Balanchine à Toulouse : et la magie opère

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Pour les fêtes de fin d'année, l'Opéra national du Capitole propose un programme dédié à Balanchine, chorégraphe de génie. Une superbe soirée portée par une distribution hors pair qui transmet sa joie de danser.

George Balanchine

Chorégraphe emblématique du XXème siècle, Balanchine est le père de la danse “néo-classique”. Ce style s’appuie sur la danse classique et y apporte une grande modernité (déhanchés, contrepoids et épaulements).

Le programme propose trois pièces emblématiques sur des musiques de Tchaïkovski et de Gershwin jouées à merveille par l’Orchestre national du Capitole avec le chef Fayçal Karoui très à l’écoute de la scène.

Thème et variations

Créée en 1947 et entrée au répertoire du Ballet du Capitole en 2004, la pièce fastueuse met en avant la pureté des lignes du corps et du placement des danseurs. Les qualités des solistes apparaissent dès les premiers mouvements : une grande propreté et une belle virtuosité. Natalia de Froberville est rapide et précise, Kleber Rebello est impressionnant dans l'enchaînement des pirouettes et des tours en l’air. Leur duo est complice, il se risque même à la faire voler quelques instants dans certains portés.

Les danseuses du corps de ballet sont d’une synchronisation exemplaire. On retiendra longtemps la perfection de la ligne des femmes qui se tiennent les mains en l’air. Au centre l’étoile développe ses jambes en équilibre tandis que le corps de ballet se déplace pour créer des figures géométriques dans l’espace.

Tchaïkovski : Pas de Deux

Un petit bijou de neuf minutes pour un concentré de virtuosité. Créé en 1960, ce pas de deux reprend la structure classique : un adage, puis deux variations très techniques puis une coda pour laisser place à la bravoure des interprètes.

On retrouve dans cette pièce un pas emblématique de Balanchine : les portés poissons qui testent la solidité du partenariat, c’est un sans faute pour nos deux danseurs. Philippe Solano réussit parfaitement ses sauts, manèges, tours secondes et autre bravoure mais c’est Lian Sánchez Castro qui retient toute notre attention : elle semble directement sortie de l’esprit de Balanchine. Elle est vive, avec une énergie folle qui se propage jusqu’au bout des doigts. Sa variation si difficile, vue de nombreuses fois en concours, semble naturelle pour elle. Le solo est parfaitement maîtrisé techniquement mais est également accompagné d’un supplément d’âme balanchinien. Cette danseuse du corps de ballet a tout d’une grande soliste.

Who cares ?

Et pour conclure, quoi de mieux qu’une balade à New York ? Sur la musique de Gershwin les pas classiques se déhanchent, les épaules se dotent d’un petit air jazzy… Avant même que le rideau se lève, ça swingue dans la fosse.

Cette joie se retrouve sur scène avec des danseurs qui jouent leurs personnages avec toujours un trait d’humour (les relevés en décalés, le bisous final qui se finit sur une joue…). Man I love tranche avec un passage plus sensuel et posé, porté par Kayo Nakazato et Jacopo Bellussi. Tiphaine Prévost est bluffante dans Stairway To Paradise avec une vraie musicalité, faite de suspension et d’accélération.

La pièce se termine par un tableau d’ensemble avec des danseurs à l’unisson tout en préservant leur individualité. Une explosion de brio et de joie !

Si Violette Verdy disait à propos de la deuxième pièce qu’elle condensait “à la perfection la joie, l'énergie et la liberté contenues dans la technique classique” nous pourrions reprendre cette citation pour parler de l’ensemble de cette soirée !

Toulouse, Théâtre du Capitole, 28 décembre 2024

Maïa Koubi

Crédits photographiques : David Herrero

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