Louis Schwizgebel, un pianiste qui se confirme !

par

Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto n°2 en sol mineur, op. 22 – Concerto n°5 « Egyptien » en fa majeur, op. 103
BBC Symphony Orchestra, Fabien Gabel et Martyn Brabbins, direction – Louis Schwizgebel, piano
2015-DDD-50’-Textes de présentation en anglais et français-Aparté-APP112

C’est à l’occasion du Lille Piano Festival que nous avions pu entendre le jeune pianiste Louis Schwizgebel dans un ciné-concert associant des courts-métrages de son père à quelques pièces du répertoire. Après un disque consacré aux deux premiers concertos pour piano de Beethoven, on le retrouve aujourd’hui dans deux des plus célèbres concertos de Saint-Saëns, les n°2 (live) et 5. Né en 1987 à Genève, Louis Schwizgebel est lauréat du Concours International de Genève à 17 ans (second prix, le premier n’ayant pas été décerné), du Young Concerts Artists International Auditions de New-York deux ans plus tard, tandis qu’il remporte également un second prix au Concours de Leeds. En 2013, il intègre le programme BBC New Generation Artist tout en arpentant la scène internationale : Londres, Lille, Genève, New-York, Berlin, aux côtés des plus grandes formations : London Philharmonic Orchestra, Wiener Symphoniker, Munich Symphony… Grâce à cet enregistrement, nous découvrons à nouveau un musicien doté d’une réelle sensibilité et d’une élégance rare. Dans le Concerto en sol mineur, que Clara Schumann et Franz Liszt admiraient, le pianiste fait preuve d’une belle maturité tout en imposant un jeu contrôlé et brillant. Un piano, en somme, qui vit, grâce notamment à une vivacité d’esprit évidente et une virtuosité au service de la musique. Le premier mouvement est expressif, avec ce qu’il faut d’affect ; le second est dynamique, l’énergie va croissant et le jeu se régale ici de rebonds et d’accentuations dansantes ; le presto est tout aussi convaincant, précis, envolé et inspiré. Face à la verve naturelle du pianiste et malgré une direction habile et précise de Fabien Gabel, l’orchestre est poussé dans ses derniers retranchements et affiche quelques soucis techniques et de justesse. Dans le Concerto « Egyptien », créé à la Salle Pleyel pour le cinquantième anniversaire de Saint-Saëns comme pianiste, Louis Schwizgebel gagne encore en maturité, mise sur l’énergie, et donne de l’envergure à l’œuvre. Le jeu bénéficie ici d’un grand lyrisme, intéressant et justifié. Tout est dosé, du premier au dernier mouvement tandis que la complicité entre le soliste et la direction de Martyn Brabbins, dont l’orchestre est ici davantage convaincant, semble acquise. L’ensemble apporte aux œuvres toute la fraicheur, l’architecture qu’elles requièrent et l’autorité nécessaire. Il ne manque finalement pas grand chose pour faire de cet enregistrement une référence. A peine âgé de 27 ans, Louis Schwizgebel confirme ici sa place parmi la nouvelle génération de pianistes. A suivre !
Ayrton Desimpelaere

Son 9 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 9

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