L’Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise triomphe à Anvers

par

C’est avec plus qu’un peu d’impatience que l’on attendait la trop rare venue en nos contrées de l’Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise dans la belle Salle Reine Elisabeth d’Anvers, dans un programme qui avait tout pour mettre la prestigieuse phalange munichoise en valeur sous la direction son directeur musical Mariss Jansons, certainement l’un des meilleurs chefs d’orchestre de l’heure.

Mais une désagréable surprise attendait les mélomanes, puisque le programme annonçait que le chef se voyait contraint d’annuler pour raisons de santé les trois derniers concerts de sa tournée européenne et qu’il serait remplacé par Daniel Harding qui avait également légèrement modifié le programme annoncé, remplaçant les Quatre interludes symphoniques d’Intermezzo de Richard Strauss initialement prévus par le Todtenfeier (1888) de Mahler, morceau symphonique qui deviendra le premier mouvement de la Deuxième symphonie du compositeur.

On sait que ce répertoire n’a pas de secrets pour cette formation et Harding la dirigea avec une autorité impressionnante, même si la splendeur sonore d’un orchestre ultra-discipliné, d’une qualité exceptionnelle et à la puissance apparemment sans limites et tournant ici à plein régime, l’emporta de loin sur une interprétation à peine effleurée. (Mais on pourra ici à juste titre invoquer le changement de programme de dernière minute et un nombre de répétitions certainement réduit.)

Car dans les Quatre derniers Lieder de Richard Strauss, merveilleusement défendus par une Diana Damrau souveraine, offrant une interprétation d’un lumineux et touchant lyrisme sans affectation ni grandiloquence, Harding se montra un très fin partenaire, tissant, avec la collaboration des excellents musiciens munichois, le plus fin des écrins pour la soprano et parvenant à une réelle poésie dans le postlude de l’émouvant Im Abendrot qui clôture le cycle.

Harding confirma ses excellentes dispositions dans une Quatrième Symphonie de Brahms où, faisant mentir la réputation de sécheresse qui est la sienne, il aborda la partition, dès le premier mouvement jaillissant comme d’une seule coulée, avec une réelle maîtrise de la structure de cette oeuvre riche et complexe ainsi qu’un très beau travail sur le tissu sonore et une intelligente mise en valeur des richesses de l’orchestration (beau travail sur les bois et les voix médianes des cordes) dans une interprétation virile mais sans brutalité.

Pouvant compter sur un brillant pupitre de cors et des bois délicieusement poétiques (clarinette, basson), le chef britannique galba avec beaucoup de réussite l’Andante moderato, abordé ici à nouveau avec sérieux mais sans sécheresse. Après avoir débuté l’Allegro giocoso (qui a tout d’un Scherzo, sauf le nom) de façon festive, Harding savoura à sa juste valeur ce moment de détente avant un Finale offert dans une interprétation de haute tenue, même si la Passacaille n’avait pas ici les relents de cataclysmique fin du monde entendus sous d’autres baguettes. 

Crédits phorographiques : Julian Hargreaves

Anvers, Salle Reine Elisabeth, 3 novembre 2019.

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.