À la redécouverte du concerto pour violon de Walton

par

William Walton (1902-1983)
Symphonie n°1 - Concerto pour violon
Tasmin LITTLE (Violon), BBC Symphony Orchestra, dir.: Edward GARDNER
2014-SA-CD-76' 30''-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Chandos CHSA 5136

La première symphonie de Walton passe, outre-manche, pour l'un des piliers du répertoire, aussi important que les deux symphonies d'Elgar. Elle comporte la particularité d’une création en deux fois : en 1934 sans le finale, puis l'année suivante, complète, par Hamilton Harty. C'est une oeuvre puissante, ramassée, et qui impressionne. Si elle évoque souvent Sibelius, le développement dramatique rappellera aussi Rubbra, dont la première symphonie est contemporaine. Il en existe au moins trente versions (!), preuve de sa popularité. Edward Gardner manque un peu de souffle pour égaler ses prédécesseurs, de puissance aussi. Le finale, presque un poème symphonique en soi, oublie la concentration requise, l'alacrité aussi. Oui, on admire cette formidable fugue aux cordes, ces accords qui annoncent Messiaen, cette coda grandiose, mais tout l’exécution semble un peu lâche, et manque de punch. Haitink, Rattle, Slatkin ou surtout Handley sont nettement plus proches de la violence intérieure sous-tendue par le compositeur (sur You Tube, on peut découvrir une belle interprétation de Bychkov). Le concerto pour violon, de 1939, ne partage pas la popularité du concerto pour alto. Écrit pour l'archet si lyrique de Jascha Heifetz, son écriture s'en ressent. L’architecture ressemble au premier concerto de Prokofiev : début rêveur, scherzo virtuose, finale lyrique et lumineux. On reconnaît et aime la pureté du jeu de Tasmin Little, éminente violoniste , protectrice du répertoire britannique (Elgar, Delius, Britten), au jeu d'une précision et d'une finesse infaillibles. Elle égale certainement la très belle prestation d'Ida Haendel (EMI), ou celle, plus récente, de James Ehnes (Onyx). Gardner est impeccable, ici. Il suffit d'écouter les dernières mesures du scherzo, si "mercurial" comme l’écrivent nos amis anglais : l'orchestre de la BBC est à son sommet ! Pour le concerto, ce CD est à recommander sans crainte, mais non pour la symphonie.
Bruno Peeters

Son 9 - Livret 10 - Répertoire 9 - Interprétation 9

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