Mots-clé : George Balanchine

Les choréragraphes de Diaghilev (1) : Fokine, Nijinsky, Massine, Nijinska

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Bien qu' issu du Ballet Impérial et sa tradition classique, Michel Fokine exigeait que sa chorégraphie, expression de la musique, fut étroitement liée à l'atmosphère et à l'intrigue du ballet. Comme l'écrivit Danilova: "Lors de ma première saison chez Diaghilev, je dansais dans Le Lac des Cygnes. Il avait coupé de nombreux passages mimés. J'étais totalement pour. Au lieu de pointer votre doigt vers vous-même puis vers quelque endroit sur le plateau puis d'agiter votre main tout cela pour dire seulement : "Je vais là-bas", vous supprimiez le mime et vous contentiez d'y courir."

Michel Fokine était le plus versatile et le plus poétique des chorégraphes ; nombreux sont ses ballets qui ont survécus jusqu'à ce jour. Les Sylphides, avec leurs longs tutus et leur atmosphère de rêve, sont toujours au programme des troupes de ballet du monde et sont devenues pour le profane le symbole même du ballet classique. A l'époque, leur succès fut immortalisé par la présence de Nijinsky, Pavlova et Karsavina. Les dessins de groupe de Fokine étaient simplifiés à l'extrême, ils éliminaient tout ce qui était superflu, ils possédaient une logique et une pureté mathématique qui sont une joie pour l'oeil et facilitent le souvenir et la transmission. Parmi les ballets qu'il créa (Les Danses Polovtsiennes du Prince Igor, Carnaval, Schéhérazade, Le Spectre de la Rose, Thamar, Daphnis et Chloé, Papillons, etc.), il est difficile de nommer le plus grand chef-d'oeuvre. Fokine eut le privilège de travailler avec Stravinski (pour L'Oiseau de Feu et Petrouchka) Benois et Bakst. C'est peut-être Petrouchka (1911), l'histoire de la marionnette dont le coeur humain se brise, fruit heureux du travail combiné de Benois, Stravinski et Fokine, dansé par Nijinsky et Karsavina qui demeurera pour toujours dans les annales des triomphes de Fokine avant la guerre. 

Le Ballet de l’Opéra de Paris reprend vie avec un triptyque Balanchine

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Après la longue période de grève qui a causé l’annulation de 45 représentations et une perte de plus de vingt millions d’euros durant les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Paris reprend peu à peu son activité, même si les soirées de première n’ont pas eu lieu jusqu’à présent. Et le Ballet qui n’a pas pu représenter Raymonda de Glazounov dans la production de Rudolf Nureyev, ni Le Parc d’Angelin Preljocaj et n’a assuré qu’une partie des reprises de Giselle, est maintenant en mesure de reprogrammer ses spectacles ; mais avant le lever du rideau, un communique projeté sur écran rend le public attentif à la précarité du régime des retraites, ce qui soulève une salve d’applaudissements de soutien. 

Est ainsi proposée une soirée George Balanchine comportant trois de ses ballets, donnée en accord avec le Balanchine Trust conformément aux normes d’exécution en matière de style et de technique. Le programme comporte d’abord l’une de ses chorégraphies les plus célèbres, Serenade, élaborée d’après la Sérénade pour cordes op.48 de Tchaikovsky (à l’ordre des mouvements modifié) qui avait été créée par les élèves de l’American Ballet School le 10 juin 1934 et qui était entré au répertoire du Ballet de l’Opéra le 30 avril 1947. Sans argument, les danseuses en longs tulles azurés conçus par Barbara Karinska sont figées, le bras droit tendu vers l’espace, sous les lumières bleutées de Perry Sylvey ; puis elles se mettent en mouvement, se groupant sporadiquement selon une ordonnance précise que règle Sandra Jennings. L’entrée du premier danseur, Marc Moreau le 22, Simon Le Borgne le 23, se synchronise avec le début de la Valse, entraînant dans ses tourbillons aériens le trio féminin conduit par Ludmila Pagliero puis Marion Barbeau. L’Elégie conclusive unit cinq des premiers plans en une émouvante déploration à laquelle se joindra l’ensemble se tournant vers l’Au-delà, tandis que l’Orchestre de l’Opéra National de Paris, remarquablement dirigé par Vello Pähn, réexpose le motif initial du tutti.

A la Scala, un Casse-Noisette selon Balanchine

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En ouverture de sa saison 2018-2019, le Corps de ballet du Teatro alla Scala et son directeur, le niçois Frédéric Olivieri, se parent de couleurs festives en assumant la première représentation italienne d’un Casse-Noisette que George Balanchine avait conçu en 1954 pour le New York City Ballet et que, selon une tradition immuable, la compagnie reprend chaque mois de décembre depuis sa création. Pour ma part, j’ai eu l’occasion de voir quatre fois la production originale au New York State Theatre sis au Lincoln Center. Et c’est donc avec une extrême curiosité que j’attendais cette présentation milanaise.