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Concert d’ouverture de la Schubertiada de Vilabertran avec Marlis Petersen et Stephan Mattias Lademann

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L’Empordà (Ampourdan), cette région catalane que le peintre Salvador Dalí avait choisi comme lieu de vie et de création, est également le siège de plusieurs initiatives musicales d’envergure dont le retentissement international n’est pas, à mon humble avis, à la mesure de leur calibre artistique. Je veux parler de l’orchestre et du concours de direction de Cadaqués, qui a vu jaillir de noms aussi importants que Lorenzo Viotti, Vasily Petrenko ou Gianandrea Noseda. Celui-ci est encore titulaire d’un orchestre aussi merveilleux qu’improbable dans une si petite ville. Ou du Concours International de Chant Jaume Aragall, qui a trouvé son premier siège à Torroella de Montgrí, avant de repartir vers la grande ville de Sabadell et de finir en déliquescence, à la suite des différentes crises économiques et politiques. Ou du Festival de Peralada, qui attire de grands noms du monde de l’opéra et un public disons… plutôt huppé et évènementiel que véritablement musical. Et de celui de Torroella de Montgrí, né en 1981, qui présente des programmes alléchants et qui atteindra bientôt son millième concert !

Mais ce qui me semble le comble de l’improbable c’est de se retrouver, dans la petite enclave de l’abbaye de Vilabertran, à la trentième édition d’un Festival consacré presque uniquement au « lied », pour un public environnant plutôt peu connaisseur de langue allemande, alors qu’on ne peut retrouver tout le long de l’Europe qu’à peine une dizaine de manifestations consacrées exclusivement à cet art si particulier et, toujours encore hélas, si minoritaire. Alors que le fait d’accompagner une voix d’une guitare, d’un luth ou d’un instrument à clavier n’est qu’une des formes les plus simples et les plus familières de faire de la bonne musique… Mais, non contents d’avoir atteint leur troisième décennie, ces schubertiens ont créé récemment des filiales au Pays basque, à Barcelone ville ou à la côte nord-espagnole ; en plus d’un programme crucial pour la découverte des jeunes liederistes (Lied the Future). Au départ, ce fut le pari personnel d’un médecin et grand mélomane, le dr. Jordi Roch, longtemps responsable des Jeunesses Musicales catalanes, à qui le temps, la capacité d’organisation de son Association Schubert et l’envergure artistique des concerts proposés ont donné raison. Cette trentième édition lui rend un hommage particulier. Il faut dire aussi que les noms d’Alfred Brendel, Matthias Goerne ou Wolfram Rieger (qui a joué plus de quarante fois ici !) figurent parmi les membres d’honneur…

Le concert d’ouverture, dans une nuit caniculaire de pleine lune d’été, a été confié cette année au soprano allemand Marlis Petersen, dont la récente « Maréchale » du Rosenkavalier à Munich a beaucoup impressionné la critique par sa performance somptueuse au milieu des désistements de plusieurs partenaires dus au Covid et autres accidents de parcours. Sous le titre « Innenwelten » (mondes intérieurs), elle nous propose, avec le pianiste Stephan Mattias Lademann, un parcours qui visite une série d’états d’âme plutôt qu’un catalogue de compositions rangés de façon plus ou moins chronologique ou par cycles, brisant ainsi certaines habitudes. Ici l’on passe allégrement de Brahms à Max Reger, de Wolff à Hans Sommer ou de Mahler à Richard Rössler, permettant ainsi la découverte de petits chefs d’œuvre méconnus. Petersen intervient quelquefois pour exprimer verbalement les émotions qu’ont suscité ses choix de programme. Elle justifie le fait de rester autour des auteurs de fin XIXème par la richesse de leurs jeux de tension/détente harmonique qui lui permettent d’approfondir dans les tensions du corps et de l’esprit. Nuits et songes, Bewegung im Inner / Mouvement intérieur, Libération et retour aux sources, sont les quatre blocs qui intègrent le récital. « Nuits et songes » incluent des pièces au thème plutôt contemplatif, nocturne. « Les mouvements intérieurs », en version allemande comprennent des pièces dramatiques comme le « Schmied Schmerz » (douleur acérée) de Max Reger ou « Ruhe, meine Seele» (repose, mon âme) de Richard Strauss qui ont marqué les moments les plus intenses de la soirée, avec un flot bouleversant de vagues sonores. Dans leur version française, « Mouvements intérieurs », Petersen promène parmi des mélodies amoureuses de Fauré, Duparc ou Hahn avec une diction précise, élégante et un phrasé libre et créatif, pas conventionnel. Le « retour au bercail », apaise progressivement nos émotions pour finir avec les mots réconfortants du « Urlicht » mahlérien :  Der Liebe Gott wird mir en Lichten geben (le Dieu de bonté m’apportera une petite lumière…). L’insistance du public fera revenir les artistes pour nous offrir, en guise de alpha/oméga, un inoubliable « Träume » des Wesendonck lieder de Wagner.

Die Tote Stadt à Munich 

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Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)  : Die tote Stadt.  Mise en scène : Simon Stone, décors : Ralph Myers, Costumes : Mel Page, Lumières : Roland Erdrich.  Jonas Kaufmann,  Paul ; Marlis Petersen, Marietta/Die Erscheinung Mariens ;  Andrzej Filonczyk, Franz / Fritz ;  Jennifer Johnston, Brigitta ; Mirjam Mesak, Juliette. Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone ; Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko. 2019. Chanté en allemand. Sous-titres en : allemand, anglais, français, japonais et coréen. Format image : HD / NTSC 16:9. Format don : PCM Stéréo et DTS5.1. 143’. Livret en allemand et anglais.   2 DVDs Bayerische Staatsoper Recordings.   BSOREC 1001. 

Kirill Petrenko à Berlin : le retour tant attendu du héros chef 

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Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n°7 en la majeur Op.92 et Symphonie n°9 en ré mineur Op.125 “Ode à la Joie” ; Piotr Ilyich Tchaikovsky (1840-1893) : Symphonie n° 5 en mi mineur, op. 64 et Symphonie nᵒ 6 en si mineur, « Pathétique », op.74 ; Franz Schmidt (1874-1039) : Symphonie n°4 en Ut majeur ; Rudi Stephan (1887-1915) : Musique pour orchestre. Marlis Petersen, soprano ; Elisabeth Kulman, mezzo-soprano ; Benjamin Bruns, ténor ; Kwangchul Youn, baryton. Rundfunkchor Berlin, Gijs Leenars. Berliner Philharmoniker, Kirill Petrenko. 2018 et 2019. Livret en allemand et anglais. 1 coffret de 4 CD et 2 Blu-Ray Berlin Phil. 200351