L’OSR en partance pour Santander

par

Le 31 août prochain, l’Orchestre de la Suisse Romande et son chef, Jonathan Nott, seront les invités du Festival International de Santander ; en préambule, le programme choisi pour cette occasion a été présenté au Victoria Hall de Genève le mercredi 28 et a débuté par l’un des piliers du répertoire, la Septième Symphonie en la majeur op.92 de Beethoven.

Par de virulents accords aussitôt enlevés, le Poco sostenuto initial joue des contrastes d’éclairage en allégeant les traits de cordes alors que la transition use du rallentando afin de détailler chaque note avant que ne se développe un Vivace exubérant qui évite de surcharger le discours. L’Allegretto qui suit avance avec fluidité en s’appuyant sur la pulsation des graves, tandis que le fugato médian se voile de demi-teintes mélancoliques émanant du cantabile des bois. Le Scherzo est rendu effervescent par le dessin bondissant des archets que les cors élargissent à peine pour chanter en pianissimo le motif religieux du trio. Et le Finale n’est plus qu’une débauche de coloris aveuglants que ponctuent de cinglantes timbales en ce qui pourrait bien être une apothéose de la danse selon la formule wagnérienne.

Et c’est justement à Wagner qu’est consacrée la seconde partie du programme. Quel revers de médaille morose ! Depuis plusieurs années, le bât blesse au niveau de la cohésion du pupitre des violons, constitué ici de douze premiers et de douze seconds. Alors pourquoi vouloir présenter le Prélude au premier acte de Lohengrin ? Car il n’a rien de l’éther vaporeux évoqué par Baudelaire dans L’Art romantique, tant l’intonation du début est des plus précaires, même si la baguette de Jonathan Nott tente de l’envelopper dans une ample texture que lui fournissent les bois, les cors et les cordes graves. L’Ouverture des Meistersinger est aussi bruyante que massive, sans se soucier de la note légère que voudrait infiltrer une flûte suggérant les premiers émois amoureux ; en un heureux contre-courant, la Suite constituée par de larges extraits du troisième acte a meilleure allure grâce à la lente introduction évoquant en un modelé soyeux le lever du jour sur la cité en fête de Nuremberg et les aspirations déçues de Hans Sachs ; s’y enchaînent la Danse des compagnons de David, un peu lourdingue, comme si chacun chaussait de lourds sabots, puis l’entrée des Maîtres, trop claironnante ; mais le tout semble se diluer dans la mélancolie du cordonnier-poète qui reprend le dessus. Et le concert s’achève par l’ouverture de Der fliegende Holländer où les cuivres s’ingénient à être précis afin de canaliser le flux de cordes bien plus cohérentes et de laisser au cor anglais et au hautbois le soin de prédire la rédemption par l’amour. Mais quel dommage que ce second volet soit si peu convaincant !

Paul-André Demierre

Genève, Victoria Hall, le 28 août 2019

Crédits photographiques : Thomas Mueller

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.