Hans Rosbaud dirige Bruckner

par
Bruckner Rosbaud

Anton BRUCKNER
(1824 - 1896)
Symphonies n°2 à 9
Südwestfunk-Orchester Baden-Baden
ADD-Enregistré entre 1955 et 1962-Notice de présentation en allemand et anglais-8 CD SWR Musik. SWR 19043CD

Le label SWR Musik honore les chefs qui ont marqué l’histoire de l’orchestre de la Südwestfunk de Baden-Baden. Parallèlement à la plantureuse édition dédiée à Michael Gielen, les Allemands honorent le fondateur de l’orchestre : le chef d’orchestre Hans Rosbaud.
Né à la fin du XIXe siècle en Autriche, Hans Rosbaud resta attaché à la défense de la musique du XXe siècle : il donna les créations de dizaines d’œuvres dont Moses und Aron de Schoenberg ou des œuvres de Karl Amadeus Hartmann dont il était un proche ami. Hans Rosbaud était aussi un « incubateur de talent » qui confia au jeune Pierre Boulez la direction de ses premiers concerts à la tête d’un « vrai » orchestre et non plus au pupitre de la petite formation des Concerts du Domaine musical. La curiosité du chef était assez phénoménale et sans aucun sectarisme : bien qu’ardent défenseur de l’avant-garde radicale, il fréquentait d’autres esthétiques plus éloignées comme Jean Sibelius dont il grava des témoignages fabuleux à la tête de la philharmonie de Berlin pour DG.
Le label SWR Musik édite, à partir des bandes originales de la radio SWR, une quasi-intégrale des symphonies de Bruckner à laquelle il manque seulement la symphonie n°1. Comme beaucoup de chefs de son époque, Hans Rosbaud impose un Bruckner rapide (voir très rapide selon les critères actuels) dans un traitement très vertical de la masse orchestrale. Ce Bruckner sonne très terrien et ne cherche pas la spiritualité ou la transcendance. Bien évidemment, toutes les symphonies de ne valent pas et la direction purement « instrumentale » du chef peut désarçonner les mélomanes à la recherche d’un véritable vécu. On peut placer au sommet de ce coffret une Symphonie n°5 véritablement explosive, un mouvement lent en apesanteur dans la Symphonie n°6 ou une Symphonie n°9 à la tension intense et aux effets angoissants. S’il n’y a pas de véritable temps morts dans ces lectures, le côté plutôt terrien de la battue place les Symphonies n°2, n°7 et n°8 en manque de relief.
Les prises de son, issues des captations en direct de la radio allemande sont assez éteintes et manquent de couleurs. Le spectre sature malheureusement trop souvent dans les tuttis et écrase les sonorités, surtout celles des cuivres. Dès lors, les lacunes audios pénalisent notre perception de la prestation d’un orchestre indéniablement concentré et appliqué.
Ce coffret vaut pour la documentation de l’interprétation des symphonies de Bruckner et nous rappelle à quel point Hans Rosbaud, désormais bien oublié, était un chef de haut vol. Cette édition « officielle » tue également dans l’œuf les multiples éditions pirates de ces bandes qui proliféraient sur les labels peu sérieux. Cependant, si l’on compare à ce que réalisait presque à la même époque le grand Eugen Jochum avec l’Orchestre de la Radio-Bavaroise pour son intégrale DG, la comparaison penche sérieusement du côté des Bavarois. C’est donc un beau témoignage, avec des limites techniques indéniables, mais qui saura ravir les collectionneurs.
Pierre-Jean Tribot

Son 4 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 7

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