Du fond de l’oubli
Andrés ISASI (1890-1940)
Quatuors n° 3 et n° 4
Isasi Quartet
DDD-2013-63’ 49’’-Texte de présentation en anglais-Naxos 8.572464
Le quatuor à cordes espagnol est une terra incognita. Un des rares noms que connaissent les mélomanes en ce domaine est celui de Juan Crirsostomo Arriaga qui, avant de disparaître à l’âge de vingt ans à peine en 1826, aura eu le temps d’en écrire – des quatuors beethoveniens, mais qui, comme l’a écrit Bernard Fournier, « témoignent d’une remarquable assimilation du style classique viennois et d’un grand souffle mélodique ». Chose curieuse, les compositeurs espagnols les plus connus de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières décennies XXe siècle ne se sont guère intéressés au genre, et on se dit que Manuel de Falla aurait pu au moins écrire un quatuor à cordes, un seul, à l’instar de Claude Debussy et de Maurice Ravel. Il y a peu, la firme Naxos a fait découvrir Andrés Isasi, lequel a étudié à Berlin chez Karl Kämpf et Engelbert Humperdinck, et on a pu entendre la Symphonie n° 2, la Suite n° 2 ainsi que deux premiers quatuors à cordes. À présent, ce sont le Quatuor n° 3, le Quatuor n° 4 et trois autres petites pièces pour cordes. L’œuvre la plus marquante ici est, sans conteste, le Quatuor n° 3. Elle a la particularité d’être inachevée, Andrés Isasi n’ayant mené à bien, en 1921, que trois des quatre mouvements, et d’être très chantante, presque à la manière d’une ritournelle, nonobstant un adagio « molto espressivo » tout en intériorité. La preuve faite à nouveau que du fond de l’oubli émergent sans cesse d’excellents compositeurs, dont on se demande chaque fois pour quelles raisons précises, bonnes ou mauvaises, ils y sont restés si longtemps. Andrés Isasi n’est pas un génie méconnu, non, mais son œuvre offre de fort belles séquences musicales.
Jean-Baptiste Baronian
Son 8 - Livret 5 - Répertoire 7 - Interprétation 8