Débuts de Tarmo Peltokoski à Monte-Carlo
Après les concerts Richard Strauss et le Chant de la Terre de Mahler au Printemps des Arts, l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo entraîne le public monégasque à explorer d'autres chefs-d'œuvre du répertoire germanique post-romantique : les Sieben frühe Lieder de Berg et la Symphonie n°4 de Mahler sous la baguette du prodige Tarmo Peltokoski et avec la sublime soprano Chen Reiss, l’une des voix les plus parfaites qu'on puisse souhaiter pour interpréter ce répertoire. Directeur musical désigné de l’Orchestre national du capitole de Toulouse, Tarmo Peltokoski, du haut de ses 24 ans, fait ses débuts sur le rocher.
Les Sieben frühe Lieder d'Alban Berg sont un trésor d'un jeune compositeur âgé de 23 ans. L'interprétation de Chen Reiss est magique, intense, sensuelle. Tout y est, couleurs évocatrices, atmosphères nocturnes, la voix se fond avec l'orchestre. De son côté, Tarmo Peltokoski impose un charisme naturel et une énergie époustouflante. Il dirige l'orchestre avec précision, un fascinant travail d’orfèvre entre couleurs et dynamiques.
Parmi les ouvrages symphoniques de Gustav Mahler, la Symphonie n°4 est l’une des plus naturellement flatteuse à l’oreille. Au long des quatre mouvements de ce monument orchestral, Tarmo Peltokoski conduit l'orchestre au zénith. L'atmosphère festive du premier mouvement, bouffonne du second, méditative du troisième, paradisiaque du quatrième, tout est géré à la perfection. Le chef a une merveilleuse synergie avec l'orchestre. Il façonne les phrases avec précision et raffinement dès le moindre geste. Le velouté des cordes, le fruité des vents, l'impact des cuivres. Dans l'ultime mouvement, "Das himmlische Leben" (La vie céleste), la prestation de la soprano Chen Reiss est vécue comme un moment de grâce, son timbre aérien incarnant efficacement la simplicité et l'innocence prescrites par le compositeur.
Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, 14 avril 2024
Carlo Schreiber
Crédits photographiques : Peter Rigaud