le label Cyprès invitait les mélomanes et cinéphiles à la Cinematek de Bruxelles pour le concert de lancement d’un album consacré à la musique composée par Hughes Maréchal pour des images illustrant les périples et la vie du Marquis de Wavrin, l'explorateur belge qui fut le premier homme à filmer, entre 1920 et 1938, les Indiens Shuar en Amazonie.

Des extraits de l'album étaient joués par Hughes Maréchal au piano, Ronald van Spaendonck à la clarinette et Sébastien Walnier au violoncelle.

Ce beau projet est proposé par le label belge dans le cadre de sa nouvelle collection Cyprès OPEN, qui envisage les relations de l'image et du son. Et la Cinematek propose un coffret de deux DVD autour des films rapportés par le Marquis de Wavrin.  

Domingo, inoxydable

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Ce vendredi 23 novembre, le Metropolitan Opera célébrait la 50e  saison de Placido Domingo dans la maison avec -encore !- une prise de rôle : Gianni Schicchi du Trittico de Puccini dont la création à New York aura 100 ans le 14 décembre 2018.

Placido Domingo a mis le pied au Met en 1968 dans Adriana Lecouvreur aux côtés de Renata Tebaldi. Au cours des cinq décennies qui ont suivi, il y a assuré 860 représentations.

Peter Gelb lui a remis pour l'occasion la veste dorée qu’il portait dans Otello et un morceau de scène devant certains de ses partenaires venus l'applaudir : Martina Arroyo, Sherrill Milnes, James Morris, Teresa Stratas.

Placido Domingo a remercié le public, les chœurs, sa femme Marta et l'orchestre qu'il a qualifié de "meilleur au monde". Et, non sans humour, il a ajouté qu'après un demi-siècle de tragédies, il était heureux hier de chanter une comédie (Gianni Schicchi).

Veronika Eberle à Baden Baden

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En raison d'un souci de santé, la violoniste néerlandais Janine Jansen a dû interrompre les répétitions du concert de Baden-Baden avec l'Orchestre de la Radio suédoise sous la direction de Daniel Harding.

Andreas Mölich-Zebhauser, le directeur du Festspielhaus, a pu contacter rapidement la jeune et très prometteuse violoniste allemande Veronika Eberle et il lui a confié le concert d'ouverture du Festival d'Automne avec le Concerto pour violon en ré mineur de Robert Schumann.

Veronika Eberle (° 1988) a fait ses débuts avec le Berliner Philharmoniker à l'âge de douze ans et sa carrière s'est déployée à toute allure ces dernières années. Elle joue le Stradivarius "Dragonetti" (1700) qui lui est prêté par la Nippon Music Foundation.

Le clavecin a perdu un ingénieux partenaire

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À la fin des années '50, l'Américain Wolfgang Zuckermann, technicien et facteur de clavecins autodidacte, est débordé d'appels de ses clients pour l'entretien de leurs instruments.
Conscient que la mécanique du clavecin suscite autant d'inquiétudes qu'un chien capricieux, Zuckermann (The Modern Harpsichord, 1969) se dit que la seule façon de dépasser la peur que suscite son entretien est d'en apprivoiser soi-même la fabrication.
Sitôt dit, sitôt fait ! Il conçoit une solution ingénieuse et met en vente un "kit" peu coûteux, communément appelé Z-Box et contenant un clavier, des cordes, des plectrums, des vérins et des chevilles de réglage. Voilà pour la mécanique, il n'y aura plus qu'à choisir le bois.
Lycéens, retraités, acteurs, avocats, religieuses, organistes, médecins,... ils sont des milliers dans le monde entier à s'être procuré la petite merveille de Wolfgang Zuckermann et à retourner au clavecin pour le répertoire qui lui est dédié plutôt que de se "contenter" du piano.
Un gardien de prison nous a écrit un jour qu'un condamné avait fabriqué un clavecin pendant qu'il purgeait sa peine pour meurtre, a raconté M. Zuckermann.

Et ses kits n'ont pas compté pour rien au cœur dans la renaissance, après la guerre, de l'instrument à clavier baroque par excellence, largement utilisé en Europe avant d'être progressivement remplacé par le piano au 18e siècle.

Wolfgang Zuckermann était au clavecin un peu ce que Charles Lindbergh à l'aviation
, affirme le luthier français Marc Ducornet qui travaillait avec lui.

Wolfgang Zuckermann s'était installé en France dans les années '90.
Il est décédé à l'âge de 96 ans, le 31 octobre dernier, à son domicile d'Avignon.

Par-delà le Brexit

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C’est l’Allemand Felix Mildenberger (° 1990), chef assistant à l’Orchestre National de France depuis 2017, qui vient de remporter le Concours de chefs d’orchestre Donatella Flick à Londres.

Le Concours porte le nom de la philanthrope Donatella Flick qui l'a fondé en 1990 pour aider de jeunes chefs d'orchestre à se forger une carrière internationale. Il se déroule tous les deux ans et, depuis 1996, il collabore avec l'Orchestre symphonique de Londres (LSO) Le gagnant reçoit un Prix en argent et des engagements à des concerts, mais il devient aussi chef assistant du LSO pendant une année juste après le Concours.

Le jury est constitué de professionnels et de musiciens du LSO (Maxim Vengerov, Tamás Vásáry, Andrew Marriner, Leif Segerstam, Yuri Temirkanov, Yan Pascal Tortelier, Pinchas Steinberg, Daniele Gatti, Carlo Rizzi,...)

La première épreuve se déroule à la Royal Academy of Music avec des ensembles "maison" et la finale au Barbican Centre, où les trois finalistes conduisent l'Orchestre Symphonique de Londres.

Le Concours Donatella Frick a déjà été honoré du Pro-European Foundation for Culture, de l'European Project Award for Music, et du Prix Wilhelm Furtwängler pour son soutien permanent aux jeunes chefs.

 

 

La première fois...

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Le Gewandhaus Quartett vient de choisir la violoniste Yun-Jin Cho pour second violon.
Et ce n'est pas anodin : Yun-Jin Cho est la première femme à intégrer le Quatuor depuis sa fondation en 1808.

Née à Séoul (Corée) en 1983, Yun Jin Choil a commencé le violon à l'âge de six ans.
Elle a travaillé avec Mi-Kyung Lee puis Ulf Wallin (Hochschule für Musik Hanns Eisler Berlin).Suivent des master classes avec Raphaël Oleg, Pavel Vernikov, Igor Oistrach, Aaron Rosand, Ana Chumachenko, Donald Weilerstein et des cours de musique de chambre avec Arnold Steinhardt, Valentin Erben, András Schiff et Gidon Kremer.
Au cours de la saison 2006-07, elle reçoit la bourse Ferenc Fricsay du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin puis remporte de nombreux prix et récompenses : Concours de Magazine Mensuel de Séoul, Concours de Musique de Séoul Sae Kae Ilbo, de Musique de Chambre Junior de Séoul, Concours International Rodolfo Lipizer, Robert Canetti et Lions Allemagne.
Sa carrière n'est pas mince.
En soliste, elle a croisé les Orchestre philharmonique, national, et artistique de Séoul, le Seoul Yewon Junior Orchestra, l'Echo Ensemble for New Music, la Neubrandenburger Philharmonie, le Brandenburger Symphoniker, le Minsk Chamber Orchestra, le Konzerthausorchester Berlin. Soliste ou chambriste, elle a été invitée aux Festivals du Schleswig-Holstein, de Kuhmo, de Savonlinna (Finlande), de Gaia, de Hardanger (Norvège), au Gotland Chamber Music Festival Sweden, au Komische Oper Berlin et au Mozarteum Summer Academy.
Parmi ses partenaires musique de chambre, elle compte Alexander Baille, Robert Cohen, Friedemann Weigle (Artemis Quartet) et Isabel Charisius (Alban Berg Quartet). Et elle a joué en duo avec piano en Allemagne, Suisse, Autriche, France, Italie et Corée.
Yun-Jin Cho a aussi endossé la rôle de première violon solo de l'Orchestre Philharmonique de Hambourg et, depuis 2013, première violon solo adjointe des premiers violons du Gewandhaus de Leipzig.

A Zwickau, on a de la suite dans les idées

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Le Prix Robert Schumann de la ville de Zwickau -sa ville natale, en Saxe- vient d'être attribué à la pianiste Ragna Schirmer et à la musicologue Janina Klassen, toutes deux spécialisées dans la musique de Clara Schumann.
Elles se partageront le prix d'une valeur de 10 000 euros.

Ragna Schirmer est née à Hildesheim en vit à Halle.
Elle a travaillé avec Karl-Heinz Kämmerling à Hanovre puis à Paris avec Bernard Ringeissen. Depuis 2001, Ragna Schirmer est professeur de piano à la Hochschule für Musik de Mannheim et s'occupe développement des jeunes artistes à Halle. Elle est la seule pianiste à avoir remporté à deux reprises le Prix Bach du Concours International Jean-Sébastien-Bach de Leipzig (1992 et 1998). En 2000, elle publie son premier disque, les Variations Goldberg. En 2010, elle fut l'artiste en résidence à Heidelberg et, en 2012, récipiendaire du Prix Haendel de la ville de Halle.

Janina Klassen a étudié la musique et la littérature, la philosophie et l'italien à Fribourg, Vienne, Paris et Sienne puis elle a fait un Doctorat à l'Université Christian Albrechts de Kiel. Enseignante, auteur, dramaturge et éditrice indépendante, elle est professeur de musicologie à l'Université de Fribourg depuis 1999.
Elle assure aussi la direction scientifique du projet SoundCaching et fait autorité pour ses
publications sur la musique contemporaine et les concepts musicaux, l'histoire de la musique et la théorie du langage musical.