Die Tote Stadt à Munich 

par

Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)  : Die tote Stadt.  Mise en scène : Simon Stone, décors : Ralph Myers, Costumes : Mel Page, Lumières : Roland Erdrich.  Jonas Kaufmann,  Paul ; Marlis Petersen, Marietta/Die Erscheinung Mariens ;  Andrzej Filonczyk, Franz / Fritz ;  Jennifer Johnston, Brigitta ; Mirjam Mesak, Juliette. Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone ; Bayerisches Staatsorchester, Kirill Petrenko. 2019. Chanté en allemand. Sous-titres en : allemand, anglais, français, japonais et coréen. Format image : HD / NTSC 16:9. Format don : PCM Stéréo et DTS5.1. 143’. Livret en allemand et anglais.   2 DVDs Bayerische Staatsoper Recordings.   BSOREC 1001. 


Pour son apparition sur le marché du disque, le nouveau label de l’Opéra de Bavière frappe très fort car après une phénoménale Symphonie n°7 de Gustav Mahler, voilà une nouvelle interprétation toute aussi magistrale et importante du Die Tote Stadt de Korngold. L’évènement était de taille pour la prestigieuse maison bavaroise car la partition de Korngold revenait à l’affiche après plus d’un demi-siècle d’absence ! De plus, tous les feux médiatiques étaient concentrés sur la prise de rôle très attendue de Jonas Kaufmann en Paul.  

Commençons tout d’abord par la direction musicale de Kirill Petrenko. Le chef est encore une fois exemplaire dans sa compréhension de l'œuvre, il tend la structure dramatique mais impose une souplesse toute en dynamisme et mobilité à l’imposante masse orchestrale. C’est ici plus nerveux qu'épais (défaut rédhibitoire dans cette partition qui peut facilement être gorgée de calories). La direction respecte également toutes les influences de Korngold, que ce soit dans la brillance opulente d’un Richard Strauss que dans les alliages instrumentaux d’un Puccini. Encore une fois, Petrenko réussit, au pupitre d’un orchestre phénoménal, la quadrature du cercle. Quel musicien et quel chef ! 

Bien évidemment, les lyricophiles vont être attirés par la présence de la super star Jonas Kaufmann. Le ténor allemand est radieux. Le timbre et la projection de la voix sont exemplaires et l’incarnation dramaturgique est idéale. Face à lui, Marlis Petersen lui donne une réplique tout autant engagée vocalement et scéniquement. Les autres rôles sont servis par des interprètes solides, même s’ils ne peuvent se hisser au niveau du duo Kaufmann/Petersen. 

Venant de l’univers du cinéma, l’Australien Simon Stone livre une mise en scène très efficace, même si parfois un peu démonstrative dans sa volonté d’animer le plateau à outrance. Le cinéma est d’ailleurs la base de cette scénographie dont le décor nous montre deux affiches Blow-up de Michelangelo Antonioni et Pierrot le Fou de Jean-Luc  Godard, subtiles parallèles avec le livret de l’opéra. Le concept scénique nous plonge dans une maison contemporaine pivotante avec ses multiples pièces qui permettent au metteur en scène de faire apparaître des doubles de la défunte épouse de Paul décédée ici de maladie et où la folie du personnage principal se heurte aux murs d’un réel que son état mental ne lui permet pas de voir. On peut avoir plusieurs niveaux de lecture de ce beau travail scénique en fonction de sa sensibilité. Il est tellement rare de nos jours de visionner un tel travail qui suggère des ouvertures interprétatives sans plaquer son interprétation unilatérale. 

Comme pour la Symphonie n°7 de Mahler, l'objet est très soigné dans son élégante qualité. Si ce double DVD ne propose pas de bonus, on apprécie le livret papier qui propose un entretien de qualité. Cette production est disponible en DVD et en Blu-ray. 

Note globale : 10

Pierre-Jean Tribot

L’apothéose de la danse : Mahler par Kirill Petrenko 

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.