D'un rêve à l'autre à Monte-Carlo avec l'OPMC

par

L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo présente un programme avec des œuvres de compositeurs français de la fin du XIXe et du début du XXe siècles : Gounod, Fauré et Debussy.  Un programme qui sort des sentiers battus mais qui permet à Kazuki Yamada, directeur musical et artistique de l’OPMC, de montrer sa connaissance et sa maîtrise de ces esthétiques dont il parvient à illustrer parfaitement toutes les couleurs et les sons de ce répertoire. 

Le concert commence par la  rare Symphonie n°2 de Charles Gounod dont la dernière exécution à Monte-Carlo date de 1930... Cette symphonie est bien composée, agréable à écouter, avec un bel équilibre entre les thèmes musicaux et un entrelacement précis d'harmonies, mais elle n'est pas vraiment d'un grand d'intérêt.

La pianiste japonaise Momo Kodama rejoint le plateau pour la première exécution à Monte-Carlo de la Fantaisie pour piano et orchestre de Gabriel Fauré. C'est un concerto pour piano avec un orchestre réduit à la "formation Mozart", bois par deux, quatre cors, une trompette, une harpe, un ensemble de cordes et timbales. Composée en 1918, elle reflète à la fois les angoisses et les espoirs du compositeur, mais aussi un sentiment d'allégresse et de bonheur. L'interprétation de Momo Kodama et de Kazuki Yamada est cristalline, empreinte de poésie, parfaitement rythmée et exécutée. L'OPMC, Kazuki Yamada et Momo Kodama sont en parfaite synchronisation, capturant et illuminant les lignes mélodiques et les harmonies ardentes de ce dernier chef-d'œuvre de Fauré. Cette œuvre, plutôt méconnue, mérite d'être entendue plus souvent.

Après la pause, on se délecte avec la Fantaisie pour piano et orchestre de Claude Debussy. Œuvre de jeunesse, on est envoûté par ce concerto impressionniste, parfaitement composé, avec le son clair et élégant du "pianorchestre" techniquement impeccable et les tons parfaitement correspondants des autres instruments. Momo Kodama a chanté musicalement chaque phrase de cette pièce complexe, touchant vraiment ce que l'auteur voulait dire. Au fil de ces deux partitions, l’artiste montre ses qualités : rigueur et réflexion composent des interprétations sensibles et magiques. Elle a le respect du piano et joue avec élégance, poésie, cœur et passion.

Les Images pour orchestre de Claude Debussy est un chef-d'œuvre avec des tons colorés et parfaitement équilibrés de tous les instruments. Kazuki Yamada en retient les n°3 Rondes de Printemps et n°2 Iberia. Jouées dans cet ordre pour préserver le spectaculaire avec les rythmes endiablés et colorés du matin d’un jour de fête, dernier mouvement d’Iberia.  Kazuki Yamada fait tout briller : notes, sons, images. Le résultat est ample, puissant et très agréable. Une performance éclatante. Yamada déborde d'enthousiasme et le transmet à l'orchestre au grand complet. Sa gestique est parfois exagérée, mais efficace.

Après une pluie d'applaudissements gratifiant les différentes sections de l'orchestre, Yamada rend hommage à Pascal Agogué qui prend sa retraite après 43 ans. On peut s'étonner que Yamada, qui comprend si bien la musique française, ne soit pas encore parvenu, après un contrat de 8 ans en tant que directeur artistique et musical de l'OPMC, à maîtriser le français.

Monte-Carlo, Auditorium Rainier III, le15 avril 2023

Carlo Schreiber

Crédits photographiques : JL Neveu

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.