Première parution des Éditions Harmoniques : partition d'art autour du CD Nova Metamorfosi du Poème Harmonique
Nova Metamorfosi : Motets & Psavme a cinqve voix dv Sievr Monteverde & d’Avtevr anonyme –Les Éditions Harmoniques
La majeure partie de la musique ancienne, quand les partitions n’ont pas tout bonnement disparu, ne subsiste que sur support manuscrit ou de rares imprimés, pieusement conservés par les archivistes, difficilement disponibles au profane qui n’est pas muni de sa carte de chercheur. Les sites internet participatifs, aussi étoffés et aisés soient-ils pour, d’un clic, accéder à un fonds mutualisé (on l’a vérifié en période de confinement), ont aussi leurs angles morts. Les Éditions Harmoniques dont voici la première publication ont ainsi entrepris de diffuser des œuvres abordées dans les disques de Vincent Dumestre et son Poème Harmonique. En l’occurrence le CD Nova Metamorfosi de 2003 (« musique sacrée à Milan au début du XVIIe Siècle »). Le cahier d’une cinquantaine de pages renferme non la totalité des pièces interprétées, mais quatre d’entre elles : O Gloriose martyr, O Stellae coruscantes, O Iesu mea vita de Claudio Monteverdi, et le psaume Confitemini Domino. Les partitions ne sont pas toutes introuvables au commerce ni absolument inédites, par exemple chez Carus Verlag le Sì, ch'io vorrei morire / O Jesu mea vita du Quarto libro de madrigali (1603). Mais toutes dérivent de l’experte pratique de l’ensemble normand fondé en 1998, bien connu des amateurs du répertoire baroque, et qui avait inauguré la collection du label Alpha par un mémorable album Castaldi.
Ce qui rend l’objet si désirable est l’agrément palpable du livre d’art, sous couverture marbrée (confectionnée par Marianne Peter sur la base d’un modèle de 1640) et format à l’italienne (16/24 cm) relié au fil qui permet une excellente tenue à plat. Même si la notation est copiée à la main par le claveciniste Marouan Menkar-Bennis, les feuillets cultivent ressemblance avec un authentique fac-simile, en utilisant typographie et fleurons d’époque, s’ornant d’un avant-titre gaufré, et d’une déférente adresse rimée au lecteur. Point d’appareil critique, de philologie, de didascalies ou conseils d’exécution. Mais toute la fiabilité qu’on accorde à un précieux labeur d’artisan, tant dans la conception que la réalisation. Sans se départir d’un subtil humour qui atteste que le projet, si sérieux soit-il, s’assuma avec un malin plaisir : le colophon précise que l’ouvrage se vend à Rouen ou sur « l’auguste toile » : www.lepoemeharmonique.fr La maison ambitionne de « restituer à l’objet partition la beauté qu’il avait autrefois ». On souhaite une nombreuse descendance à cet opus 1, imprimé en trois cents exemplaires numérotés, destinés au mélomane avisé et esthète. Collector assurément, -n’oubliez pas de solliciter une dédicace.
Christophe Steyne