Schubert orchestré, sans orchestre mais avec un très grand chanteur 

par

Franz Schubert (1797-1828) : Lieder avec orchestre.  An die Musik (Max Reger) ; Im Abendrot (Max Reger) ; Nacht und Träume (Max Reger) ; Prometheus ; Erlkönig (Max Reger) ; Du bist die Ruh (Anton Webern) ; Tränenregen (Anton Webern) ; Der Wegweiser (Anton Webern) ; Geheimes (Johannes Brahms ); Ständchen (Jacques Offenbach) ; Die Forelle (Benjamin Britten ); Der Tod und das Mädchen (Felix Mottl) ; Abendstern (Alexander Schmalcz) ; An Silvia (Alexander Schmalcz) ; Ganymed (Kurt Gillmann) ;  Franz Schubert / Johannes von Herbeck : Deutsche Tänze. Benjamin Appl, baryton ;  Münchner Rundfunkorchester, direction : Oscar Jockel. 2022. Livret en anglais et allemand. 73’54’’.  BR Klassik. 900346.

La baryton Benjamin Appl est l’une des voix montantes de la scène internationale, il faut dire que son timbre clair est à la fois séduisant et que sa musicalité s’affirme comme exceptionnelle. Le lied est l’un de ses domaines de prédilection et son enregistrement du Winterreise de Schubert (Alpha) s’est affirmé comme une belle référence contemporaine. 

Il se présente aujourd'hui avec un album intelligent construit autour des orchestrations des lieder de Schubert avec tant des grands tubes à l’image de la célèbre Truite que des partitions plus rares. Afin de marquer des césures dans ce programme, le chef dirige des Danses allemandes de Schubert dans l’orchestration de Johannes von Herbeck. Les puristes pourront râler car l'exercice n’est pas hautement porté par l’exigence musicologique mais la discographie compte déjà de belles réussites dans cet exercice à l’image du célèbre album sous la direction de Claudio Abbado avec en soliste Anne-Sofie von Otter et Thomas Quasthoff (DGG).  

Ici, la beauté solaire, la diction exemplaire et la palette des nuances du baryton sont des atouts essentiels ; Benjamin Appl est un conteur, parfois un diseur, qui narre avec simplicité mais profondeur les historiettes et saynettes de chacun des lieder, tantôt tragiques, tantôt joyeuses. Le chef d’orchestre Oscar Jockel fait tout son possible pour se mettre à l’écoute de son soliste, mais son accompagnement est trop timide et est avare de contrastes et de couleurs. Certes, la voix n’est jamais couverte ou pressée et l’écrin sert à merveille la prestation magistrale de Benjamin Appl. Cependant, on reste sur notre faim, l’ensemble peinant à s’imposer comme un travail d’équipe équilibré. Le Münchner Rundfunkorchester est une solide formation, mais il peine à s’affirmer dans les Danses allemandes trop précautionneuses.

Un disque intellectuellement très bien conçu, porté par un chanteur magistral qui délivre une leçon de chant, mais auquel il manque l’appui instrumental idoine. Saluons malgré tout un album qui sort des sentiers battus !

Son : 9 – Livret : 9 – Répertoire : 10 – Interprétation : 8

Pierre-Jean Tribot

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