Les récréations de Satie

par

Erik SATIE (1866-1925)
Intégrale des mélodies et chansons
Holger FALK (baryton), Steffen SCHLEIERMACHER (piano)
DDD–2015–79’ 21’’–Textes de présentation en anglais, français et allemand–MDG SCENE 613 1926 2

On n’a pas l’habitude d’inclure Erik Satie parmi les grands mélodistes français, aux côtés notamment d’Henri Duparc, de Gabriel Fauré, de Claude Debussy, de Maurice Ravel ou de Francis Poulenc. Il en a pourtant composé une quarantaine, de 1886 à 1925, certaines très courtes (Danseuse ne dure ainsi que quarante-trois secondes), d’autres beaucoup plus longues, à l’instar de Tendrement (près de six minutes). Mais par rapport à ses pairs les plus illustres, il n’a mis en musique ni Victor Hugo, ni Charles Baudelaire, ni Paul Verlaine, ni Arthur Rimbaud, ni aucun des parnassiens, leur préférant tantôt des auteurs de cabaret comme Vincent Hyspa (1865-1938), tantôt des écrivains excentriques et non-conformistes comme le génial Léon-Paul Fargue (1876-1947). En atteste en particulier le cycle des Ludions qui comprend six petits poèmes à la fois insolites, irrévérencieux et drôles, et qui date de 1925. Et dans le lot, il y a Air du poète dont voici, à titre d’exemple, les paroles : « Au pays de Papouasie / J’ai caressé la Pouasie… / La grâce que je vous souhaite / C’est de n’être pas Papouète. »
D’une manière générale, les mélodies et chansons d’Erik Satie sont à l’image de ses pièces pour piano et de ses œuvres symphoniques : simples, dépouillées, harmonieuses et précisément mélodiques, c’est-à-dire agréables à entendre. Et d’autant plus, du reste, qu’elles sont presque toutes basées sur des textes rigolos et qu’elles ne constituent jamais que des récréations musicales. « Si la musique ne plaît pas aux sourds, même s’ils sont muets, ce n’est pas une raison pour la méconnaître », écrivait Erik Satie en 1900 dans Les Musiciens de Montmartre. On pourrait paraphraser cette jolie boutade en remplaçant « sourds » par « puristes » ou par « pédants »…
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 8 – Répertoire 7 – Interprétation 9

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