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Pascal Vigneron, à propos d’une intégrale collective de l’oeuvre pour orgue de Messiaen 

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L’organiste Pascal Vigneron est le maître d'œuvre d’une intégrale au disque des partitions pour orgue de Messiaen enregistrée à la Cathédrale de Toul. Ce projet est particulier car il fédère des étudiants d’institutions d’enseignement musical qui se sont partagées les différentes pièces. Ce projet est aussi unique que novateur et il a une déclinaison belge car des étudiants de la classe d’orgue de Benoît Mernier au Conservatoire y ont pris part (Charlène Bertholet, Salomé Gamot, Laurent Fobelets, Damien Leurquin et Maria Vekilova). Crescendo Magazine s’entretient avec Pascal Vigneron qui nous présente les axes et les enjeux de ce projet qui fera date  

Vous avez initié ce projet d’une intégrale de l’oeuvre d’orgue d’Olivier Messiaen partagée par des élèves des institutions d’enseignement musical : Conservatoires nationaux supérieurs de Musique de Paris et de Lyon,  Schola Cantorum de Paris, des Conservatoires de Nancy et Saint-Maur, Musikhochschule de Stuttgart et Conservatoire royal de Bruxelles. Pourquoi avoir choisi l'œuvre de Messiaen spécifiquement comme dénominateur de cette aventure ?  

Olivier Messiaen fut captif à Toul en 1940. C'est là qu'il commença l'écriture du Quatuor pour la fin du Temps. Il me semblait qu'il n'y avait pas meilleur lien pour fêter les 800 ans de la cathédrale de Toul. C'est un événement majeur qui restera gravé pour  les temps à venir. Si la pierre marque notre empreinte sur notre planète, la musique reste présente dans nos âmes et dans nos cœurs. L'œuvre est essentiellement chrétienne, et catholique. A une période ou nombre de nos congénères sont perdus, ou troublés, il est toujours important de ressaisir nos racines, de les cultiver et de les faire perdurer. C'est dans cet esprit que l'enregistrement à été réalisé, grâce à la compréhension de la Ville et de son Maire.

Est-ce que les partitions pour orgue de Messiaen présentent des qualités pédagogiques particulières pour de jeunes instrumentistes ? 

Toute somme musicale ou artistique porte en elle même une pédagogie. Encore faut-il être ouvert aux messages inclus dans l'œuvre artistique. Dans l'écriture de Messiaen, les modes, les thèmes, les ambiances, les couleurs, le langage des oiseaux, les formes rythmiques, les évocations, sont tous des points de pédagogie. Il faut juste extraire ce que l'on veut apprendre et faire apprendre. Pour le langage des oiseaux, il est bon de se référer à des livres d'ornithologie, pour comprendre ce que veut dire l'oiseau, et ensuite le transposer dans son jeu. Ce n'est qu'avec une telle méthode que le mot pédagogie prend tout son sens. Mais les exemples sont multiples, et cette dite pédagogie s'adresse aussi bien à l'interprète qu'à l'auditeur. De plus, il y a des pièces qui s'adressent à tous les niveaux, ce qui est un plus pour former un jeune musicien.

Comment avez-vous fédéré toutes ces institutions musicales autour de ce projet ? Comment avez-vous “partagé” la répartition des œuvres en fonction des institutions et des étudiants ? 

La répartition s'est faite avec et grâce au concours des professeurs. Ils ont été tous sans exception enthousiastes d'un tel projet. Ensuite une fois ce partage établit, le contact n'en n'a été que plus facile avec chacun des jeunes organistes. La difficulté des pièces, les heures de travail ont été ainsi réparties pour que chaque individu puisse donner le meilleur de lui-même.