Charles Koechlin cinéphile et cosmique
Charles Koechlin (1867-1950) : The Seven Stars’ Symphony, Op.132 ; Vers la Voûte étoilée, Op.129. Sinfonieorchester Basel, Ariane Matiakh. 2021. Livret en anglais et allemand. 56’32’’. Capriccio. C 5449.
Les Autrichiens de Capriccio, avec la complicité d’un orchestre suisse et d’une cheffe d’orchestre française, mettent à l’honneur de grandes œuvres de Charles Koechlin, toujours scandaleusement négligées par les programmations.
L’album commence par The Seven Stars’ Symphony, l’une des plus formidables partitions de son temps. Fan de cinéma, Koechlin a dressé en sept parties des portraits musicaux des grandes vedettes qu'il affectionnait : Douglas Fairbanks, Lilian Harvey, Greta Garbo, Clara Bow, Marlene Dietrich, Emil Jannings et Charlie Chaplin en apothéose ! L’orchestration est aussi subtile et colorée et c’est à coup sûr une musique pour chef d’orchestre qui flatte les pupitres et séduit l’oreille. Ariane Matiakh livre une interprétation solidement architecturée avec une belle attention aux nuances et aux contrastes. La phalange baloise sonne bien et se plaît à jouer cette musique même si la palette des timbres est un peu mate. Cependant la discographie est certes petite en quantité mais superlative : Alexandre Myrat au pupitre de l’Orchestre Philharmonique de Monte Carlo (EMI) et James Judd avec le Deutsche Symphonie-Orchester (RCA) restent des références.
L’astronomie était également une passion du compositeur et il avait même hésité à embrasser une carrière dans ce domaine. Il conserva toute sa vie un attrait, n’hésitant pas à regarder le ciel depuis son télescope personnel. Dès lors, son Vers la Voûte étoilée est un superbe nocturne orchestral cosmique qui donne une leçon d’orchestration. La lecture d’Ariane Matiakh est toujours solide mais reste un peu rigide.
Dans tous les cas, on retient un album qui remet l’accent sur deux grandes oeuvres de la musique française. C’est déjà un bel argument pour mettre les projecteurs sur cette parution.
Son : 9 Notice : 8 Répertoire : 10 Interprétation : 8
Pierre-Jean Tribot