Beethoven en ballet 

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Die Geschöpfe des Prometheus, Op.43 (Ballet complet). Cappella Aquileia, direction : Markus Bosch. 2020. Livret en allemand et anglais. 62’17’’. CPO. 555 303-2  

Die Geschöpfe des Prometheus, le seul ballet composé par Beethoven, est une partition un peu hybride qui détonne dans son oeuvre. Grand succès à sa création sur  scène, la partition tomba progressivement dans l’oubli malgré des expérimentations instrumentales comme l'utilisation de la harpe et un thème qui sera recyclé dans le dernier mouvement de la Symphonie n°3. Beethoven en personne n'était pas convaincu par cette partition qui sent son époque et les influences classiques, et qui peine à tenir la longueur. Si l’ouverture est souvent la seule pièce à subsister, la discographie est assez riche de versions de grandes qualités : David Zinman à Rochester (Vox), Nikolaus Harnoncourt et le Chamber Orchestra of Europe (Teldec), Sir Charles Mackerras et le Scottish Chamber Orchestra (Hyperion) ainsi que Frans Brüggen et son Orchestra of the XVIIIe Century (Philips) qui dominent une solide discographie d’une demi douzaine d’autres belles lectures.

Dans ce contexte, on accueille avec bienveillance cette nouvelle lecture à créditer au chef Markus Bosch au pupitre de sa Cappella Aquileia, un orchestre allemand qu’il a fondé en 2011 et qui assure les concerts et les prestations lyriques du Festival de Heidenheim. Cette interprétation est fine et musicale, et on apprécie une direction qui anime la musique avec style et sens des contrastes, c’est la moindre des choses pour un ballet. La phalange germanique se montre appliquée et concentrée sous une direction flexible. Cette gravure ne renouvelle pas la discographie, mais elle vient se hisser sur la deuxième marche d’un podium déjà bien fourni, derrière les autres grandes interprétations citées plus haut.   

Son : 9 – Livret : 8 – Répertoire : 8 - Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot