La Fantaisie en fa mineur pour piano à quatre mains de Schubert en Urtext
Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie en fa mineur pour piano à quatre mains, Op. 103 -D. 940. Bärenreiter, BA 11862. ISMN 979-0-006-57827-6
Franz Schubert (1797-1828) : Fantaisie en fa mineur pour piano à quatre mains, Op. 103 -D. 940. Bärenreiter, BA 11862. ISMN 979-0-006-57827-6
Bach Dialog-Kantaten. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Ich geh und suche mit Verlangen BWV 49. Liebster Jesu, mein Verlangen BWV 32. Christoph Graupner (1683-1760) : Concerto en ut majeur GWV 302. Miriam Feuersinger, soprano. Klaus Mertens, basse. Elisabeth Grümmer, hautbois. Renate Steinmann, Cosimo Stawiarski, violon. Johannes Frisch, alto. Thomas Platzgummer, violoncelle. Armin Bereuter, violone. Johannes Hämmerle, orgue. Janvier 2023. Livret en allemand, anglais ; paroles en allemand et traduction en anglais. TT 61’35. Christophorus CHR 77473
Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sinfonia [Am Abend aber desselbigen Sabbats BWV 244]. Ich will den Kreuzstab gerne tragen BWV 56. Ich habe genug BWV 82. Am Abend, da es kühle war ; Mache Dich, mein Herze, rein ; Gebt mir meinen Jesum wieder [Matthäus-Passion BWV 244]. Christoph Prégardien, baryton. Friederike Beykirch, soprano. Nanora Büttiker, contralto. Tobias Mäthger, ténor. Oliver Luhn, basse. Stephan Schultz, violoncelle, direction. Leila Schayegh, violon. Le Concert Lorrain. Avril 2021. Livret en anglais, français ; paroles en allemand et traduction bilingue. TT 56’06. Et’Cetera KTC 1704
Lorsqu’un mélomane visite Barcelone, ses pas le porteront tout naturellement vers ce joyau architectural qu’est le Palau de la Mùsica, où la programmation est incontestablement alléchante. Il y a, cependant, un autre lieu magique et peu connu où la musique peut être magnifiée par la beauté architecturale du lieu : c’est la salle Domènech i Muntaner de l’Hôpital de Sant Pau. Concepteur des deux bâtiments et alter ego du génial « moderniste » Gaudí, Domènech fut un bâtisseur inventif d’espaces et de décors inspirés par la nature ou par des légendes. Qui ont aussi inspiré le Wahnfried, la maison de Richard et Cósima Wagner à Bayreuth. Cette salle ne fut pas conçue pour le concert, mais son acoustique est plus qu’agréable et la Fondation Victoria de Los Ángeles y a trouvé un espace emblématique pour produire ce qui est l’un des buts principaux de cette association : le récital de « Lieder » et la pédagogie qui l’entoure. Ce n’est pas un secret que la grande artiste barcelonaise consacra une part prépondérante de son activité au récital et qu’elle considérait que l’opéra ne devait jamais concentrer exclusivement la démarche artistique d’un bon chanteur.
Elena Pankratova et Joseph Breinl nous ont offert un récital inspiré par l’activité wagnérienne de Victoria. En effet, elle reste la seule cantatrice espagnole à avoir chanté sur les planches du sanctuaire de Bayreuth. Sous le titre « Mild un leise » -les premières paroles de la scène de la mort d’Isolde- elle commencera par un choix de mélodies parmi les plus émouvantes de Gustav Mahler. Sa voix est robuste : elle est une de grandes wagnériennes actuelles et l’instrument impose par la richesse des résonnances et par la densité du son. Mais c’est un aspect quasi anecdotique de sa prestation : le maître-mot ce sera précisément l’émotion qu’elle parvient à transmettre à l’auditeur. Ce n’est pas banal qu’en finissant son « Ich bin der Welt abhanden gekommen » ses yeux commencent à fondre en larmes… Je sais peu de son éducation et son parcours, mais la précision, la fluidité de sa diction allemande et son à propos stylistique dans Mahler, en passant des phrases raffinées aux élans et tourbillons de « Blicke mir nicht in die Lieder » et trouvant des sommets de concentration affective dans « Um Mitternacht », rompent radicalement avec le vieux cliché des grandes voix d’outre-Oural au style plus ou moins douteux… Suivront les célèbres « Wesendonck Lieder », qui font probablement partie avec le « Sigfried Idyll » des pages les plus inspirées de Wagner. Si l’on ne peut pas considérer l’œuvre de Mathilde Wesendonck parmi les sommets de la poésie allemande, on doit lui reconnaître un langage allégorique, euphonique et chargé d’images très en phase avec la sensibilité fin de siècle de l’époque, et l’on comprend facilement qu’elle ait inspiré la créativité de son amant. Mais, sans vouloir choquer les wagnériens inconditionnels, ce climat poétique épuré contraste avec la platitude littéraire de cette litanie que semble réciter Isolde dans son air final, Liebestod, pendant que la musique véhicule un prodigieux tourbillon d'agitations liées à l’amalgame entre Eros et Thanatos. Le hiatus entre le Wagner poète et le Wagner compositeur est saillant.
Troisième de sa propre saison, le concert de l’Ensemble Hopper, ce soir au Mom, dont la scène est fendue de lignes vertes fluorescentes qui, tels les néons mauves de discothèque soulignant de leur fantasmagorie obscure dents blanchies et pellicules sur vestes noires, accentuent l’éclat des bretelles jaunes de Rudy Mathey (clarinettes) ou des lacets de Roxane Leuridan (violon), prend le nom de la pièce-phare du programme, Lichtbogen, réservée au final, alors que l’ouverture du bal (et plus puisqu’il apporte trois oeuvres) est aux mains de Zeno Baldi (1988-), jeune compositeur italien invité par l’ensemble.
Décalage, commande de l’ensemble créée en 2019, pour laquelle un décompte sur écran guide François Deppe qui guide Hopper, est tendue sur une électronique pulsatile, irréelle et ferroviaire, sur laquelle se greffent, comme par attouchements incertains, les 8 instrumentistes : le ton est métallique, résonne comme dans l' espace clos et démesuré d’un atelier de maintenance. Du même Baldi, pour une durée similaire, Bonsaï, tout aussi accrocheur mais replié sur une dimension restreinte, s’intéresse, son titre lève toute ambiguïté, au soin, patient et précis, que requiert un arbre petit pour un temps infini : tremblements comme sur ressorts, frottements des balais sur la timbale, les sons naissent, croissent, ploient et se replient, contraints par un volume avare. Après la pause (le bar est ouvert), l’émouvant Principio di Archimede, troisième pièce de Zeno Baldi, succède au Wasserklavier de 1965 de Luciano Berio (1925-2003) -dont le piano accole modernité et nostalgie, et cotoie, dans le cycle Six Encores, les éléments frères, air, feu et terre-, aborde aussi le concept de l’eau, de la mémoire submergée, mais avec cinq instruments et sous l’angle tragique du noyé en passe d’immigrer, dont l’absence de vie se brouille du flux infini de la haute mer.

Catherine Collard. The Complete Erato, EMI Classics & Virgin Classics Recordings. Robert Schumann (1810-1856) Fantaisie en Ut Majeur, Op.17 ; Davidsbündlertänze, Op.6 ; Sonate pour piano n°1 en n fa dièse mineur opus 11 ; KInderszenen, Op.15 ; Sonate pour piano n°2 en sol mineur, Op.22 ; Arabeske, Op.18 ; 3 romances, Op.28 ; Papillons, Op. 2 ; Sonate pour violon n°1 en la mineur, Op.105 ; Sonate pour violon n°2 en Ré mineur ; Guillaume Lekeu (1870-1894) : Sonate pour violon en sol majeur ; César Franck (1822-1890) : Sonate pour violon en la majeur, FWV 8 ; Serge Prokofiev (1891-1953) : Sonate pour violon n°1 en fa mineur, Op.80 ; Sonate pour violon n°2 en ré majeur, Op.94bis ; Vincent d’Indy (1851-1931) : Symphonie sur un chant montagnard “Cévenole” en sol majeur, Op.25 ; Erik Satie (1866-1925) : 3 Morceaux en forme de poire pour piano à 4 mains, La Belle Excentrique pour piano à 4 mains. Catherine Collard et Anne Queffélec, pianos ; Catherine Courtois, violon ; Orchestre philharmonique de Radio-France, direction : Marek Janowski.1973-1990. Livret en français, anglais et allemand. 7 CD Erato 5 0544197 962639
Edvard Grieg (1843-1907) : Concerto pour piano et orchestre en la mineur op. 16. Richard Wagner (1813-1883) : La Mort d’Isolde, transcription de Franz Liszt. Frédéric Chopin (1810-1849) : Nocturne op. 27. Claude Debussy (1862-1918) : Étude pour les huit doigts. Alexandre Scriabine (1871-1915) : Étude op. 42 n° 3. Serge Prokofiev (1891-1953) : Prélude op. 12 n° 7 ; Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sol mineur op. 16. Mikhail Rudy, piano ; Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg. Années 1990. Notice en français et en anglais. 76’01’’. Le Palais des Dégustateurs PDD038.
Mikhail Rudy : Le Disciple. Les Presses de la Cité, ISBN 978-2-258-20701-1, 2024, 238 pages, 20 euros.
Le jeune pianiste Louis-Victor Bak fait ses débuts au disque avec un premier album consacré à des oeuvres de Claude Debussy et Cécile Chaminade pour Indésens Calliope Records. Ce phonogramme est une grande réussite et Crescendo Magazine est heureux de s’entretenir avec ce pianiste installé à Londres.
Votre nouvel album propose des œuvres de Cécile Chaminade avec la Sonate pour piano et l’Impromptu des Six études de concert. Qu’est-ce qui vous a orienté vers cette compositrice au point de lui consacrer une partie de votre disque ?
Lorsque j’ai découvert Cécile Chaminade, sa musique m’a immédiatement parlé et je me suis alors intéressé à son histoire. C’était une véritable star de son époque, jouant ses propres œuvres en concert dans le monde entier, de la France en passant par l’Angleterre où elle était particulièrement appréciée, jusqu’aux Etats-Unis. Surnommée “mon petit Mozart” par Georges Bizet, et proche de la reine Victoria, elle est même invitée à rencontrer le président Roosevelt lors de sa tournée américaine. C’était sans aucun doute une figure importante du paysage musical au tournant du XXème siècle ; c’est pourquoi j’ai souhaité lui consacrer une partie de ce disque.
Quelles sont les qualités esthétiques et techniques de sa musique ?
Cécile Chaminade a composé dans un style romantique tardif et a perpétué la tradition romantique. C’était une excellente pianiste, ces œuvres en témoignent ; elle avait un sens de la mélodie saisissant, un langage harmonique riche et coloré, et c’était une grande virtuose. On retrouve cette virtuosité dans sa Sonate pour piano au service d’un caractère passionné, tumultueux et parfois tragique. Cécile Chaminade excelle également dans les pièces de caractères, plus légères, avec toujours beaucoup de raffinement et de délicatesse.
Pourquoi mettre en regard Chaminade et Debussy ?
On pourrait croire que Claude Debussy et Cécile Chaminade n’ont pas grand chose en commun hormis le fait d’être tous les deux français et d’avoir vécus à la même époque. Et effectivement, ils ont chacun un style très différent qui leur est propre. Néanmoins il y a une chose qu’ils ont en commun et qui les relie, c’est le fait d’avoir été tous les deux des ambassadeurs de la musique et de la culture française, et ce dans le monde entier.
De Debussy, vous avez sélectionné les 2 livres des Images. Pourquoi ce choix d'œuvres et pas d’autres partitions ?
Si dans sa jeunesse Claude Debussy compose dans un style encore assez romantique, il va très rapidement s’en éloigner, s’aventurer vers de nouvelles sonorités et développer un langage unique. Les deux livres d’Images, et les six pièces qui les composent, sont la représentation parfaite de son style novateur. Pour les composer, Claude Debussy s'inspire de la nature, des paysages, du monde qui l’entoure ; il y a beaucoup de poésie qui émane de ces œuvres.
Écouter les quatre Concertos de Rachmaninov à la suite (même avec une coupure de 24 heures), c’est retracer toute la vie du compositeur, tant chacun est l’écho des principales périodes de cette vie agitée.
Le Premier Concerto a été écrit à l’âge de dix-huit ans (et même s’il a été remanié par la suite, le compositeur a fait en sorte de lui conserver « toute la fraîcheur de la jeunesse », selon ses propres termes), en pleins émois amoureux. Alors peu expérimenté comme compositeur, il faisait preuve d’une grande audace en se lançant si tôt dans l’écriture d’un concerto. Il avait déjà la conviction qu’une grande carrière s’ouvrait à lui.
Malheureusement, la création de sa Première Symphonie fit un flop qui l’a plongé dans une profonde dépression, dont il se remettra grâce aux soins du neurologiste Nikolaï Dahl qui eut recours à l’hypnose. Le Deuxième Concerto est la preuve de la réussite de ce traitement, et retrace ce que le compositeur a alors vécu (il est d'ailleurs dédié à son thérapeute).
Voilà donc la confiance retrouvée. S’en sont suivies seize années d’intense activité, en Russie, comme pianiste, chef d'orchestre et compositeur. Le Troisième Concerto, qui a vu le jour au milieu de cette période, en est le reflet : d’une longueur et d’une difficulté exceptionnelles, composé pour une tournée aux États-Unis, il montrait de quoi le musicien était capable.
En 1917, à la suite de la Révolution bolchévique, il s’exile aux États-Unis. Il y restera jusqu'à sa mort, vingt-six ans plus tard, et même s’il est resté actif jusqu'à la fin, il a été pris dans une telle frénésie de tournées de concerts qu’il n’a que très peu composé : six œuvres seulement, dont son Quatrième Concerto. Et encore, a-t-il dû prendre une année sabbatique pour le mener à bien. Bien qu’il ne soit pas le plus populaire, il est certainement le plus personnel, celui dans lequel le compositeur, qu’il n’est malheureusement plus beaucoup, peut donner toute la mesure de son talent fantasque et inépuisable.
Mikhaïl Pletnev fréquente ce corpus depuis longtemps, autant en studio qu’au concert. En deux soirées consécutives, par cœur, il nous a emmené dans un magnifique et passionnant voyage. Les quatre concertos, d’une durée qui tourne autour de la demi-heure habituelle (à l’exception du Troisième, qui s’approche des trois quarts d’heure), obéissent tous aux trois mouvements traditionnels : lent-vif-lent.
Dans le Vivace du Premier, tandis que l’orchestre, malgré un effectif conséquent (14 premiers violons) sonne avec beaucoup de légèreté, très expressif mais jamais larmoyant, le pianiste se montre badin à souhait. Assurément, il est chez lui ! Il y a de la rêverie dans l’Andante, comme un nocturne quelque peu mélancolique. Et dans le finale, Mikhaïl Pletnev fait preuve d’une virtuosité époustouflante, mais jamais ostentatoire. On y perçoit les émois émerveillés du jeune Rachmaninov, et le soliste joue comme s’il s’en souvenait, attendri et quelque peu amusé. La fin est aussi réjouissante qu’une danse de papillons dans le soleil printanier.
« L’eau du lac est complètement noire. Noire comme ma conscience. Et, lorsque le vent souffle dans le bois, le lac fait des vagues. Des vagues qui font peur », chante Katerina Ismaliova au quatrième acte de ce grand ouvrage de Dmitri Chostakovitch, une des pièces-clé de l’opéra du XXe siècle. Crée en 1934, l’ouvrage connut un succès débordant jusqu’à ce que le dictateur Iósif Stalin fasse parvenir au journal Pravda (Vérité… en russe ) en 1936 une lettre non signée critiquant les dérives « formalistes » du compositeur, avec une menace de mort à peine voilée. Autant dire que l’auteur s’abstint dès lors de produire en public d’autres ouvrages pour la scène. En public car, en privé et sous cape, circulait une satire intitulée « Raïok anti-formaliste » (1948) pour quatre basses et chœur, avec orateur et accompagnement au piano sur des paroles du compositeur. Les personnages seraient le portrait de Staline et de ses censeurs proéminents. : Jdanov, Chepilov ou Apostolov, affublés de sobriquets « ad hoc ». Dont l’un compare cette musique formaliste « à une fraise de dentiste ou à des hurlements d'abattoir ». Il faut reconnaître que, en Occident, il persiste une certaine méfiance envers la musique de Chostakovitch argumentée par des critères qui ne sont pas si éloignés de ceux des juges soviétiques. Pendant que le sanguinaire dictateur envoyait à la mort ou au goulag des milliers de compatriotes et lançait ses pogroms antisémites, il continuait d’écouter compulsivement les enregistrements de l’inoubliable pianiste juive Maria Júdina… Mensonge et pouvoir toujours ensemble !
Cette petite lettre aura conditionné l’avenir de l’opéra russe et mondial pour les 50 ans suivants. Nos actuels apprentis dictateurs, en revanche, ne sont même plus aptes à accorder une oreille attentive à cet art si complexe qu’est l’opéra. A ce propos, Jean-Marc Onkelinx écrit : « Ce que le régime soviétique avait parfaitement compris, c’est que l’art est un langage très efficace pour la propagande, mais très dangereux s’il est hors de contrôle. Car, en fin de compte, toutes les douleurs et les angoisses de Chostakovitch ne sont que le reflet des souffrances de son peuple, une vérité de propos qui ne peut que déranger profondément les autorités soucieuses de maintenir le dit peuple dans l’ignorance et la terreur. »
Pour sa part, Chostakovitch n’abandonnera pas la musique vocale et laissera un corpus de « lieder » plus que considérable. Sur des grands poètes russes comme Alexandre Pouchkine, Marina Tsvetayeva ou Aleksandr Blok, mais il porte aussi son intérêt sur des thèmes comme celui de la révolution grecque, (à l’instar de Ravel) sur des poètes juifs, (comme Ravel aussi !) sur la poésie japonaise et aussi une curieuse restitution en russe de mélodies espagnoles apportées par les « enfants de la guerre civile », une surprenante acculturation qui aura plus tard des retombées intéressantes dans le monde musical. Sans oublier sa Quatorzième Symphonie, une sorte de grande « suite de Lieder » sur des textes de García Lorca (Poema del Cante Jondo), Apollinaire, Rilke et Küchelbecker.
Ce samedi 28 septembre a lieu le concert du Concert des Nations au Namur Concert Hall. L’orchestre est placé sous la direction de son fondateur et directeur musical, Jordi Savall. Le Concert des Nations est un orchestre créé en 1989 dont le but est d’offrir des représentations historiques sur instruments d’époque. Trois œuvres sont au programme de cette soirée : la Symphonie n° 8 en si mineur dite « Inachevée » de Franz Schubert, la Symphonie en sol mineur dite « Zwickau » de Robert Schumann et la Symphonie n°0 en ré mineur dite « Die Nullte » d’Anton Bruckner. Ces trois œuvres, interprétées avec la formation instrumentale et les instruments en usage à l’époque de leur création, viennent d’être enregistrées au Grand Manège en vue de la publication d’un nouveau disque.
Le concert débute avec la célèbre Symphonie n° 8 en si mineur dite « Inachevée » de Franz Schubert. Cette pièce composée en 1822 n’a été découverte que quelques années après la mort du compositeur autrichien. La création de cette œuvre a eu lieu en 1865 à Vienne, soit près de 43 ans après sa composition. Néanmoins, cette création tardive n’empêche pas la symphonie de devenir une pièce phare du répertoire schubertien.
Dans le premier mouvement, l’Allegro moderato, le choix du tempo est idéal. Cela coule de source et permet à l’orchestre de nous faire une proposition hautement musicale. Il y a une réelle pensée horizontale qui se dégage aussi bien au niveau de la mélodie que de l’accompagnement. De plus, la précision dans les attaques est juste et percutante lorsque cela s’avère nécessaire. Le second mouvement, l’Andante con moto, est assez allant. De beaux moments délicats, avec notamment des solos réalisés avec brio à la clarinette, contrastent avec des passages bien plus dramatiques. Le petit bémol est la projection des bassons et des hautbois qui n’est malheureusement pas optimale, et ce, de manière globale lors de ce concert. Cela peut s'expliquer par l’utilisation des instruments d’époque. La version proposée ce soir reste cependant plus qu’excellente.