‘Moïse et Pharaon’ de Rossini à Marseille 

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Sous forme de concert, l’Opéra de Marseille a présenté la seconde mouture du ‘Mosè’ de Rossini, jouée à l’Opéra de Paris le 26 mars 1827 sous le titre ‘Moïse et Pharaon’. Développé en vastes scènes où le chœur est omniprésent, la partition impressionne par son indéniable grandeur ; et une exécution en concert permet d’en percevoir le génie d’écriture et la modernité d’orchestration, particulièrement évidente dans le dernier tableau avec le passage de la Mer Rouge. A la tête des Chœurs et de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, Paolo Arrivabeni cultive des ‘tempi’ rapides pour en laisser sourdre le souffle dramatique, tout en laissant de côté la longue séquence de ballet de l’acte III qui aurait alourdi le propos.                               Désormais familier du rôle-titre depuis les représentations de la Scala de Milan et du Festival de Salzbourg dirigées par Riccardo Muti, Ildar Abdrazakov campe un Moïse statuaire dans une diction française remarquable. Lui tient tête le Pharaon de Jean-François Lapointe avec un timbre corsé en mesure de s’alléger pour négocier les traits de ‘coloratura’ dans le duetto avec son fils, Aménophis, incarné par le jeune ténor Philippe Talbot à l’aigu facile. Annick Massis use de sa maîtrise du chant orné pour personnifier une Anaïde déchirée entre son devoir et sa passion. Sonia Ganassi est une Sinaide d’exception, en faisant valoir son ‘soprano drammatico di agilità’ à l’apogée de ses possibilités. Lucie Roche est Marie, mère d’Anaïde avec une conviction dramatique qu’affiche aussi l’Eliézer de Julien Dran.
Paul-André Demierre
Marseille, Opéra, le 8 novembre 2014

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