Des Wolf et des Schubert crépusculaires par une des légendes du chant allemand

Hugo WOLF (1860-1903)
12 Lieder
Franz SCHUBERT (1797-1828)
8 Lieder
Hans HOTTER (baryton), Geoffrey PARSONS (piano) 1973-ADD-57'29-Pas de texte de présentation-Decca 4808159
Le nouvelle collection de récitals de chanteurs phares des catalogues Philips et Decca des années 50-70 s'enrichit de nombreuses gravures indisponibles depuis des lustres mais abuse quelquefois du label « CD Premiere » qu'elle appose un peu trop légèrement sur ces nouveaux albums au visuel très « vintage » (reproduction des pochettes d'origine, intégralité du programme des disques originaux). C'est le cas avec ce récital tardif de Hans Hotter, déjà réédité intégralement dans un coffret Original Masters de DG en 2002. Autant prévenir tout de suite: un volume 2 est déjà paru, avec la même mention, tout aussi erronée; ce disque figurait déjà, lui aussi, dans le même coffret. Si vous ne possédez pas ce dernier, disparu tout de même depuis quelques années, est-il nécessaire de vous procurer ces deux cd? Difficile de répondre à cette question. D'une part, l'art du grand baryton est intact: noblesse presque intimidante des phrasés, diction idéale, compréhension inimitable du monde du lied... Mais, d'autre part, il est un peu tard: nous sommes en 1973, ses problèmes d'émission, déjà sensibles dans ses incarnations wagnériennes à Bayreuth dès les années 50, sont désormais difficiles à dissimuler, la voix a beaucoup perdu en souplesse et en fraîcheur. On y gagne pourtant l'atmosphère crépusculaire ainsi créée par ce timbre abîmé et vieilli. Ce n'est de toute façon pas par ici qu'il faudra découvrir cet art si noble. Mais, une fois entendues les gravures légendaires réalisées pour la Voix de son Maître, ses Hollandais et ses Wotan bayreuthiens, il faudra tout de même tendre une oreille à ce double récital, ne serait-ce que pour fermer avec respect le bien beau livre d'une carrière rare. Le programme est partagé entre deux des compositeurs d'élection de l'artiste: Wolf et Schubert, qu'il sert, bien qu'avec des moyens réduits, avec une dévotion et un engagement qui forcent l'admiration.
Bernard Postiau
Son 9 - Livret 2 - Répertoire 10 - Interprétation 9