Ashkenazy, un an après le Concours International Tchaikovsky

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour piano n°17 en ré mineur, Op. 31 n°2 – Sonate pour piano n°18 en mi bémol majeur, Op. 31 n°3 ; Frédéric Chopin (1810-1849) : Ballades n°1, 2 et 3. Claude Debussy (1862-1918) La sérénade interrompue L. 117 n°9. Vladimir Ashkenazy, piano. 2019-DDD-73’18-textes de présentation en russe et anglais-Melodia-MEL CD 10 02586

Après les enregistrements de jeunesse chez Hänssler, Melodia fait paraître le récital du 9 juin 1963 -un an après le second Concours International Tchaikovsky- de Vladimir Ashkenazy dans la Grande Salle du Conservatoire de Moscou, là où un an plus tôt, il remporte, au côté de John Ogdon le Premier Prix du Concours. C’est encore un jeune pianiste plein de vitalité et auréolé des plus grands prix qui déploie ici ses pensées à travers un programme bien choisi. Entre les sonates de Beethoven, trois des quatre Ballades de Chopin et la Sérénade interrompue, le pianiste peut largement présenter son idéal artistique, ce qu’il fait ici avec beaucoup de justesse. Virtuosité, fougue, dramatisme, tels sont les marqueurs d’Ashkenazy.

Chez Beethoven, il rentre à bras le corps. Ça court, virevolte, mais toujours à bon escient. Son inspiration dramatique donne aussi des mouvements lents d’une grande richesse harmonique et thématique. Chez Chopin, c’est le poète qui parle, même si dans les parties plus vives, le pianiste s’enflamme d’une veine romantique explosive. Improvisant à chaque mesure, entrecoupées de quintes de toux, le pianiste propose des ambiances qui imposent le silence. Une sorte de grande introspection où les couleurs et les climats sont maîtres de la situation. Debussy, c’est terminer avec délicatesse. Et de ce point de vue, c’est limpide et réussi. On aime l’urgence, le caractère nerveux qui s’en dégagent à travers une exécution des plus souples.

Un très beau récital restitué ici.

Ayrton Desimpelaere

Son 8 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10