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Don Carlo de Verdi à Monte-Carlo

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L'Opéra de Monte-Carlo donne trois représentations de Don Carlo de Verdi, dans sa Seconde version révisée, en italien et en quatre actes telle qu’elle fut créée au Teatro alla Scala de Milan le 10 janvier 1884. Du fait des vastes dimensions musicales et scéniques, les représentations se déroulent au Grimaldi Forum et non à l 'Opéra Garnier. Don Carlo est toujours un évènement et c’est tout naturellement que les représentations affichent complet. 

C'est une production monumentale ! On est impressionné dès le lever du rideau avec un plateau grandiose. Grâce à la technologie moderne, le metteur en scène David Livermore arrive à recréer l'époque de Philippe II. Les décors évoluent constamment, on est entraîné dans un tourbillon visuel. Les projections en 3D donnent une dimension spectaculaire. On passe de l'Escurial, à une superbe bibliothèque, à des fresques ravissantes, d'un noir saisissant à des couleurs pastelles. Il y a également des projections symboliques avec des pétales de roses, des flashes multicolores. Le plateau tournant symbolisant les idéologies contradictoires est très inventif, mais réduit un peu les possibilités pour les chanteurs de bouger librement. David Livermore se met au service de l'œuvre. Le seul reproche qu'on pourrait formuler c'est qu'il en fait peut-être trop : c'est la qualité de ses défauts. Les costumes d'époque sont somptueux, grâce à Sofia Tasmagambetova on a l'impression que les personnages sortent d'un tableau du Titien. Les décors de Gio Forma et les lumières réglées par Antonio Castro aboutissent à réaliser un spectacle total.

A la Scala de Milan, un Boris Godounov à demi réussi 

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Depuis plus de vingt ans, c’est-à-dire depuis avril 2002 quand Valery Gergiev dirigeait sa production du Théâtre Mariinsky, la Scala de Milan n’a pas repris Boris Godounov. En premier lieu, il faut relever que depuis janvier 1909, les vingt-cinq productions données sur cette scène ont eu recours à la seconde version de l’ouvrage datant de 1874 et incluant l’acte polonais.

Donc, pour la première fois, Riccardo Chailly et le metteur en scène Kasper Holten optent pour la première mouture de 1869 comportant sept tableaux orchestrés par Moussorgsky lui-même, ce qui révèle l’audace innovatrice d’une écriture qu’aseptisera la réorchestration de Rimsky Korsakov, afin que l’ouvrage paraisse jouable sur n’importe quelle scène. Mais heureusement, par honnêteté intellectuelle, elle a laissé intact le manuscrit original.

La production de Kasper Holten est centrée sur les thèmes de la conscience, du pouvoir, de la manipulation, de la censure et de la vérité. L’on sait que la tragédie de Pouchkine s’est inspirée de Shakespeare, de diverses de ses tragédies dont Macbeth et que l’époque où oeuvra le dramaturge est celle où vécut le véritable Boris Godounov. Dès le prologue, apparaît le moine Pimène en tant que chroniqueur et témoin de la vérité historique. Le drame se joue donc à l’intérieur de sa narration. C’est pourquoi le décor d’Es Devlin consiste en un gigantesque parchemin qui est déroulé jusqu’aux cintres en prenant appui sur un arrière-plan accumulant nombre de cartes géographiques. S’y entremêlent les événements du passé, du présent et du futur, ce qui justifie que, sous les éclairages habiles de Jonas Bogh, les costumes d’Ida Marie Ellekilde mélangent les époques en se référant au XVIe siècle des faits réels, au XIXe de Pouchkine et à notre époque, dans le but de montrer la pérennité du mythe. Continuellement, le spectre de Dimitri, le tsarévitch assassiné par les sbires de Boris, suit les pas de son meurtrier en côtoyant ses enfants auxquels il prédit leur futur (Féodor sera égorgé, sa sœur Xenia sera violentée). Et le fait se concrétisera avec les corps d’adolescents massacrés que le peuple présentera au tsar devant Saint-Basile. 

A la Scala, le demi-succès du Macbeth d’ouverture 

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La Scala de Milan ouvre sa saison 2021-2022 avec le Macbeth de Verdi. A la troisième représentation du lundi 13 décembre, après vingt minutes de spectacle, un responsable de la machinerie déboule sur scène en évoquant un problème technique qui empêche de continuer. Et un vieux spectateur goguenard de s’exclamer : « Grazie, Davide ! », ce qui provoque l’éclat de rire des abonnés. D’emblée, est incriminée la mise en scène de Davide Livermore qui, comme d’habitude, collabore avec Giò Forma pour les décors, Gianluca Falaschi pour les costumes, Antonio Castro pour les lumières et le team D-Wok pour les effets video. Une fois de plus, à l’instar de l’Elisabetta de l’été dernier à Pesaro, le régisseur se réfère au cinéma et à un thriller de science-fiction de 2010, Inception de Christopher Nolan, ce que démontre le début d’ouvrage avec une troupe de loubards qui s’attaque à la voiture de Macbeth et Banco roulant en forêt et parvenant à une mégapole aux gratte-ciel démesurés, parfois inversés, qui rappellent Metropolis de Fritz Lang. Sur les pontons métalliques déambulent nombre de secrétaires en tailleur et d’ouvriers, alors que surgit, devant nos yeux, un loft somptueux avec ascenseur intérieur nous faisant entrer dans la demeure des Macbeth. Où sont donc passées les sorcières prédisant l’avenir du Sire de Cawdor ? Se seraient-elles embourgeoisées au point de devenir des employées de bureau, ce à quoi le ballet du troisième acte ne fournira guère de réponse en les revêtant de rose et de gris… A la suite de la scena d’entrée de Lady Macbeth, le spectacle est interrompu pour une dizaine de minutes puis reprend sans utiliser les ‘fameux’ ponts. Le meurtre du roi Duncan, l’assassinat de Banco par des sicaires en smoking, le banquet-soirée mondaine pour gentry huppée achèvent cette première partie en nous laissant dubitatifs sur le rapport de la mise en scène avec une trame bien malmenée. La seconde partie interpelle par cette danse des morts-vivants (imaginée par Daniel Ezralow) à laquelle se mêle une Lady pieds nus se prenant pour Salomé, tandis qu’une table tournante fait apparaître les rois qui détrôneront Macbeth ; se sentant rassuré, celui-ci profite du lift de son manoir pour copuler bestialement avec son épouse. Et c’est finalement le dernier acte qui paraît le plus convaincant avec ses cohortes de migrants enfermés derrière de hautes grilles, s’effaçant pour faire place à un frontispice de gare sur lequel se juche une Lady somnambule avant que la mégapole n’explose. Dans les décombres, Macbeth finira par trouver la mort sous les coups d’épée d’un Macduff qui n’est pas né d’une femme mais qui a été extirpé du corps maternel. 

Le Prince Igor triomphe de l’Apocalypse soviétique

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Le chef-d’œuvre de Borodine s’inspire d’un poème épique de la fin du XIIe siècle relatant la lutte d’un peuple occupant une partie de l’actuelle Ukraine contre des envahisseurs polovstsiens (turcophones venus du Kazakhstan) précédant les grandes invasions mongoles et tatares. La mise en scène englobe l’épopée médiévale, la confrontation Orient – Occident et l’histoire récente. En les dénudant « à l’os », elle laisse tout l’espace à l’émotion musicale tandis que les héros prennent une envergure symbolique, sacrificielle, voire mystique. Le tout passe par une vision sans complaisance, cruellement réaliste, de l’histoire russe. Le recours à des stéréotypes « compris par tous » (treillis, kalachnikov, béton et autoroute) relève de l’ironie car, en réalité, leur insignifiance délibérée permet de pénétrer sans obstacle contingent au cœur de la condition humaine, en ses ultimes retranchements. 

Au fil des quatre actes (version 1890 -le III étant curieusement remplacé par l’Ouverture, occasion d’une salve d’applaudissements pour l’orchestre, et le second Monologue d’Igor orchestré tout aussi efficacement par Pavel Smelkov étant intégré à l’acte IV), le processus de déchéance remonte inexorablement le cours du temps. La cathédrale d’or surmontée d’une croix laisse place à la dépravation de l’oligarchie mafieuse des années 1990 -excellente composition du Prince jouisseur Galitski (Dmitry Ulyanov)- puis aux geôles staliniennes pour conclure avec la vision d’une populace décervelée couronnant un bouffon. Ce sera à l’épouse aimante (magnifique figure de femme) d’offrir la rédemption au héros avant qu’ils ne s’effacent dans la « perspective perdue » d’une autoroute vide.

À la Scala, un ATTILA  subjuguant  par sa musique

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Depuis sa création mouvementée à la Fenice de Venise le 17 mars 1846, l’Attila de Giuseppe Verdi a ouvert, avec un succès modéré, la saison de carnaval de la Scala de Milan le 26 décembre de la même année puis a été repris quatre fois jusqu’à mars 1867. A notre époque, il a fallu attendre mai 1975 pour le voir réapparaître à l’affiche avec Nicolai Ghiaurov, Piero Cappuccilli, Rita Orlandi Malaspina et Veriano Luchetti sous la direction de Giuseppe Patanè ; et le triomphe remporté par cette production incita Riccardo Muti à le reprendre avec Samuel Ramey en juin 1991, entraînant,  vingt ans plus tard, une nouvelle mise en scène de Gabriele Lavia qui faisait alterner Orlin Anastassov et Michele Pertusi sous la baguette de Nicola Luisotti.

A la Scala, un ERNANI fascinant

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Un fond de scène avec fenêtres et portes en ogive, comme si l’on se trouvait au Teatro Farnese à Parme, d’imposantes quadratures de bois avec des roues pour actionner les décors « en dur », telle est la première image que nous offre cette nouvelle production de l’Ernani de Giuseppe Verdi, conçue par Sven-Eric Bechtolf dans des décors de Julian Crouch, des lumières de Marco Filibeck et des effets vidéo de Filippo Marta.