Couperin et Chopin, de la France à la Pologne
Frédéric Chopin (1810-1849) Mazurkas, extraits
François Couperin (1668-1733) Pièces pour clavecin, extraites des troisième et quatrième livres
Vittorio Forte (piano)
2013 – 69’63’’ - DSD – Livret en français et en anglais – Lyrinx – Lyr2283
Encore un enregistrement des Mazurkas du grand Frédéric Chopin, pourrait-on dire. Pourtant, au-delà d'une simple compilation, le CD expose et précise le caractère musical et les choix esthétiques du compositeur polonais au regard de la musique de Couperin. Rectifions: le compositeur franco-polonais! Précepteur français pour la comtesse Skarbek, le père a souvent voyagé en France, accompagné de Frédéric qui a pu goûter à la musique française et à son esprit, sa clarté du langage, du discours, mêlée à une pudeur bien connue. A la demande de René Gambini, le pianiste italien Vittorio Forte exécute avec intelligence une sélection de pièces issues des troisième et quatrième livres pour clavecin de Couperin ainsi que quelques Mazurkas de Chopin. Autour de la tonalité mineure (aucune pièce en majeur), le pianiste parvient aisément à adopter la mélancolie et le caractère dansé et rythmique de la danse de salon venue de Pologne. La ligne mélodique, importante chez Chopin, est conduite avec assurance et transparence, sans lourdeur. Au contraire, c’est en cela que résident toutes les qualités du musicien. Même chose pour les pièces de Couperin où le contrepoint est clair, la ligne mélodique, influencée par le bel canto, est douce. Belles précision et finesse pour les ornements. Le langage de Vittorio est assez libre, tout en respectant l’idée de la pulsation, sans aucune exagération dans le rubato. Le choix des pièces est rigoureusement bien pensé par les liens qu'il expose entre les deux compositeurs, en particulier le lien patriotique et la pureté musicale. Toutes les pièces d’un compositeur retrouvent leurs homonymes chez l’autre, par le style, la forme, ou le caractère… Ambiguïté, mélancolie et mystère sont les mots-clés de ce CD. La pureté de la musique de Couperin est parfaitement démontrée dans celle de Chopin et l’écoute permet de cerner les liens des deux compositeurs, pourtant séparés d’un siècle, à tel point qu’on ne distingue plus, après quelques pièces, s’il s’agit de l’un ou de l’autre. Compilation intelligente qui démontre que l’on peut encore enregistrer l’œuvre de Chopin sous un angle inhabituel. Les qualités de l’enregistrement sont également exceptionnelles, les registres étant bien contrôlés.
Ayrton Desimpelaere
Son 10 – Répertoire 10 – Livret 9 – Interprétation 9