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Beauvais célèbre le piano sous toutes ses formes

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Chaque année, Pianoscope de Beauvais invite un pianiste différent à en assurer la direction artistique. En 2025, Lucas Debargue propose une programmation où les chefs-d’œuvre du répertoire côtoient transcriptions et improvisations.

Notre week-end débute le samedi 18, au nouveau Théâtre du Beauvaisis fraichement inauguré au début de l’année, avec un concert « deux en un » réunissant Béatrice Berrut en première partie et Florian Noack en seconde. Tous deux excellent dans l’art de la transcription et de la composition, mais aussi dans celui, plus rare, de la présentation au public. Le programme de Béatrice Berrut s’attache à un répertoire de la fin du XIXᵉ siècle, tandis que celui de Florian Noack s’oriente vers le XXᵉ, avec une nette inclination pour le jazz. Parmi les pièces jouées par Berrut, le diptyque Polaris et Céphéides, de sa propre plume, évoque les constellations avec poésie et imaginaire.

Florian Noack, de son côté, impressionne notamment avec sa transcription des Danses polovtsiennes de Borodine, restituant au clavier toute la richesse orchestrale et la diversité des timbres. Au fil du récital, il affirme de plus en plus son goût pour le jazz à travers Five o’clock Foxtrot de Ravel, des Songs de Gershwin ou encore Dinah de Fats Waller, toujours dans ses propres transcriptions. Son interprétation respire la légèreté, la gaieté et le sourire, portée par une virtuosité jamais démonstrative, entièrement mise au service de la musique.

Festivités Montpelliéraines sous la direction de Roderick Cox

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40 ans, ça se fête ! Le Festival Radio France Occitanie Montpellier souffle une jolie bougie supplémentaire. Avec une multitude de concerts dans différents lieux, la ville bat au rythme d’une programmation variée (baroque, classique, jazz et musique du monde) durant plus de deux semaines.

De grandes formations musicales s’alternent chaque soir à l’Opéra Berlioz du Corum. L’orchestre maison de la ville, qui a une place à part dans le cœur du public, est invité pour l’avant-dernier concert du Festival. Sous la baguette de leur nouveau directeur musical, le chef d’orchestre américain Roderick Cox, l’Orchestre National de Montpellier tisse un lien entre 3 grands noms du XIXe siècle : Brahms, Schumann et Dvořák.

Inspiré du poème Hyperion de Friedrich Hölderlin, Johannes Brahms termine en 1871 son poignant Schicksalslied op. 54 pour chœur et orchestre. Au cours des 3 strophes, le compositeur convoque la force des dieux antiques et des habitants du ciel avant de se faire plus sombre, où la douleur des hommes chancelle dans un gouffre infini. Cette œuvre se termine tout de même sur une possible rédemption de la destinée humaine.Préparés par leur cheffe de chœur, Noëlle Gény, les chanteurs ont pris le parti de défendre la lumière qui émane de ce Chant du Destin. Ils s’emparent avec retenue et puissance des mots du philosophe allemand. Dès les premières mesures, les voix d’altos donnent le ton. La clarté sera le maître-mot. Le chœur brûle par sa ferveur et sa conviction. L’Orchestre, quant à lui, réussit à prendre toute sa place nécessaire, en particulier le pupitre de violoncelle qui se révèle admirablement. 

Après Brahms, comment ne pas penser à Schumann ? La soirée se poursuit donc avec cette filiation évidente entre les deux compositeurs romantiques. D’abord conçue comme une fantaisie pour piano et orchestre, dédiée à sa chère Clara, Robert Schumann étoffera son œuvre de deux autres mouvements, enchaînés, pour devenir le Concerto pour piano en la mineur op. 54 créé en 1845. Le jeune pianiste français Jonathan Fournel, premier prix du prestigieux Concours Reine Elisabeth en 2021, s’attaque à ce monument du répertoire où alterne lyrisme et délicatesse. Dès le début du premier mouvement allegro affettuoso, le hautbois d’une solennité magistrale ouvre la voie à un piano tout en retenu. Le son perlé de Jonathan Fournel est d’une précision salutaire. Jamais dans le pathos, le jeune pianiste évite quelques clichés. Après un premier mouvement, nourri par une longue et sincère salve d'applaudissements (!), l’intermezzo laisse apparaître la baguette légère du chef. Toujours dans la mesure, Roderick Cox dégage une sobriété appréciée, laissant la place à une clarinette évanescente. Enfin, l’allegro vivace permet au pianiste de prendre toute sa place et de nous montrer davantage sa personnalité. Le style y est plus singulier et incisif. Visiblement très ému, Jonathan Fournel reprend ses esprits et offre en bis l’Intermezzo op. 177 n°2 de Brahms. La boucle est bouclée.

La sélection du mois de février 2023

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Le mois de février commence avec le CPE Festival et deux concerts contrastés dans les répertoires mais qui illustrent les facettes de la musique. Le 4 février, le Quatuor Danel, que l’on ne présente plus, interprètera des œuvres de Fanny et Felix Mendelssohn. Le 12 février, l’Ensemble Astoria  proposera un voyage musical avec des partitions d’Astor Piazzolla et de Michel Lysight.

A Bruxelles, le piano règnera en maître ! On commence à Bozar un festival 100% Rachmaninov :  le Belgian National Orchestra, sous la direction de Cristian Măcelaru, accompagnera les pianistes Behzod Abduraimov et Denis Kozhukhin. A Flagey, ce sera les 10 ans du Festival Piano Days (du 8/2 au 12/2) avec une affiche bigarrée et passionnante : Jonathan Fournel, Boris Giltburg, Lukáš Vondráček, Tamara Stefanovich, Elisso Virsaladze.Le classique se mélangera au jazz pour une fête des claviers sans frontières. 

A l’Opéra de Liège, le rare Hamlet d’Ambroise Thomas prendra ses quartiers pour une série de représentations (du 26/02 au 7/3). A Anvers, l’Opéra des Flandres propose une reprise du fascinant Satyagraha dans une mise en scène de Sidi Larbi Cherkaoui (du 15/2 au 4/03). 

A Lille, l’Orchestre National de Lille proposera un concert avec le légendaire Jean-Claude Casadesus qui fêtera le Lillois Lalo avec l’Ouverture de son opéra le Roi d’Ys à l’occasion des 200 ans de sa naissance (16 et 17 février). D'autres belles affiches sont au programme de la phalange lilloise. 

Hommage à Ysaÿe à l’Auditorium du Louvre

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L’Auditorium du Louvre a programmé à la mi-mars trois concerts en hommage à Eugène Ysaÿe. Légende du violon, Ysaÿe était également un défenseur infatigable de la musique de ses contemporains dès lors les programmes proposés mettaient l’accent sur des œuvres de Ravel, Fauré, Chausson et Franck. Trois jours de bonheur musical intense, avec des musiciens choisis parmi les meilleurs de la jeune génération.

Le 14 mars, le premier concert se déroule à l’heure du déjeuner. Au programme figurent, aux côtés de la Quintette pour piano et cordes n° 1 de Fauré, deux pièces d’Ysaÿe rarissimes en concert : la Sonate pour deux violons de 1915 et le Trio pour deux violons et alto « Le Londres » de la même année. Pour la Sonate, Vladislava Luchenko et Jane Cho réalisent une extraordinaire fusion dès les premières notes, comme s’il s’agissait d’un seul instrument. L’œuvre est remplie d’idées inhabituelles, notamment une fugue en plein milieu du premier mouvement. Cela rend l’interprétation facilement disparate si elle n’est pas basée sur une lecture extrêmement solide et minutieuse de la partition. Or, nos deux violonistes bâtissent chaque mouvement avec un grand naturel qui suggère cependant une mûre réflexion, si bien que leur jeu dégage sincérité et honnêteté. Le Trio est une transcription de la Sonate. En ajoutant un alto, Ysaÿe a donné une épaisseur à cette dernière dont l’écriture rappelle déjà quelque chose de symphonique. Mais il n’a pas été satisfait de son travail, excepté le premier mouvement, et il n’a pas « validé » l’édition publiée pour les deux autres mouvements. L’altiste Miguel da Silva a alors décidé de ne jouer que ce premier mouvement, en respectant l’exigence artistique du compositeur. Les trois artistes répondent éloquemment à cette exigence, attirant l’auditeur par la force de la musique singulière. Le pianiste Jonathan Fournel et le violoncelliste Riana Anthony se joignent aux trois artistes pour la Quintette de Fauré dont la sinuosité mélodique et les harmonies changeantes sont soulignées avec élégance.