Don Carlo de Verdi à Monte-Carlo

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L'Opéra de Monte-Carlo donne trois représentations de Don Carlo de Verdi, dans sa Seconde version révisée, en italien et en quatre actes telle qu’elle fut créée au Teatro alla Scala de Milan le 10 janvier 1884. Du fait des vastes dimensions musicales et scéniques, les représentations se déroulent au Grimaldi Forum et non à l 'Opéra Garnier. Don Carlo est toujours un évènement et c’est tout naturellement que les représentations affichent complet. 

C'est une production monumentale ! On est impressionné dès le lever du rideau avec un plateau grandiose. Grâce à la technologie moderne, le metteur en scène David Livermore arrive à recréer l'époque de Philippe II. Les décors évoluent constamment, on est entraîné dans un tourbillon visuel. Les projections en 3D donnent une dimension spectaculaire. On passe de l'Escurial, à une superbe bibliothèque, à des fresques ravissantes, d'un noir saisissant à des couleurs pastelles. Il y a également des projections symboliques avec des pétales de roses, des flashes multicolores. Le plateau tournant symbolisant les idéologies contradictoires est très inventif, mais réduit un peu les possibilités pour les chanteurs de bouger librement. David Livermore se met au service de l'œuvre. Le seul reproche qu'on pourrait formuler c'est qu'il en fait peut-être trop : c'est la qualité de ses défauts. Les costumes d'époque sont somptueux, grâce à Sofia Tasmagambetova on a l'impression que les personnages sortent d'un tableau du Titien. Les décors de Gio Forma et les lumières réglées par Antonio Castro aboutissent à réaliser un spectacle total.

Du côté vocal, Ildar Abdrazakov a une voix incroyable, d'une beauté et d'une puissance qui porte jusqu'au fond de la salle. Physiquement il est très imposant. Il incarne le rôle de Philippe II et on ressent une grande émotion dès les premières mesures de son premier air. L'ampleur sonore et la richesse des harmoniques combinées à la noblesse du phrasé sont sans précédent. La soprano Joyce El-Khoury est poignante dans le rôle d'Elisabeth de Valois.  Varduhi Abrahamyan est une Eboli passionnée. Le baryton Artur Rucinski personnifie le marquis Rodrigo par sa voix ronde et noble. On est déçu que Vittorio Grigolo ait annulé en dernière minute et c’est Sergey Skorokhodov qui le remplace presque au pied levé. Malheureusement son Don Carlo ne convainc pas. Sa voix est métallique et sa diction en italien est loin d'être parfaite. Les quarante chanteurs du Chœur de l'Opéra de Monte-Carlo parfaitement préparé par Stefano Visconti sont remarquables. Dans la fosse, le maestro  Massimo Zanetti mène l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo aux sommets. Notons le superbe solo de violoncelle de de Delphine Perrone dans l’aria  “Ella giammai m'amo”

Le public est comblé car c'est une merveilleuse production où la modernité et la tradition se rejoignent.

Monte-Carlo, Grimaldi Forum, 26 novembre 2023

Carlo Schreiber

Crédit phorographique : Don Carlo ©OMC - Marco Borrelli

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