Mots-clé : Joseph Moog

Un week-end luxembourgeois sous le signe de la musicalité

par

Au nord-est du Luxembourg, la petite ville d’Echternach, à quelques centaines de mètres de la frontière allemande, abrite une salle polyvalente d’une qualité remarquable : le Trifolion. Lieu d’événements culturels à la programmation éclectique, il se veut avant tout un espace de mise en valeur des artistes luxembourgeois. Tout au long de l’année, plusieurs week-ends y sont consacrés à différents thématiques : EchterLive pour les musiques actuelles, Echter’World pour les musiques du monde, Echter’Jazz pour le jazz, et enfin Echter’Classic, dédié à la musique classique. Ce dernier s’est tenu les 10 et 11 octobre derniers, articulé en deux volets : les grands concerts du soir au Trifolion et une série de show cases de jeunes musiciens basés au Luxembourg, donnés dans la Salle des Glaces du Lycée Classique d’Echternach.

Les grands concerts du soir

La première soirée a réuni le vibraphoniste Pascal Schumacher et la pianiste Danae Dörken dans un programme intitulé Glass Two, où s’entremêlent les musiques de Philip Glass et de Schumacher lui-même. L’alliance du vibraphone cristallin et du piano plus dense crée un dialogue sonore fascinant : la résonance aérienne de l’un se fond dans la profondeur de l’autre. Leur interprétation, tantôt contemplative dans la répétition hypnotique des motifs, tantôt vive et contrastée par un jeu de nuances sonore très maîtrisé, capte littéralement le public. Danae Dörken, pianiste germano-grecque au tempérament lumineux, impressionne par son énergie et son sens du rythme, tandis que le Luxembourgeois Pascal Schumacher séduit par sa virtuosité et son imagination sonore. Les lumières mouvantes, aux teintes changeantes, contribuent à l’atmosphère méditative et immersive de ce concert exigeant et inspirant, où les musiciens entraînent le public dans une bulle où le temps semble suspendu.

Joseph Moog, face à Liszt 

par

Le pianiste Joseph Moog, Prix « Jeune Artiste » des ICMA 2012, marque les esprits avec un parcours discographique et des choix de répertoire qui explorent de nombreux territoires -parfois rares- du répertoire, tant en récital qu’avec orchestre. Il sort ce mois-ci un enregistrement consacré à des pièces de Franz Liszt, partitions majeures de l’Histoire de la musique et du répertoire pianistique. 

Votre nouveau disque est entièrement axé sur Liszt ? Pourquoi avez-vous choisi ce compositeur ? 

Franz Liszt est un artiste et une personnalité diverse et complète que j’ai toujours profondément admirés. Regardez l'ensemble de son travail, le développement de son langage musical, les centaines d'étudiants qu'il a inspirés, sa riche vie personnelle et les nombreuses lettres qu'il nous a laissées ! 

Depuis mon enfance, j'essaie de comprendre ce phénomène. Plus je m'occupais de sa musique et de sa vie, plus je voyais clairement qu'il était poussé par une quête de toute une vie et cela expliquait les énormes contrastes qui entouraient cet artiste. De sa vie dévolue à son ordination d'abbé, du romantisme à l'Impressionnisme, de la sensualité à la spiritualité, tout est né de cette quête de réponses aux grandes questions de la vie.

Inspiré par le Zeitgeist (« l’Esprit du temps »), Goethe et Dante, il tente de mettre en musique la coexistence de la lumière et des ténèbres, du Yin et du Yang, bon ou mauvais. Liszt est tellement de choses mais, très certainement, il était un vrai philosophe illustrant la symbiose des contrastes de sa vie. C'est ce qui fait la vitalité de son art jusqu'à ce jour et c'est ce que j'ai essayé de dépeindre avec mon nouvel album.