Retour du Piano Classic à Dubai avec Andrey Gugnin et Alexey Shor

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Dans le cadre de la troisième édition de la compétition internationale « Classic Piano », le gagnant de la compétition, le pianiste russe basé à Amsterdam, Andrey Gugnin, et le compositeur en résidence, Alexey Shor, ont accepté de répondre à quelques questions. Ils se livrent afin de nous en dire un peu plus sur ce concours et la manière dont ils l’ont vécu.

Andrei Gugnin, vous êtes le grand gagnant de la troisième édition de la compétition internationale « Classic Piano ». Comment avez-vous vécu cette aventure ?

Je crois que le présent change notre perception du passé, et le fait que j'aie gagné le concours colore certainement mon regard rétrospectif, rendant tout plus doux et plus agréable qu'il ne l'était à l'époque. En effet, tout concours est une expérience extrêmement intense et stressante. Le concours "Classic Piano" de Dubaï n'a pas fait exception à la règle. Chaque concurrent arrive avec l'objectif ultime de gagner, ce qui implique de fournir un effort maximal tout au long de l'événement. Les trois semaines passées à Dubaï ont donc été assez épuisantes.

Cependant, nous avons eu la chance d'avoir un temps parfait et j'ai profité de l'occasion pour faire du jogging et des promenades dans la marina. Je suis également reconnaissant des nouvelles amitiés qui se sont nouées entre les concurrents ; nous avons partagé de nombreux moments de plaisir, des conversations et des pauses déjeuner, plaisantant souvent sur le fait que nous allions dans les deux ou trois mêmes endroits pour manger. Nous étions tous unis par l'objectif commun de donner le meilleur de nous-mêmes à chaque épreuve.

Pour les troisième et quatrième tours, ma compagne est venue me soutenir. Ayant déjà séjourné plusieurs fois à Dubaï, elle m'a fait découvrir certains de ses endroits préférés, ce qui m'a permis d'avoir un regard neuf sur la ville et d'améliorer mon bien-être au cours des deux dernières épreuves.

Vous avez reçu le premier prix suite à votre interprétation du 3e Concerto de Rachmaninov. Pourquoi avoir choisi ce concerto ?

Cette pièce fait partie de mes concertos préférés. Je l'ai souvent interprété par le passé. Bien que ce choix puisse ne pas sembler particulièrement original ou novateur, je crois fermement qu'il faut choisir des musiques qui résonnent profondément en nous, quelle que soit leur popularité. Le 3e Concerto de Rachmaninov occupe une place particulière dans mon cœur puisqu’il incarne, à mes yeux, un spectre d'émotions et de réflexions musicales que nulle autre œuvre ne peut égaler.

Durant les quatre tours composant cette compétition, vous avez dû jouer de nombreuses pièces du répertoire allant du classicisme à des pièces contemporaines. Quel tour a été le plus exigeant selon vous ?

Je pense, et probablement de nombreux concurrents seraient d'accord avec moi, que la troisième épreuve, qui comprenait deux œuvres obligatoires avec orchestre, From My Bookshelf de Shor et le Concerto n° 20 de Mozart, a été la plus difficile. Personnellement, j'ai eu du mal à maintenir un haut niveau de concentration tout au long de cette épreuve très longue, qui comportait près de 80 minutes de musique. De plus, passer instantanément du style pittoresque et fantaisiste de la musique de Shor à la simplicité raffinée et divine de la texture de Mozart n'a pas été une mince affaire.

Quel bénéfice pouvez-vous tirer d’une telle compétition ?

Au-delà du prix évident et significatif, j'espère que ce concours pourra servir de phare, attirer l'attention de nouveaux promoteurs et me permettre d'accéder à des lieux jusqu'alors inexplorés. J'aspire personnellement à me produire au Concertgebouw, une salle qui se trouve désormais à dix minutes de marche de notre domicile, où ma compagne et moi nous sommes récemment installés après avoir déménagé à Amsterdam. Depuis les pages de ce magazine, j'adresse un signe de la main à la direction de la salle : je suis là, à deux pas de chez moi. N'hésitez pas à me contacter !

Maintenant que cette compétition est finie, quels sont vos prochains projets ? 

Je pars pour Singapour. C'est la première fois que je me rends dans ce pays, et j'y présenterai un récital comprenant le cycle complet des 24 Préludes de Rachmaninov. Plus tard dans l'année, je me réjouis de retourner à Taïwan, au Portugal, au Japon, en Australie et dans d'autres pays. Je suis également impatient de faire mes débuts au célèbre Konzerthaus de Vienne et au Bechstein Hall de Londres, qui vient d'ouvrir ses portes, avec un programme exigeant des Douze études d'exécution transcendante de Liszt. En outre, je me prépare à enregistrer mon cinquième album pour Hyperion Records, tout en attendant avec impatience la sortie de mon quatrième album au début du mois de mai, qui présentera un programme d'Edvard Grieg. Par ailleurs, je me réjouis de m'installer plus solidement à Amsterdam, tant sur le plan privé que professionnel.

Alexey Shor, vous êtes le compositeur en résidence de la troisième édition du Concours international de piano « Classic Piano ». Pouvez-vous nous en dire un peu plus à propos de cette collaboration ?

C’est un plaisir pour moi de faire partie de cette compétition ambitieuse avec des prix colossaux et un jury prestigieux. De plus, le processus de sélection, « 14 ways to Dubaï », est unique et exigeant afin d’avoir les meilleures éléments pour la compétition ici à Dubaï. C’est avec un réel plaisir que je collabore avec cette compétition dont le niveau est élevé.

Votre Suite pour piano et orchestre N°2 « From my Bookshelf », au programme du troisième tour, a été composée avec Mikhail Pletnev. Comment avez-vous procédé pour composer cette pièce à deux ?

À l’origine, j’ai écrit cette pièce en 2019. La version avec Mikhail Pletnev date de 2021. Il devait jouer cette pièce ici à Dubaï et avait une idée précise de la pièce avec quelques changements qu’il souhaitait apporter. Nous avons donc collaborer durant plusieurs jours afin de faire une nouvelle version de cette œuvre. Ce fut un plaisir de travailler avec lui. D’ailleurs, c’est cette version commune qui était demandée lors du troisième tour.

Qu’attendiez-vous de la part des candidats dans l’interprétation de votre œuvre, la Suite pour piano et orchestre N°2 ? Quels sont les enjeux de votre pièce ?

Ma pièce était programmée avec le 20e Concerto pour piano de Mozart. Tous les candidats devaient interpréter les deux mêmes œuvres afin d’accéder à la finale de cette compétition. L’enjeu pour les candidats étaient de se démarquer avec une idée musicale claire des deux pièces, toutes deux dans des styles différents.

Êtes-vous satisfait des différentes interprétations proposées par les candidats ?

Oui je suis très satisfait. Comme je l’ai dit précédemment, le niveau de la compétition est très élevé. J’ai donc eu le plaisir d’entendre différentes versions avec des personnalités intéressantes.

Le site Piano Classic - Dubai : https://classicpiano.eu/

Propos recueillis par Thimothée Grandjean

Crédits photographiques : Piano Classic - Dubai / DR

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