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La sélection de septembre de Crescendo Magazine 

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C’est la rentrée avec des reprises des concerts et des représentations d’opéras alors que certains festivals continuent d’illuminer cette fin d’été. 

  • Belgique

On commence justement ce parcours à Bruxelles avec le Festival Voce et Organo 2022. Il  se déclinera sur deux lieux exceptionnels : l’église Notre-Dame de la Chapelle à Bruxelles, mais aussi, à Orp-Le-Grand, l’église Saints-Martin-et-Adèle (XIe-XIIe s.), joyau de l’art mosan roman en Brabant wallon.

La thématique 2022 est LUX VENETIAE. A travers cette thématique, le Festival Voce et Organo 2022 mettra à l’honneur le compositeur Allemand Heinrich Schütz (1585-1672), parfois appelé "le Monteverdi allemand", figure transitionnelle entre l'esthétique de la Renaissance et la modernité baroque venue d'Italie. Du côté de l’affiche, on retrouvera le meilleur du meilleur : Claire Lefilliâtre,  le Chœur de Chambre de Namur, les Ensembles Hortus Musicalis et Oltremontano et les organistes Benoît Mernier, Arnaud Van de Cauter, Jean-Luc Iffrig et Luc Ponet.

Les concerts du Festival Voce et Organo se caractérisent par l'alternance d'œuvres pour orgue seul d'une part, et de musique vocale ou d'œuvres pour ensemble instrumental d'autre part. Le Festival souhaite ainsi mieux faire connaître la musique d'orgue à un public intéressé par la musique ancienne.

Chaque année, Voce et Organo collabore non seulement avec des musiciens étrangers, mais aussi avec des artistes belges. Le répertoire des compositeurs actifs dans nos régions fait l’objet d’une attention toute particulière. 

On reste à Bruxelles avec nos amis du Belgian National Orchestra qui accueillent leur nouveau directeur musical : le Néerlandais Anthony Hermus pour un concert d’ouverture de saison ambitieux  : Wim Henderickx et son Pulses of the Earth ; Johannes Brahms et son Concerto pour violon (avec Hilary Hahn) et en apothéose  la Symphonie Fantastique de Berlioz. C’est à Bozar le 9 septembre ! 

A Bozar, toujours, l’Orchestre symphonique de La Monnaie fait sa rentrée avec un concert sous la direction d’Alain Altinoglu dans un programme contrasté avec, entre autres, la première à Bruxelles de la version originale de l’Interlude symphonique de Rédemption de César Franck  (dit “Ancien Morceau symphonique”) et une création de notre brillant compatriote Harold Noben (25 septembre). Bozar nous régale également un week-end d’ouverture les 17 et 18 septembre : un florilège de musiques. 

Dossier Sibelius (I) : les symphonies

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Crescendo Magazine vous propose la mise en ligne, en deux parties, d'un article qu'Harry Halbreich avait consacré à l'oeuvre de Sibelius. La première partie de ce texte est centrée sur le corpus des symphonies.

Les sept symphonies de Sibelius durent entre vingt et quarante minutes et font appel à des effectifs traditionnels, et même modestes pour leur époque, aux antipodes du gigantesque sonore malhérien. Sous ces dehors d’une familiarité rassurante, elles nous surprennent pourtant par un discours insolite et qui n’a pu que dérouter ceux qui les abordaient du point de vue de la symphonie d’obédience germanique. Parfois, on rencontre bien un semblant de Forme Sonate, mais la notion de thème et de développement n’est pas la même, et par conséquent on ne trouvera que le plan tonal familier. Le discours tend sans cesse davantage vers une continuité, vers une permanente évolution proche d’une croissance organique permettant de parler d’une véritable biologie sonore. Par métabole, voire par osmose, un thème souvent en devient peu à peu un autre, et cet être nouveau se trouve alors là où on attendrait le retour de la première idée. Non seulement les “mouvements” tendent très tôt à fusionner l’un avec l’autre (Finale de la Troisième, premier mouvement de la Cinquième fait de deux morceaux à l’origine séparés), pour aboutir au gigantesque monolithe de la Septième, parfaite Symphonie en un mouvement, mais cela entraîne une véritable “tectonique de plaques” au sens géologique, une superposition graduelle, puis totale, de tempi différents qui a particulièrement fasciné certains compositeurs d’aujourd’hui, de Murail et Dufourt à Magnus Lindberg. On ne trouve rien de pareil dans la musique atonale viennoise. Autre conséquence de cette inéluctable fusion et interrelation des éléments du discours, aux antipodes de la rigide pensée “paramétrique” des sériels : les fonctions tonales, cadentielles en particulier, sont fortement affaiblies, au profit de la pensée modale. La Sixième est un modèle insurpassé de symphonie modale, où les échelles modales acquièrent des relations propres autrefois aux tonalités : sous-dominantes, relatifs, etc... et la Septième Symphonie, “officiellement” en Ut majeur, ne commence nullement dans ce ton et n’y demeure pas souvent par la suite...