Beethoven en miroir avec Vladimir Jurowski 

par

Brett Dean (né en 1951) : Testament - Music for Orchestra ; Ludwig van Beethoven (1170-1827) : Symphonie n°2 en ré, Op.36. Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski.  2020. Livret en allemand et anglais. 46’13’’. Bayerische Staatsorchester Recordings. BSORE0002. 


Cette parution du label de l’Opéra de Munich est la première sous la direction de Vladimir Jurowski, directeur musical de la prestigieuse maison bavaroise depuis 2020. Le programme est court mais de qualité en proposant une confrontation éditoriale autour de Beethoven, tel un voyage à travers les siècles. 

L'Australien Brett Dean a le vent en poupe et il s’est imposé comme l’un des compositeurs les plus joués du moment. Son opéra Hamlet sera d’ailleurs donné l’an prochain sur la scène de l’opéra de Munich sous la direction de Vladimir Jurowski. Composée en 2002 pour l’Orchestre de Tasmanie, Testament - Music for Orchestra  est une partition d’un peu moins d’un quart d’heure inspirée du célèbre testament de Heiligenstadt de Beethoven dont l’oeuvre se veut une sorte de traduction musicale traversant les états d’esprit du grand compositeur. Le ton est parfois agité et vif et parfois lent et introspectif. Beethoven est présent avec des citations du mouvement lent du Quatuor à cordes en fa majeur, opus 59 no 1, premier des trois quatuors dédiés au Prince Razumovsky, tel un refrain qui hante l’espace sonore. L’écriture orchestrale est une grande réussite par son alliance de densité dramatique et de finesse de ses détails. Vladimir Jurowski dirige cette œuvre avec tout ce qu’il faut de précision et de sens narratif tout en soignant les contrastes. Portée par un orchestre à la plastique superbe, cette lecture surclasse celle de Sebastian Lang-Lessing au pupitre de l’orchestre de Tasmanie (ABC classics) et même celle du compositeur à la tête du Swedish Chamber Orchestra (Bis).  Testament - Music for Orchestra  est sans aucun doute l'une des meilleures partitions du compositeur. 

Composée en 1802, l’année de l’écriture du  testament de Heiligenstadt, la Symphonie n°2 est un complément évident à l'œuvre de Brett Dean.  Vladimir Jurowski est un chef qui aime travailler au plus près des textes musicaux et on lui doit déjà de belles lectures des symphonies n°4 et n°7 en vidéo avec l’Orchestra of the Age of Enlightenments (Ideale Audience). Dans la Symphonie n°2, il dirige avec ce qu'il faut d’élan, d’énergie mais aussi d’attention portée aux nuances du matériau musical. On est ici pas loin d’une perfection stylistique entre verticalité et horizontalité et la musique s’écoule avec évidence. Le  Bayerisches Staatsorchester connaît son Beethoven et suit avec affection les indications de son chef. Notons que pour ces concerts captés live, les musiciens jouaient debout d'où le regain d’énergie insufflé à cette interprétation.   

Les albums du label bavarois sont toujours d’un grand luxe : digipack de qualité et booklet copieux qui même s’il n’est pas traduit en français propose un passionnant entretien avec le chef d’orchestre. 

Son : 10 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

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