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Alondra de la Parra et Gaëlle Arquez : flamboyance espagnole à Monte-Carlo

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La cheffe mexicaine Alondra de la Parra est à nouveau l’invitée de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, pour un concert à l’Auditorium Rainier III, avec  un programme d’oeuvres latino-espagnoles qui sont sa marque de fabrique. Il serait pourtant de bon ton de l'inviter dans du grand répertoire afin de l’apprécier dans autre chose que ce répertoire de démonstration. Mais bien évidemment, comme à chacune de ses venues, le public monégasque est présent en nombre pour admirer la présence de la musicienne au pupitre et l’énergie communicative et fédérative qu’elle assure dans ces partitions en technicolor.   

La mezzo-soprano Gaëlle Arquez, qui avait déjà enchanté le public de l’Opéra de Monte-Carlo en mars dernier dans la double affiche ravélienne L’Heure espagnole et L’Enfant et les sortilèges, était la soliste de la soirée.

La Rapsodie espagnole de Ravel, véritable feu d’artifice orchestral, foisonne d’ingénieuses combinaisons sonores. Alondra de la Parra en offre une interprétation vivante, colorée et éclatante, mettant en valeur la richesse des timbres et la virtuosité de l’orchestre.

Vient ensuite Shéhérazade, l’une des partitions les plus subtiles et les plus exigeantes du compositeur.  Gaëlle Arquez y déploie une voix somptueuse, souple et nuancée, d’une rare musicalité. Sa prestation fascine par sa sensualité, son raffinement et sa profondeur émotionnelle : Arquez est Shéhérazade.La complicité musicale entre la mezzo-soprano et la cheffe est parfaite. 

Dans Alborada del gracioso, Alondra de la Parra fait jaillir toute la verve rythmique et la flamboyance hispanique de Ravel. Sa direction, nerveuse et d’une précision assurée, rend justice à cette pièce palpitante et redoutablement complexe.

Contrastes amérindiens en terre monégasque 

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Deux concerts contrastés en ambiances occupaient la fin de semaine monégasque à l’Auditorium Rainier III : un récital du pianiste argentin Nelson Goerner et un concert de l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo. 

Nelson Goerner rejoint " l'Olympe des grands pianistes argentins" aux côtés de ses aînés Daniel Barenboïm et Martha Argerich. Ils sont tous les trois issus de l'Ecole de Vincenzo Scaramuzza, grand pédagogue italo-argentin, qui a innové une méthode fondée sur une étude exacte de l'anatomie du pianiste, qui permet une complète relaxation des muscles et des tendons de la main et du bras, même lorsque le pianiste doit exécuter les pièces les plus difficiles. En conséquence, le son est toujours rond et sans rugosité, jamais métallique, même en jeu fortissimo.

Nelson Goerner nous propose les 4 Ballades de Chopin en première partie de son récital. Chopin a composé ces Ballades à Paris et à Nohant dans la maison de George Sand et Chopin préférait les salons aux salles de concerts. Nelson Goerner fait sonner le grand piano de concert Steinway, comme si nous étions chez lui à la maison en toute intimité. On est ébloui par la sincérité de son jeu. Pas d'effets clinquants, tout est subtil, les timbres et les sonorités sont comme du velours, les couleurs chatoyantes. Les passages les plus virtuoses et les plus difficiles, coulent de source. On atteint le sommet de l'art du piano.

En seconde partie on redécouvre la monumentale Sonate en si mineur S.178 de Liszt. Une demi-heure de musique intense. Goerner nous fait chavirer d'une excitation croissante, d'un jeu de feu et de passion à des moments de douceur et de délicatesse exquise. Nelson Goerner est phénoménal. Il a atteint le plus haut niveau de perfection technique et de musicalité. Sublime, ardent, bouleversant, émouvant, quelle performance incroyable ! 

Le public est enflammé et après plusieurs rappels, Goerner nous donne en bis Brahms et Liszt.