Les nouveaux joyaux du Centre de Musique Baroque de Versailles

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L'année anniversaire de Jean-Philippe Rameau ne devait pas laisser indifférent le Centre de Musique Baroque de Versailles qui édite quatre recueils de Suites d'opéras ballets (Les Indes galantes, Les Fêtes d'Hébé), de comédie et de tragédie lyrique (Platée, Hippolyte et Aricie) du compositeur né en 1683 et on commémorait l'an dernier le 250e anniversaire du décès à Paris.
Arrangées à 5 parties tirées de copies de partitions, ces Suites ont été réalisées vers 1755 pour le comte d'Artois et sont aujourd'hui conservées à la bibliothèque de l'Arsenal. Les arrangements ont été faits avec un goût certain et avec soin, ce qui légitimise le fait qu'ils soient édité aujourd'hui. Les morceaux, jamais transposés, sont regroupés par suites du même ton, majeur ou mineur, conformément à la tradition. Les parties séparées (conducteur, dessus 1, dessus 2, quinte de violon, bassons, basses) font allusion à au moins deux violons, deux hautbois ou flûtes, une quinte, des bassons et des basses, soit environ deux instruments par pupitre ("partie"), pour un effectif total d'environ dix instrumentistes. En excluant les tailles de violons, les trompettes, les timbales et le clavecin, l'arrangeur anonyme permet donc d'exécuter les ouvertures et les danses de Rameau à moindres frais, hier comme aujourd'hui ; la plupart des morceaux étant arrangés en trio, on peut même envisager leur exécution par un trio de cordes.
- Suite des Indes galantes (Edition de Jean Dubruque, Collection Musique de Chambre – CAH.249).
Parallèlement, l'éditeur propose un volume des Suites des Indes galantes pour clavier, extrait du volume publié par Rameau avant les représentations de mars 1736, soit le ballet réduit à quatre grands concerts, avec une nouvelle entrée. Le volume ne retient que les pièces de clavecin, c'est-à-dire les pièces orchestrales de l'opéra ballet, arrangé pour cet instrument, qui utilisent ici les agréments propres au clavecin.
On retrouvera donc ici 28 pièces : Ouverture, Entrée des quatre Nations dans la cour d'Hébé, Air polonais, Musette en rondeau, Premier menuet, Deuxième menuet, Air pour les Amours ; Air pour les Amants qui suivent Bellone, et pour les Amantes qui tâchent de les retenir ; Premier air pour les Bostangis, Deuxième air pour les Bostangis, Premier air des Fleurs, Air pour la Rose, Gavotte pour les Fleurs, Air pour Borée et la Rose, Air pour Zéphyr, Air pour Zéphyr et la Rose, Gavotte pour les Fleurs, Marche des Persans, Air pour les Esclaves africains, Premier rigaudon en rondeau, Deuxième rigaudon en rondeau, Air, Ritournelle, Air pour les Incas du Pérou, Loure en rondeau, Air en rondeau, Première gavotte, Deuxième gavotte en rondeau (Edition de Louis Castelain, Collection Instrument seul – CAH.258).
- Suite des Fêtes d'Hébé (Edition de Julien Dubruque, Collection Musique de Chambre – CAH 257).
- Suite de Platée (Edition de Julien Dubuque, Collection Musique de chambre – CAH.256)
- Suite d'Hippolyte et Aricie (Edition de Julien Dubuque, Collection Musique de chambre – CAH 260).
Quant à la Suite de Dardanus, elle est proposée dans sa transcription pour clavecin réalisée par Kenneth Weiss d'après la version de 1739 (Collection Instrument seul – CAH.255).

1. Couv 069 - copie_  1. Couv 057Par ailleurs, dans sa collection « Patrimoine Musical Français », le Centre de Musique baroque de Versailles propose le 7e et dernier volume des Petits Motets de Marc-Antoine Charpentier. On y retrouve les Antiennes pour les Vêpres d'un Confesseur non pontife [H.33-35], Salut de la Veille des O et les 7 O suivant le romain [H.36-43], Antiennes pour les Vêpres de l'Assomption de la Vierge [H.50-52], In S. Nicasium Rothomagensem Archiepiscopum [H.55-57], Quatuor anni tempestates [H.335-338, 336a], Méditations pour le Carême [H.380-389].
La copieuse introduction d'une bonne trentaine de pages de cette édition critique de C. Jane Gosine est proposée en français et en anglais et prélude à la traduction des textes latins en français et en anglais ainsi qu'à la reproduction de douze fac similés.

ClerembaultSont également proposés l'Histoire de la femme adultère de Clérembault (1676 – 1749) C. 191 pour choeur et orchestre, unique oratorio connu de Nicolas Clérambault, organiste et compositeur, célèbre pour ses pièces d'orgue et ses cantates. Son Histoire de la Femme adultère reprend les canons de l'oratorio romain du XVIIe siècle, modelé notamment par Carissimi. Le compositeur réussit la fusion des goûts français et italien, en mêlant le style déclamatoire à la française avec des éléments structurels ultramontains tels que les carrures régulières, les répétitions, l’usage moderne de la tonalité, l'aria da capo et les fugues chorales strictes. L'œuvre est écrite pour 2 violons, basse continue, 5 voix solistes (dessus, haute-contre, taille, basse-taille et basse) et chœur à 4 à la française (dessus, haute-contre, taille et basse). Ce volume en est la partie conducteur. (Edition Louis Castelain, Collection Choeur et Orchestre – CAH.254)

AnthologieEnfin, un dernier recueil propose une anthologie de sonates françaises pour piano-forte de la fin du XVIIIe siècle (Vol. 3 : Sonata, op.I n°2 de N. Séjan, Sonata, op.VIII n°4 de H.-J. Rigel, Sonata, op.XI n°1 de I.-J. Pleyel, Sonate, op.IV n°3 - H. Jadin). Destinées tantôt indifféremment au seul piano-forte, tantôt au clavecin et au pianoforte, elles peuvent aujourd’hui se jouer sur l’un ou l’autre de ces deux instruments dans la perspective d’une interprétation historique, mais aussi sur piano moderne. Le volume possède une préface développée donnant des repères historiques et des explications concernant l'interprétation des sonates (Edition de Louis Castelain, Collection Instrument seul – CAH 248).

Comme toujours, ces éditions témoignent d'un grand soin tant éditorial que graphique offrant une lecture précise et aisée.

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