Honneur à Luis de Pablo

par

Le compositeur espagnol Luis de Pablo (Bilbao, 1930) vient de remporter le Lion d'Or de la Biennale de Venise pour la musique contemporaine.

Né en 1930 à Bilbao, Luis de Pablo commence très jeune ses études musicales. Diplômé en droit (1952) de l'Université Complutense de Madrid, il est passionné pour la musique contemporaine et surtout le modernisme. Avocat (entre autres pour la compagnie espagnole Iberia), il étudie les principales partitions du XXe siècle et travaille la composition en autodidacte.
Il renonce au droit dans les années '50 et fonde en 1958, avec Ramón Barcé, le groupe NuevaMúsica auquel collabore aussi Cristóbal Halffter.
Au début des années '60, en route pour Darmstadt et la fréquentation de Bruno Maderna, Pierre Boulez, György Ligeti et Karlheinz Stockhausen. Il s’installe ensuite à Paris et poursuit sa formation avec Max Deutsch.

On retrouve dans ses oeuvres des effluves de musique iranienne, de nô japonais, de flûte mélanésienne, des hommages à Tomás Luis de Victoria, Claude Debussy, Beethoven, Schoenberg ou Mompou.
En Espagne, il devient rapidement un porte-drapeau de la musique moderne. Conférencier, analyste, traducteur de la biographie de Schoenberg par Stuckenschmidt et des principaux écrits de Webern, il fonde les concerts Tiempoy Música en 1959, puis mène les Jeunesses musicales de 1960 à 1963 avant de fonder Alea, le premier studio électroacoustique espagnol. En 1972, il organise les Rencontres de Pampelune, festival de musique, théâtre, cinéma et d'arts plastiques, apothéose de son activité de défenseur de l'art nouveau en Espagne.

Accusé par les franquistes de trop s’inscrire dans un «art de gauche» et par l'ETA d'être un suppôt du régime, il s'exile aux Etats-Unis où il enseigne à l'université de Buffalo, puis au Canada où il est professeur aux universités d'Ottawa et Montréal.
Il ne retrouve son pays qu’en 1975, après le décès de Franco.

On le retrouve un peu partout, surtout en France : directeur du festival de Lille en 1982, directeur de la diffusion de la musique contemporaine au ministère de la Culture espagnol (1983), membre du comité pour le projet de l'Opéra Bastille (1984), compositeur en résidence du Conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg et du Festival Musica en 1999,...

Son oeuvre compte plus de 130 opus et touche à tous les genres, de la musique cinématographique (il a collaboré avec Carlos Saura et Víctor Erice) à l'opéra.
Il est aussi multi-distingué : Docteur honoris causa de l'Université complutense de Madrid, Membre de la Académie royale des beaux-arts de San Fernando, Prix Jacinto Guerrero, Médaille d'Or du Círculo de Bellas Artes (2005), Médaille d'or du mérite des beaux-arts du Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports espagnol (1986), Prix national des beaux-arts, Officier des Arts et des Lettres (Ministère de la Culture français), Prix Honegger, etc.

Le Lion d'Argent est allé au Français naturalisé Argentin Raphaël Cendo (45 ans), engagé depuis une dizaine d'années dans l'élaboration du concept de "saturation" ou de "musique saturée" qui séduit de nombreux jeunes compositeurs et qu'il définit comme un excès de matière, d'énergie, de mouvement, de timbre.

Les commentaires sont clos.