L'oreille sur le coeur

par
Le coeur et l'oreille

Le Coeur et l'Oreille
Oeuvres de Louis COUPERIN, CHAMPION DE CHAMBONNIERES, HARDEL, D'ANGLEBERT, FROBERGER, MESANGEAU, Germain PINEL
Manuscript BAUYN
Giulia NUTI (clavecin)
2015-74'24-Clavecin Louis Denis, Paris 1658  « Le hanneton »- présentation anglais, français, italien-ARCANA-A 434

Personne – ou presque!- n'y avait mis le nez... or , ce manuscrit de Bauyn de la fin du XVIIe siècle attendait une main curieuse, bien codifié à la B.N. sous le numéro Vm7-1862 et contenant -outre d'importantes pages de clavecin- diverses pièces pour orgue ou violon. Surtout, il recèle -outre quelques partitions de...Frescobaldi !- nombre d'oeuvres grisantes des « premiers » clavecinistes français du XVIIe siècle : les Champion de Chambonnières (1601-72), Louis Couperin (1626-61), d'Anglebert (1629-91) et trois quasi inconnus, tels que Jacques Hardel ( v.1643-78), Germain Pinel (mort en 1661), René de Mésangeau (ou Mézangeau) « dont la boutique à costé de la cuisine » fournissait partitions et diverses sortes de vins « deux de blancs et deux de clairet » ! Ajoutez un certain Allemand de Würtenberg nommé Jacob Froberger (1616-67) que les Parisiens appelaient gentiment « Monsieur de Frobergue ». A y regarder de près, on s’aperçoit vite, avec une évidence criante que tout le clavecin français du Roi Soleil est issu de Jacques Champion de Chambonnières (1626-61). Oui, tout : les accords, les finales, les trilles, l'humour, la clarté, la sincérité. Et puis comment ne pas être ému en pensant que le clavecin joué par Giulia Nati est l'exact contemporain des œuvres enregistrées puisque construit à Paris par Louis Denis, facteur « devenu célèbre pour la postérité en tant que maître faiseur d'instrumens ordinaires du Roy » pour avoir vendu un clavecin à Louis XIV. Quelques 600 lt (livres tournois) selon J.P. Brosse (cf.« le clavecin du Roi Soleil »). L'instrument semble bien n'avoir été qu'à peine retouché au début du XXe siècle en ce qui concerne le clavier. Taille, poids et point d'appui des touches ont fait l'objet d'une étude minutieuse - ce qui donne une délicieuse douceur, une sonorité chantante, une réactivité particulière aussi à cet instrument venu d'un autre âge mais qui revit aujourd'hui grâce à la belle technique, à la fine sensibilité d'une artiste écoutant avec attention (« avec le cœur et l'oreille »!) tout ce que lui permet d'exprimer ce brillant témoin du « Grand Siècle ».
Bénédicte Palaux Simonnet

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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