Un délicat Quatuor avec piano et une transcription de la Symphonie pastorale, par un contemporain de Beethoven

par

Michael Gotthard Fischer (1665-1697) : Quartette pour le pianoforte avec accompagnement de violon, alto et violoncelle. Sinfonie Pastorale de Louis van Beethoven arrangée en sestetto. Parnassus Akademie. Julia Galić, Tvrtko Galić, violon. Madeleine Przbyl, Bertram Jung, alto. Michael Groß, Hugo Rannou, violoncelle. Johann Blanchard, piano. Livret en anglais, français, allemand. Janvier 2021. TT 67’33. MDG 603 2221-2

Encore étudiant, ce compositeur se distinguait déjà par ses arrangements à l’intention de l’orchestre d’Erfurt dont il prit bientôt la direction. Même si l’exercice de transcription était alors courant pour faire entrer les symphonies dans le cadre d’une exécution domestique (Hummel s’y employa pour plusieurs opus de Beethoven), on ignore ce qui amena Fischer à écrire cette réduction de la Pastorale. Précède-t-elle ou suit-elle la rédaction de l’article critique qu’il lui avait consacrée dans l’Allgemeinen musikalischen Zeitung ?, l’année-même où paraît ce sextuor à cordes (violons, altos et violoncelles par deux), édité par Breitkopf & Härtel. Avec page de titre en français. Dans la capitale de Thuringe, cet élève de Johann Christian Kittel venait en 1809 de succéder à son maître à la console de l’église des Dominicains. Désormais, ses compositions se limiteront à l’orgue.

Toutefois son catalogue de Kammermusik avait jusque-là accumulé quelques prémices, dont ce Quartette ambitieusement dédié à la Reine Louise de Prusse. Un effectif pour trio à cordes et piano qui, malgré le suprême modèle mozartien (K. 478 & 493), n’avait à l’époque pas encore conquis ses lettres de noblesse. Il se structure en trois mouvements, autour d’un charmant et coulant Poco Adagio où le clavier de Johann Blanchard entraîne un délicat tissu d’archets, dans l’agréable acoustique de la salle de concerts de l’Abbaye de Marienmünster.

L’Akademie Parnassus émane du trio de même épithète, fondé par Michael Groß en 2006, et se penche volontiers sur des pages rares du premier romantisme, comme la musique de chambre de Christian Heinrich Rinck ou Bernard Molique, chez le même label MDG. L’équipe nous propose ici une lecture sensible et raffinée du Quatuor, et crée l’illusion dans la transcription, enfin presque : la « scène au ruisseau » ménage la poésie de l’original, cependant la lustiges Zusammenseyn der Landleute manque un peu de relief et d’entrain, et l’hymnique Hirtengesang reste en-deçà du pouvoir d’évocation véhiculé par l’authentique opus 68. Ce CD n’en offre pas moins un intéressant portrait chambriste de ce contemporain du Maître de Bonn.

Son : 8 – Livret : 9,5 – Répertoire : 8-9 – Interprétation : 8,5

Christophe Steyne

 

 

 

 



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