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L’Alcione de Marin Marais par Jordi Savall : du songe à la tempête

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Marin Marais (1656-1728) : Alcione, tragédie lyrique en cinq actes. Léa Desandre (Alcione), Cyril Auvity (Ceix), Marc Mauillon (Pélée), Lisandro Abadie (Pan, Phorbas), Antonio Abete (Tmole, Le Grand Prêtre, Neptune), Hasnaa Bennani (Ismène, Première Matelote), Hanna Bayodi-Hirt (Bergère, Deuxième matelote, Junon), Sebastian Monti (Apollon, Le Sommeil), Maud Guidzaz (Doris), Lise Viricel (Céphise), Maria Chiara Gallo (Aeglé), Yannis François (Le chef des matelots), Gabriel Jublin (Phosphore), Benoît-Joseph Meier (Un suivant de Ceix). Le Concert des Nations, chœur et orchestre, direction Jordi Savall. 2017. Notice en français, en anglais, en espagnol, en catalan, en allemand et en italien. Texte complet du livret en français avec traduction dans les mêmes langues. 175.50. Un album de 3 CD AliaVox AVSA9939.

A Genève, L’ORFEO  selon Ivan Fischer  

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Pour deux uniques représentations, le Grand-Théâtre de Genève invite le grand chef hongrois Ivan Fischer et son Opera Company à présenter leur production de L’Orfeo de Claudio Monteverdi qui se propose de reconstituer le finale tragique de la première version perdue. A ce sujet, le chef cite Carl Kerenyi, érudit en mythologie grecque qui, dans un article de 1958 intitulé Orfeo simbolo dionisiaco, écrivait : « La scène finale d’Alessandro Striggio (le librettiste) contient l’essentiel de la fête dionysiaque qui combinait la tragédie avec le drame satyrique qui venait ensuite. Mais même cette combinaison s’avéra insupportable pour le public du XVIIe siècle. Monteverdi a dû abandonner son concept original qui était de présenter Orphée comme symbole dionysiaque. L’Orfeo fut ainsi privé de son sens tragique ». Ceci expliquerait donc le remaniement édulcoré qui fut présenté au Palais Ducal de Mantoue le 24 février 1607, montrant le dieu Apollon entraînant le chanteur-poète dans les étoiles où il peut contempler éternellement Eurydice. Mais l’on n’a jamais pu établir si Monteverdi avait mis en musique ou non le dénouement avec les Bacchantes démembrant le corps d’Orphée.  Ivan Fischer recourt donc à des séquences dansées avec chœur pour constituer une orgie bachique dont le protagoniste est rapidement chassé du plateau en cédant la place à un bouc lascif atteint de priapisme que nymphes et bergers avinés célèbrent bruyamment sans nous faire assister véritablement à une tragédie.