Mots-clé : Michaela Schuster

Salomé à l’opéra de Vienne

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Heureusement l’opéra Salomé est aussi représenté en dehors de Paris. Si la mise en scène de l’opéra de Vienne est moins sordide que celle de Lydia Steier, elle n’est pas moins dérangeante. Merci pour nous. Le metteur en scène français Cyril Teste situe l’action au cours d’un dîner mondain chez une famille bourgeoise autrichienne durant les années vingt, rappelant ainsi la proximité de l’œuvre avec la psychanalyse naissante. Un cameraman filme l’évènement. Quand son direct n’est pas projeté en fond de scène, une grande lune y luit. Bien que le cadre de l’œuvre y soit ainsi respecté, certains éléments de mise en scène interloquent. 

Deux gamines muettes, vêtues comme Salomé et la suppléant -l’une en se saoulant, l’autre lors de la danse des sept voiles- l’entourent. Qui sont-elles ? Des réminiscences de l’enfance, insistant sur la pédophilie dans l’œuvre ? Des sœurs ? Encore une fois, la pertinence de personnages silencieux non mentionnées questionne. Sont-ils nécessaires ? 

Outre cela, le jeu entre Salomé et Jochanaan, se touchant, alors que le prophète refuse de se laisser souiller par la princesse et que le bourreau se serve de sa tête décollée comme masque avant de finalement la mettre sur un plateau d’argent, interpellent également.

A côté de cela, d’autres éléments, comme le rouge violent d’abord sur les piliers du jardin, puis sur la lune et en éclairage en fond de scène ou le comique de la dispute des Juifs sont très plaisants.

Et surtout, les interprètes ont très bien compris l’opéra. La soprano finlandaise Camilla Nylund en Salomé peint une jeune princesse perdue dans sa recherche névrotique d’amour. Elle réussit très bien les kyrielles d’aigus straussiens, et son monologue final laisse bien éclater la vérité de son désir. Le baryton-basse écossais Iain Paterson en Jochanaan réussit bien son chant d’airain et de velours, alliant la souplesse mozartienne et la puissance wagnérienne. Quel dommage de l’entendre si sourdement in absencia, depuis sa cellule sous la scène….

Elektra à Baden-Baden

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Après Die Frau ohne Schatten (La Femme sans ombre) de Lydie Steier l’année dernière, le Festival lyrique de Baden-Baden joue cette année Elektra avec une mise en scène de Philipp M. Krenn et de Philipp Stölzl. Qu’il en soit remercié. Tout le monde n’est pas parti, de la production dernière. Elza van den Heever et la Philharmonie de Berlin sous la baguette de Kirill Petrenko sont encore là. Qu’ils en soient remerciés également.

Sur une scène enclose sur elle-même telle un crâne, des blocs amovibles sculptent le décor à l’envi, montrant ainsi leurs lignes faisant songer à des lignes de textes, surtout avec celui du libretto projeté sur eux, ou des portées. Ils séparent, encaquent ou libèrent les personnages, tout en soulignant leurs enfermements psychologiques. Ils peuvent aussi transformer le plateau en escalier géant, illustrant la montée dans la psychose comme la descente dans la psyché. Le crime comme la vertu a ses degrés, disait Racine dans "Phèdre". Ces cubes rappellent ainsi que, comme dans Salomé, Elektra fut composé à l’époque de la naissance de la psychologie. Et comme Salomé, Elektra présentent des caractères au bord de la folie, se heurtant à celle du personnage féminin central.

Ces blocs constituent certes la plus grande force de cette mise en scène, avec leur plasticité scénique mais aussi une faiblesse, à cause des contraintes physique qu’ils imposent aux acteurs. Ainsi quand ils les enferment, ne leur permettent-ils que peu de mouvements et les forcent-ils à se plier en contraignant leur plexus. Cela se voit notamment dans la scène finale, durant laquelle Electre, à côté des cadavres de ses parents, et sous un de ces cubes, veut danser mais peut à peine bouger.

Semyon Bychkov éblouissant dans Richard Strauss

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Emily Magee en impératrice © ROH

Pour célébrer le 150e anniversaire de Richard Strauss, le Royal Opera de Londres a mis cette saison « Elektra », « Die Frau ohne Schatten » et « Ariadne auf Naxos » à l’affiche. Pour « Die Frau ohne Schatten » (La femme sans ombre) qui n’avait plus été représenté depuis 2001, le Royal Opera a opté pour une coproduction avec la Scala de Milan dans une mise en scène de l’Allemand Claus Guth. La direction musicale a été confiée au chef Russe Semyon Bychkov qui fut le grand triomphateur de la soirée.