Voyage à travers les paysages printaniers nordiques
Edvard Grieg
(1843-1907)
Mens Jeg Venter; Den hvide, røde Rose; Jeg giver mitt Dikt til Våren; En Fuglevise; To brune øyne
Hugo Wolf (1860-1903)
Auch kleine Dinge können uns entzücken; Mir ward gesagt, du reisest in die Ferne; Du denkst mit einem Fädchen mich zufangen; Nein, junger Herr!; Ich hab’ in Penna einen Liebsten wohnen; Mausfallensprüchlein; Die Spröde; Die Bekehrte; Er ist’s
Richard Strauss (1864-1949)
Herr Lenz; Drei Lieder der Ophelia (1. Wie erkenn ich mein Treulieb vor andern nun? 2. Guten Morgen, ’s ist Sankt Valentinstag, 3. Sie trugen ihn auf der Bahre bloß); Ich schwebe wie auf Engelsschwingen
Agathe Backer-Grøndahl (1847-1907)
Les mélodies sont extraites du cycle Barnets vårdag
En Kviddrende Laerke; Vaarmorgen i skogen; Blomstersanking; Mot Kveld; Sov saa stille.
Mari Eriksmoen – soprano, Alphonse Cemin – piano
2015-DDD-47’12- Textes de présentation en français, en anglais et en allemand-Alpha 207
Mari Eriksmoen, jeune soprano norvégienne montante, est déjà connue des maisons d’opéra pour son interprétation d’héroïnes mozartiennes telles Pamina, Susanna et Fiordiligi. En 2009, elle participe à l’Académie du Festival d’Aix et est nommée Lauréate HSBC. L’année suivante, Alphonse Cemin y participe à son tour et devient le premier pianiste chef de chant désigné Lauréat HSBC. Cet enregistrement produit par l’Académie avec le soutien de leur sponsor principal réunit donc les deux lauréats qui s’unissent à merveille dans ce récital de lieder.
Mari Eriksmoen a choisi un répertoire qui nous raconte une histoire et nous invite à voyager dans les paysages romantiques de son pays natal avec des mélodies en norvégien d’Edvard Grieg. La Norvège est une nation émergente au temps de Grieg, et les compositeurs norvégiens, comme les poètes, contribuent à lui forger une identité culturelle indépendante de l’héritage germanique. Les confronter ici à des lieder allemands n’a donc rien d’anodin. Hugo Wolf et Richard Strauss veulent repenser le lied allemand : Wolf, inspiré par Wagner, compose des lieder d’un lyrisme qui les rapprochent d’airs d’opéras et ceux de Richard Strauss se reconnaissent à leurs harmonies captivantes et leurs modulations délicates. Nous sommes loin des lieder de Schubert.
Après ce voyage vers en terres germaniques, Mari Eriksmoen nous ramène dans ses contrées natales, à la découverte des mélodies d’Agathe Backer-Grøndahl. Ses romances sont souvent proches du style du Lied romantique allemand mais sur des textes norvégiens.
Tout au long des 24 pièces, Mari Eriksmoen et Alphonse Cemin peignent un magnifique tableau romantique. Le livret éclaire sur les raisons des choix du répertoire qui parle du printemps, des oiseaux et des fleurs, donne à entendre les histoires de la rose rouge et de la rose blanche (Den hvide, røde Rose), du chant de l’oiseau (En Fuglevise), du chant de l’alouette (En kviddrende Laerke) ou encore de la cueillette des fleurs printanières comme des violettes (Blomsterksanking). Puis, telle un enfant avant le coucher, Mari Eriksmoen nous offre deux magnifiques berceuses (Mot Kveld et Sov saa stille).
Cet enregistrement nous fait découvrir deux jeunes artistes à l’avenir prometteur. La soprano est plus à l’aise dans les mélodies norvégiennes et, avec Grieg et Agathe Backer-Grøndahl, elle est une véritable conteuse qui nous offre un voyage dans les paysages de son pays. Au piano, le toucher d’Alphonse Cemin est d’une extraordinaire délicatesse, dotant chaque note de sa belle sensibilité. Narrateur autant que la soprano, il lui prête une excellente écoute et l’accompagne sans jamais prendre le pas. Riches de couleurs et d’harmonies, les 47 minutes de l’album nous laissent un peu sur notre faim : on aurait aimé faire plus ample connaissance avec Agathe Backer-Grøndahl peu connue chez nous et dont les quelques mélodies extraites ici du cycle Barnets vårdag sont de véritables bijoux.
Caroline de Mahieu, reporter de l’IMEP