"Grand Partita" de W. A. Mozart, 240 ans

par

La Sérénade no 10 en si bémol majeur, KV 361, dite Gran Partita, est une œuvre pour treize instruments à vent et contrebasse en sept mouvements. Consacrée à l'origine au plein-air, cette « musique du soir » dépasse l'esprit simple du divertimento pour rejoindre celui de la symphonie.

Par son inspiration et l'équilibre de son écriture musicale, la diversité de ses formes et de ses genres, ses dimensions et son effectif imposants, chaque partie étant destinée à un instrumentiste soliste, cette sérénade est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre du répertoire de musique de chambre des vents.

Sa genèse reste controversée : le manuscrit autographe porte la date de 1780, mais l'inscription n'est pas de la main du musicien. Elle rature de plus une date plus ancienne (1777). Son titre Gran Partita ne vient pas non plus du compositeur. Il a été rajouté ultérieurement d'une écriture et d'une encre différente de celle de la partition. Il semble qu'en fait, sa composition soit contemporaine de celle de son opéra L'Enlèvement au sérail qui date de 1781. C'est en tout cas le parti pris dans le Catalogue Köchel.

L'étude du papier de la partition autographe réalisée par Alan Tyson a montré que celui-ci est d'un type que Mozart a eu à sa disposition entre le début de l'été 1781 et 1784 et que quatre autres compositions de 1781 utilisent ce même papier. Le musicologue Daniel Leeson a pour sa part souligné les similarités stylistiques du largo introductif avec deux autres œuvres de 1784, le Quintette pour piano et vents K. 452 et la Sonate pour violon K. 454. Les travaux du musicologue David Whitwell et de l'instrumentiste Eric Hoeprich fixent une date postérieure aux Sérénades KV 375 et 388 composées respectivement en 1781 et 1783-1784. Tous retiennent comme terminus ante quem la possible première audition le 21 mars 1784 sous la direction de Anton Stadler au Burgtheater (au moins pour quatre des sept mouvements).

Il a été avancé que la sérénade pourrait résulter de la combinaison de deux œuvres antérieures, les deux derniers mouvements semblant présenter deux types alternatifs de finale.

Sa destination reste également incertaine : cadeau pour son épouse avec qui il se marie en août 1782 ? Concerts en plein air ? Conçue pour plaire au Grand Électeur de Bavière à la Cour de Munich ? À destination de la franc-maçonnerie, friande d'instruments à vent ?

La première édition date de 1861 chez Breitkopf.

Les commentaires sont clos.