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Bonheur et perplexité avec Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas

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Sentiments contrastés à la fin de la représentation d’Ariane et Barbe-Bleue de Paul  Dukas à l’Opéra de Nancy-Lorraine : un réel bonheur pour ce que l’on a entendu, une réelle perplexité pour ce que l’on a vu.

Ariane et Barbe-Bleue, créé à l’Opéra-Comique à Paris en mai 1907, est le seul opéra de Paul Dukas. Le livret en est de Maurice Maeterlinck. Voilà qui justifie le rapprochement que l’on fait souvent avec le Pelléas et Mélisande du même auteur, devenu opéra, et de quelle merveilleuse façon, grâce à Claude Debussy, cinq ans auparavant en 1902.

L’œuvre est très belle dans sa partition. Les séquences orchestrales sont amples et plongent l’auditeur dans les climats étranges et fascinants d’un conte de fée revisité. Cette partition d’orchestre n’est pas simplement un accompagnement, elle est partenaire à part égale des chanteurs. Jean-Marie Zeitouni et l’Orchestre de l’Opéra National de Lorraine lui ont donné une exacte présence. 

Un baroque d’aujourd’hui ?

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Pygmalion de Jean-Philippe Rameau et L’Amour et Psyché de Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville, dirigés par Emmanuelle Haïm et mis en scène par Robyn Orlin.  

Choisir Robyn Orlin comme metteure en scène, c’était espérer qu’une contemporanéité interpellante se conjugue avec des œuvres absolument typiques de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le résultat escompté : un baroque d’aujourd’hui. 

Une attente d’abord plutôt déçue avec Pygmalion dont la lecture révèle vite une conformité à « l’air du temps ». On se souviendra que le sculpteur tombe éperdument amoureux de la statue qu’il a conçue, au détriment de sa relation avec son amie Céphise. Amour s’en mêle pour que tout finisse bien. Une bonne idée scénique est celle de la création de la statue par un empilement d’images arrêtées de corps, projeté sur une immense toile. Mais le reste est convenu, comme l’évocation du snobisme mondain d’une soirée de vernissage, ou faussement innovateur avec ce Pygmalion narcissique vite attiré par d’autres conquêtes possibles. D’autre part, la chorégraphie -que l’on attendait- ne se déploie guère, condamnant les protagonistes à quelques gestes ressassés. Il est vrai que cette œuvre, si belle dans sa partition -et à laquelle rendent justice solistes et orchestre- est difficile à mettre en scène. Sa seule action est : « la statue se met en mouvement ».