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A Lausanne, de somptueuses Nozze di Figaro 

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Pour ouvrir la saison 2021-2022 de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié, son directeur, table sur un chef-d’œuvre, Le Nozze di Figaro, en proposant la mise en scène que le cinéaste américain James Gray a conçue à la demande du Théâtre des Champs-Elysées. Encensé pour ses grands films Two Lovers en 2008, The Immigrant en 2013, il ne veut pas jouer les modernistes désacralisateurs ; mais il porte son choix sur une esthétique traditionnelle en demandant à son décorateur Santo Loquasto un rideau de scène qui rapproche le couple Figaro-Susanna d’Arlequin et Pantalon de la commedia dell’arte. Puis le rideau se lève sur un palais provincial où un escalier relie la chambre des futurs époux aux appartements du Comte, tandis que le boudoir de la Comtesse est encastré sous une galerie extérieure dont l’envers donnera accès aux salles d’apparat. Et c’est dans une brume nocturne suggérée par les habiles éclairages de Bertrand Couderc que se dessinera la fontaine du jardin où se défera l’imbroglio des fausses apparences. Les costumes magnifiques de Christian Lacroix se réfèrent au premier Goya peintre de cour, en habillant de noir Marcellina et Don Bartolo, Basilio et Don Curzio ainsi que le Comte en représentation, engoncé dans ses brocarts rehaussé d’or comme le Duc d’Osuna, alors que la Comtesse passe d’une tenue matinale vaporeuse à la crinoline de velours rouge galonnée de dentelles. Comme une maja, Susanna harmonise jaune et bleu sous tablier blanc de camériste avant de se parer du blanc nuptial emprunté à la Duchesse d’Alba. Cheveux noués sous filet bourgeonné, Figaro partage la débauche de coloris éclatants avec ses comparses rencontrés sur les bords du Manzanares. Et le pauvre Cherubino semble tellement gauche dans sa jaquette bleue et son pantalon rayé que le spectateur en a pitié, tandis qu’il est continuellement pris à partie par son entourage qui suit à la lettre les directives de Gilles Rico assumant les reprises de la mise en scène, comme il l’a fait à Nancy et au Luxembourg.

A Lausanne, une éblouissante Doña Francisquita

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Avec ses livrets en langue espagnole ou catalane et ses dialogues parlés, la ‘zarzuela’ ne figure que rarement à l’affiche des théâtres de nos régions. Mais Eric Vigié, le directeur de l’Opéra de Lausanne, s’y intéresse vivement et a déjà présenté en 2009 Pan y toros de Francisco Barbieri. Et en cette fin janvier, il nous propose l’ouvrage majeur d’Amadeo Vives, Doña Francisquita , créé au Théâtre Apolo de Madrid le 17 octobre 1923 avec un succès triomphal qui se maintiendra durant vingt ans en totalisant 5210 représentations à Madrid, Barcelone et Buenos Aires avant d’être exporté dans plusieurs villes de France, à la Monnaie de Bruxelles et à l’Opéra-Comique qui devra annuler la première au moment où éclatera la Guerre Civile en Espagne.