La deuxième période créatrice de Gustav Mahler

par

Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n°7
Simon Bolivar Symphony Orchestra of Venezuela, Gustavo Dudamel, direction
2014-DDD-78’52-Textes de présentation en anglais, français, allemand et espagnol-DG 479 1700

La Septième Symphonie de Mahler, ou la symphonie énigmatique. Peu connue du grand public, l’œuvre se dessine durant les étés 1904 et 1905. Contrairement à la première période du compositeur (Symphonies 1 à 4), la seconde période ne se préoccupe plus de programme et ne reprend plus de motifs et thèmes composés antérieurement. Son manque de succès résiderait-il aussi de par la place qu’elle occupe dans le catalogue du compositeur ? Entre une Sixième sombre et assurément tragique et une Huitième davantage optimiste, comment faire vivre un monument aussi complexe de musique pure ? Durant le premier été à Maiernigg am Wörthersee (1904), la production de Mahler est prolifique : Kindertotenlieder, Finale de la Sixième Symphonie et les deux « Nachtmusiken » de la Septième. Pour les trois mouvements restants, l’été 1905 commence par une période de blocages et ce n’est que lors d’une traversée d’un lac que le thème du premier mouvement apparaît.
Grande symphonie à la structure symétrique, on y retrouve le langage novateur de Mahler tant dans l’orchestration (mandoline, cor ténor, guitare) que dans l’harmonie. Certainement l’œuvre la plus moderne du compositeur, dissonances et modulations impromptues viennent en quelque sorte « briser » le discours pour offrir un jet d’une puissance presque surnaturelle.
A l’écoute de cet enregistrement live, l’auditeur apprécie à la fois la façon dont Gustavo Dudamel parvient à faire émerger de son orchestre sonorités couleurs originales, et la manière dont il dompte son orchestre, on le sait, très étoffé (trop ?). Autant les tutti sont brillants, profonds et clairs, autant les mouvements lents manquent d’introspection. La direction du chef pourrait ici gagner en détails et subtilités. Mais cela n’enlève en rien la qualité instrumentale de chaque artiste, pour la plupart très jeunes. Car s’attaquer à un tel sommet ne relève pas d’une simple lecture. La compréhension de l’œuvre commence d’abord par une grande analyse approfondie, raison pour laquelle peu d’artistes ou organisateurs de concerts s’y aventurent. Le Scherzo se distingue par une belle énergie, à l’image de la battue dynamique et musicale du chef. S’il faut quelques minutes à l’orchestre pour installer une énergie commune, le Finale conclut l’œuvre en apothéose. Si en concert, la critique ne se prive pas de dénoncer un effectif titanesque, le CD permet ici d’épurer – un peu – ce côté démesuré. A côté des enregistrements célèbres d’Abbado, Bernstein,… la version de Dudamel pourrait encore gagner en maturité, mais peut s’afficher comme une proposition intéressante.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 8

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